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Osheaga 2019, jour 3 avec: Childish Gambino, The Franklin Electric, Tame Impala et des foules monstres!

Une journée de clôture en effets et en publics démesurés

Publié le 5 août 2019 par Édouard Guay

Crédit photo : Mathieu Pothier

The Franklin Electric: entre contemplation et groove

Une situation inhabituelle s’est produite, alors que Nilüfer Yanya, la chanteuse qui jouait sur la scène adjacente, complétait son spectacle: pendant que la musicienne terminait la deuxième partie de son court spectacle (40 minutes), The Franklin Electric a fait son soundcheck. Assez bruyant et interférant avec sa prestation, cela a privé l’artiste et le public d’un concert à la hauteur des attentes, ce qui est bien dommage et irrespectueux.

Ceci étant dit, les gars de The Franklin Electric ont offert un très bon concert, bien senti. Ils ont même offert une nouvelle chanson, «Ghost», tirée de leur maxi In Your Head, paru vendredi, qui semble être un très bon présage de la force de ce maxi. Alternant entre moments plus réflectifs et d’autres beaucoup plus enjoués, le groupe a livré un spectacle que le public a apprécié. La foule, bien qu’en début d’après-midi, a démontré beaucoup d’entrain, dansant et encourageant la formation montréalaise.

Monolink: un Martin Gore des temps modernes?

Cet auteur-compositeur-interprète offre un savoureux mélange d’électro et de pop à saveur folk. Il allie guitare, voix et échantillonnages, prodiguant ainsi une qualité très organique à sa musique. L’artiste de Berlin opte pour un son ambiant, avec une bonne dose de rythmes qui sont suffisamment dynamiques pour donner envie de danser, tout en ressentant une certaine quiétude. En fait, c’est de la musique dansante qui peut s’écouter tout aussi bien à la maison, dans une atmosphère décontractée.

On pourrait peut-être même le qualifier d’enfant spirituel de Martin Gore (de Depeche Mode), mais avec une personnalité plus lumineuse et moins torturée (ce qui n’enlève rien à Gore, au contraire). Dans tous les cas, ce fut un coup de foudre instantané pour le public, et le parterre au complet a dansé sans arrêt, visiblement satisfait. Monolink a offert plusieurs titres de son seul album, Amniotic, paru en 2018, dont «Swallow», «Sirens» et «Burning Sun». Cet arrêt à Osheaga était son premier passage à Montréal. Espérons que ce n’est pas le dernier, car c’est véritablement un musicien à découvrir.

Metric: énergie et attitude rock

Le quatuor canadien a offert un concert hautement énergique. La chanteuse et claviériste Emily Haines, le guitariste James Shaw et le bassiste Joshua Winstead ont sautillé et ont été animés sans jamais montrer quelconque signe de fatigue. Haines, en particulier, semblait inépuisable. Ils ont commencé en force avec le succès «Breathing Underwater», et la chanteuse a même fait un petit aparté pour nous expliquer comment chanter le refrain, ce qui est plutôt rigolo.

Le son et la voix de la chanteuse étaient très bons. Elle a chanté avec beaucoup de conviction et les musiciens, pour leur part, ont joué avec puissance et rapidité, offrant aux festivaliers un véritable concert rock. C’était spécialement le cas durant «Dressed to Suppress» et «Help, I’m Alive», qui ont ravi la foule. Les festivaliers étaient de bonne humeur et ont encouragé la formation torontoise. Ils ont particulièrement affectionné «Gimme Sympathy» et «Gold Guns Girls». Le public a cependant fait preuve d’une certaine tiédeur lorsqu’Emily Haines discutait avec la foule; ses messages visant l’acceptation de soi en tant que «weirdos» sont tombés à plat. Ceci étant dit, la prestation du groupe a véritablement plu, même si un petit quelque chose manquait pour que ce concert soit mémorable.

Kaytranada: vibrations décontractées

Le DJ montréalais a offert un excellent concert. Mixant et dansant à l’occasion, il a su choisir des morceaux qui s’imbrique parfaitement les uns aux autres. La foule était incroyablement dense devant la scène Verte. Celle-ci, d’humeur festive, a beaucoup dansé, ce qui était difficile à faire, compte tenu du nombre d’admirateurs présents.

Bien que le mélange de R&B, de soul et d’électronique soit particulièrement réussi, créant une ambiance décontractée et dansante, peut-être que le moment de la journée (19h30) ou le choix de la scène n’était pas le meilleur: la moitié des festivaliers ont quitté pendant le spectacle… Ce qui est vraiment décevant. Difficile d’expliquer une telle réaction, car Kaytranada a rempli son rôle de DJ à merveille. Il a joué une multitude de titres, dont les fameuses «Lite Spots» (Kaytranada s’est même permis quelques pas de danse, ce qu’il fait fort bien, par ailleurs), «One Too Many», ainsi que «Come Inside», pour laquelle il a invité son frère, le rappeur Lou Phelps, à chanter.

Childish Gambino : explosif

Nous l’attendions avec fébrilité, et Donald Glover n’a certainement pas déçu. Il a sans contredit présenté le concert le plus enlevant de la fin de semaine. Son entrée remarquable, alors qu’il a surgi du parterre, entouré par les festivaliers, grâce à une plateforme circulaire surélevée, tout en adoptant un regard sérieux et consterné, a marqué le ton. Il a débuté avec «Atavista» et «Algorythm», et la foule était déjà conquise.

Un aspect intéressant, et très utile lorsque l’on a un artiste aussi charismatique et expressif que Gambino, est que la caméra l’a suivi de façon constante, alimentant les écrans géants d’images du visage du chanteur. Son énergie débordante a émerveillé la foule; il a couru, sauté, dansé et pris des bains de foule. Ses expressions faciales sont tellement prenantes qu’elles ont captivé le parterre. Accompagné par de redoutables musiciens, des choristes et des danseurs, tout semblait plus grand que nature; c’était la fête! «Summertime Magic» a visiblement plu au public, tandis que «Boogieman», interprété tandis que des feux d’artifice explosaient, a causé un délire des plus joyeux.

Il a conclu ce concert avec éclat, grâce à la très politique «This Is America». Malheureusement, le numéro avec les danseurs sur scène est légèrement passé inaperçu, car la chorégraphie n’a pas été diffusée sur les écrans. On remarque que malgré l’actualité (les fusillades d’El Paso et de Dayton), le rappeur s’est abstenu de commenter et a même présenté une version plutôt sobre de son succès, les coups de feu si caractéristique de la chanson ayant disparu.

S’en est suivi une mise en scène un tantinet clichée, où la caméra a suivi Childish Gambino dans les coulisses, feignant d’attendre des encouragements avant de se décider à offrir un rappel. Cela en a tout de même valu la peine, et le public a eu droit à, entre autres, «Redbone». Les festivaliers, complètement déchaînés, étaient en extase devant le rappeur américain, qui leur a bien rendu leur dévotion, en affirmant vouloir créer quelque chose avec la foule et s’abreuver à même leur énergie. Ce fut une soirée enlevante et si captivante que c’est à peine si nous avons vu le temps passer. Pour ma part, je m’attendais à une prestation extraordinaire, et j’ai été franchement ébahie, tout comme les festivaliers.