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Crédit photo : Olivier Hardy
Avant d’en révéler plus sur ce spectacle, j’aimerais attirer votre attention sur ce sage proverbe anglais: «Après une tempête, vient un calme». Car il ne faut pas oublier que, jeudi passé, c’était la tempête à Montréal, avec l’orage qui a déferlé sur le Québec! Mais heureusement, le calme est arrivé à temps pour que le public, moi y compris!, puissions nous rendre comme convenu à l’Espace La Risée, un théâtre de quartier intimiste, pour la représentation de Oupelaye!
Dès mon arrivée dans la salle, je dois dire que j’ai aussitôt ressenti l’ambiance décontractée et conviviale qui y régnait. Et vraiment, ça m’a tout de suite plu! J’ai pris place sur mon siège et j’ai d’abord observé la scène avec attention. J’ai toute de suite identifié deux appartements voisins, l’un vide et l’autre soigneusement décoré. Devant les deux appartements, mes yeux ont remarqué une corde à linge sur laquelle était suspendu un grand drap blanc.
Sans que j’aie le temps de réfléchir davantage, c’est à cet instant que le spectacle a débuté.
Un voyage dans l’imaginaire
Ainsi, sur le fameux drap blanc qui, finalement, servait d’écran de projection, on a pu visionner un court-métrage circassien inspiré des années 70, une façon bien originale de nous introduire doucement dans l’histoire.
Une fois la projection terminée, ce fut l’occasion pour Oktav (interprété par Félix Tremblay-Therrien) de faire connaissance avec le public, et ce, à travers un superbe jeu clownesque. Vêtu d’un manteau vert et d’un sac à dos, ce dernier nous a rapidement transmis sa joie de vivre malgré le fait qu’il n’avait visiblement pas de toit pour dormir… Ensuite, ce fut le tour de Polka (interprétée par Karelle Girard-Huneault) de nous faire profiter d’une performance tout autant vigoureuse que flamboyante.
Le duo de clown a commencé par faire des apparitions à tour de rôle avant de nous faire vivre ce moment où, enfin, ils se rencontreront.
Après, il fallait suivre l’histoire comme on le pouvait, car les dialogues de Polka et Oktav étaient souvent constitués de néologismes (c’est-à-dire de mots nouveaux dans une langue) qui ont provoqué de nombreux éclats de rire dans la salle. En effet, par moments, j’ai entendu des mots ou des sons dans des tonalités et des langues diverses telles que l’espagnol, l’italien et même le polonais (si ma déduction est la bonne!)
Vraiment, j’ai bien aimé ce dialogue efficace entre les deux clowns, créé de toutes pièces par Marie-Ève Charbonneau et Maya Gobeil. Car cet aspect du spectacle m’a réellement permis de m’évader dans un univers imaginaire où l’on peut transformer les sons en mots et les mots en phrases uniques, ce qu’on n’a pas l’habitude d’entendre dans notre quotidien!
Ainsi, le tandem de comédiens a su s’approprier ce langage singulier et nous raconter ses histoires avec fluidité et audace, en particulier le personnage de Polka, qui avait cet incroyable don de changer de tonalité de voix comme bon lui semblait, passant d’une voix soprano lyrique à une voix soprano dramatique, ce qui a à nouveau bien fait rire les spectateurs.
Ces détails qui font la différence
Je l’avoue, j’ai été agréablement surprise par le travail soigné de la mise en scène, par l’originalité des costumes de Leïlah Dufour Forget et par la scénographie d’Érika Lefebvre, parmi laquelle on retrouvait toute une panoplie de détails et d’objets qu’on retrouve habituellement dans un appartement de style antique.
Le jeu d’éclairages de Catherine Le Gall-Marchand a quant à lui bien mis en valeur les actions des artistes tout au long de leur prestation, en plus de faire régner sur l’ensemble une ambiance chaleureuse à souhait. Peut-être un peu trop, d’ailleurs car on pouvait ressentir jusqu’à notre siège le fait que les artistes avaient chaud!
Par ailleurs, les arrangements musicaux de Frédérique Tremblay et Maya Gobeil ont permis d’apporter une belle touche d’accompagnement à cette œuvre, je dois le mentionner.
Sinon, l’un de mes moments favoris, qui a été fort apprécié par le public également, c’est lorsque Oktav a interprété une danse; à ce moment, il bougeait avec élégance, avec son parapluie à la main, sur la musique revisitée de La valse des fleurs du compositeur russe Tchaïkovski. À cet instant, j’avais presque l’impression de revoir le film musical Chantons sous la pluie… mais en version clownesque!
Oupalaye! est un spectacle qui nous touche droit au cœur, et s’il est autant réussi, c’est grâce à la façon dont l’histoire nous est racontée.
J’en profite pour souligner la qualité de jeu clownesque et artistique de ses interprètes, leur engagement soutenu ainsi que leur aisance à nous faire plonger peu à peu dans leurs histoires, toujours avec une touche d’originalité, d’humanité et d’éloquence bien dosée!
Le spectacle «Oupelaye!» en images
Par Olivier Hardy
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de la rédaction