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Crédit photo : Maxime Brouillet
«Nous étions arrivés à la fin de notre bail sur Cherrier, et le processus du projet Wilder s’étant étiré dans la durée, l’Agora s’est donc ajoutée, vers 2012, aux trois organismes déjà inscrits à l’édifice» – les Grands Ballets Canadiens, Tangente et l’École de danse contemporaine de Montréal – explique Frédérique Doyon, commissaire invitée à l’Agora de la danse depuis 2015.
Qui dit nouveaux espaces, dit besoin de nommer les salles. Et pourquoi pas par des personnalités marquantes du milieu chorégraphique québécois? Si Jeanne Renaud, Peter-Boneham ou Jean-Pierre Perreault ont déjà leurs noms dans le centre chorégraphique de Circuit-Est, un étroit dialogue entre l’Agora de la danse et Tangente a permis de prêter aux quatre nouveaux espaces les noms de figures importantes de l’histoire des institutions.
Partagée avec Tangente, la salle principale de spectacle Françoise Sullivan (environ 200 places assises) saura accueillir les programmations des diffuseurs. «Peintre et artiste multidisciplinaire, Madame Sullivan apparaissait comme une pionnière fondamentale pour l’histoire de la danse moderne et contemporaine. Porteuse de tous les grands principes de liberté, l’artiste a fait partie de ce grand pétillement après le Refus Global, où il fallait s’éloigner d’un certain carcan. De nouvelles formes de danse se sont ensuite développées et ont explosé dans les années 80. Elle répète souvent que la peinture est son art, mais que la danse est aussi importante pour elle, allant même jusqu’à New York pour suivre des cours avec Martha Graham. Françoise Sullivan a créé beaucoup de solos et surtout des performances, qui ont marqué les mémoires.»
Deux expositions sont en cours en ce moment, l’une à la galerie de l’UQÀM, l’autre à Baie-St-Paul. Une troisième intitulée Danse dans la neige prendra place dans l’édifice du Wilder dès le 21 février prochain.
La visite continue avec deux studios de création au sous-sol. Tangente a choisi le nom de sa fondatrice Dena Davida; l’Agora a opté pour la même idée en mettant à l’honneur Florence Junca-Adenot, présidente du Conseil d’Administration depuis 25 ans. Frédérique Doyon précise que «l’Agora a été fondée juste avant l’arrivée de Francine Bernier par un noyau de quatre personnalités essentiellement, dont Florence Junca-Adenot et Dena Davida. Tangente avait été créé quelques années plus tôt mais était ambulant, sans lieu permanent. L’Agora allait donc héberger Tangente dans le département de l’UQÀM.»
Enfin, l’espace Paul-André-Fortier est une salle de répétition lumineuse au quatrième étage. Nommé en dernier, le chorégraphe fait visiblement partie de l’ADN de l’institution Agora, pour y avoir souvent été programmé. En riant: «Nous avons choisi un homme pour un peu d’équilibre! Paul-André Fortier a présenté chez nous plusieurs de ses solos qui l’ont révélé, Les Males Heures (1989), Bras de plomb (1993), repris en 2011 également à l’Agora, ou encore La part des anges (1996), une pièce de groupe. Il est d’ailleurs encore présent actuellement. Cette année, il revient sur la Place des Festivals avec un solo dansé par un plus jeune interprète du 22 avril au 6 mai 2017, 15 X LA NUIT. C’est quelqu’un qui continue d’alimenter la discussion dans le milieu.» Bref, un proche de l’Agora.
À l’image de la construction d’un édifice uniquement consacré aux activités de la danse au cœur du quartier d’activités d’affaires, il est intéressant d’avoir nommé des gens encore présents, encore actifs, ou en voie de transmission d’archives. Ravis d’offrir leurs noms aux salles, les quatre personnalités de la danse ont reçu la nouvelle avec joie. Paul-André Fortier adresse par cet article un grand «merci à l’Agora de la danse pour cet honneur».
Du changement à l’Agora?
Plus d’espaces, donc beaucoup plus de services offerts aux artistes de la communauté, plus de résidences, plus de temps consacré à la création. Changer d’espace, c’est aussi changer de contexte au niveau de la localisation géographique. «Nous étions dans un quartier résidentiel et nous arrivons certes, dans le Quartier des spectacles, mais dans l’espace des travailleurs.» Peut-être un renouvellement du public? Frédérique Doyon poursuit: «Dans la nature artistique, on verra probablement un léger changement graduel, bien que je partage la vision de Francine Bernier. Je ne vais pas tout révolutionner, mais au fil des années je vais sans doute teinter la programmation. Le milieu évolue avec un changement de génération et d’esthétique, et nous devons le refléter.»
Encore en chantier, l’Agora de la danse accueillera son tout premier spectacle de saison dès le 22 février, Animal Triste, de Mélanie Demers.
Consultez leur site officiel au www.agoradanse.com pour ne rien manquer de la saison d’hiver 2017!
L'événement en photos
Par Maxime Brouillet et Hugo Glendinning