«Morphs» de la chorégraphe Lina Cruz à l’Agora de la danse – Bible urbaine

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«Morphs» de la chorégraphe Lina Cruz à l’Agora de la danse

«Morphs» de la chorégraphe Lina Cruz à l’Agora de la danse

Une superbe invitation à explorer l’univers surréaliste de l'artiste

Publié le 30 octobre 2021 par Olivia Gomez

Crédit photo : Vanessa Fortin

L'Agora de la danse présente, jusqu'au 30 octobre, la plus récente création de la talentueuse chorégraphe Lina Cruz intitulée Morphs. Cette œuvre est une invitation hors de commun à explorer un monde inconnu et intime où les morphs, ces créatures extraverties et ludiques, lesquelles sont incarnées par cinq danseurs et un musicien interprète, cohabitent. Ensemble, ils dansent et chantent dans cet univers onirique où ils confectionnent nos rêves... à tous.

C’est un sentiment fort agréable que celui de retrouver les salles de spectacles de nouveau ouvertes et d’enfin remettre les pieds dans l’Espace orange de l’Édifice Wilder pour y découvrir le travail chorégraphique de la chorégraphe de renom Lina Cruz!

Je dois dire que cette invitation a même éveillé un sentiment d’excitation en moi.

Morphs. Photo: Vanessa Fortin

L’univers onirique des morphs

D’emblée, je dois dire que l’ouverture du spectacle a été captivante en soi, car mes yeux ont immédiatement eu droit à une scène qui m’a rappelé un tableau surréaliste où l’on apercevait trois grands œufs noirs.

Doucement, et au rythme de la musique, les danseurs, habiles de leurs mouvements, sont sortis de leurs nids et se sont préparés à incarner des personnages, ou devrais-je dire des créatures extraverties et ludiques ayant chacune une personnalité qui lui est propre.

Tout au long de la représentation, j’ai ainsi pu apprécier un travail stylistique soigné de la part de la chorégraphe et directrice artistique, qui a su diriger et accompagner la personnification et la théâtralité de chacun de ses danseurs. Les mouvements de ces derniers étaient bien agencés avec leurs costumes sombres, et leur gestuelle elle aussi ludique apportait un brin de fantaisie à leur interprétation.

Du côté de la scénographie, j’ai pu découvrir, sur scène, des éléments ayant différentes textures, par exemple, des tissus aux allures rigoureux, des boîtes en Plexiglas, du gazon artificiel, ainsi que des lampes faites de bouteilles en plastique, le tout dans un décor à la fois sombre et mystérieux.

Morphs. Photo: Vanessa Fortin

Et au coeur de cet univers onirique, on y retrouvait beaucoup de mouvements, peut-être trop même, car parfois j’avais un peu de difficulté à établir le lien entre la danse, la musique et la gestuelle des interprètes. Durant le spectacle, j’ai ressenti cette drôle d’impression d’être appelée à assister à une cérémonie où les rêves se créent, et bien qu’en soi cela n’existe pas dans notre monde réel, je me suis laissé emporter par cette invitation assez spéciale en soi.

L’écriture chorégraphique, quant à elle, a laissé transparaître des expressions qui montraient une certaine combativité et qui se traduisaient, par exemple, par le fait de fouetter le sol avec un tuyau en plastique, ou encore par le regard pénétrant des personnages envers le public. Ainsi, c’est à travers les mouvements que j’ai pu identifier des thématiques telles que la malice, la mort, ou bien le côté obscur qui peut exister dans la psyché de l’être humain.

Heureusement, ces créatures ont su nous montrer une gestuelle originale et pétillante, laquelle interpelait des sentiments comme l’espoir, l’amour et la joie. D’ailleurs, le côté ludique des personnages a été bien présent et l’on a pu entendre de rires spontanés de la part du public.

C’était une proposition assertive de la part de Lina Cruz que celle de nous faire part à la fois du côté obscur de ces créatures et du côté joyeux et imaginaire de ces dernières. C’est comme si elle voulait, à travers son œuvre, nous partager le fait que les humains peuvent vivre des moments difficiles, tout comme les morphs, mais qu’ils peuvent aussi laisser aller leur imagination pour ainsi retrouver la joie de vivre.

Morphs. Photo: Vanessa Fortin

La rencontre entre le corps, la voix et la musique

Morphs, ce n’est pas qu’un simple spectacle de danse contemporaine. Au contraire, c’est plutôt une intégration de divers talents à travers la musique. On retrouvait, chez ces personnages, une évidente maîtrise technique de la danse contemporaine, ainsi que le plaisir de danser, mais aussi celui de chanter et d’utiliser les corps dans le but de produire des sons rythmiques, comme des percussions.

En fait, j’ai eu l’impression de voir leur corps à l’instar d’instruments musicaux, et j’ai d’ailleurs trouvé que cette approche artistique était fort intéressante. J’ai l’impression que la chorégraphe a voulu explorer au maximum les capacités du corps pour faire place à l’imaginaire et à une certaine liberté d’expression et de communication.

Je dois avouer que la contribution musicale de Philippe Noireaut reste un élément essentiel à la concrétisation de Morphs. Le musicien interprète a chanté et joué sur scène du début à la fin, et ce, avec différents instruments, dont le piano, le tambour et la Kalimba. À travers sa composition musicale, on y retrouvait même des citations diverses de grands poètes, notamment de Victor Hugo et de Charles Baudelaire, lesquelles ont été partagées sous forme de chuchotements.

Cela m’a fait penser à ces moments où, dans mes rêves les plus profonds, j’entends des marmottements et des sons qui ne sont pas très nets ou du moins difficiles à décrire…

Ainsi, je salue la recherche artistique de la chorégraphe Lina Cruz, de même que le travail d’interprétation de tous les artistes qui ont pris part à cette œuvre, Elinor Fueter, Abe Mijnheer, Geneviève Robitaille, Alexandra Saint-Pierre, Antoine Turmine et Philippe Noireaut, car on y voit un soin du détail et un grand travail d’exploration qui a fort bien été présenté.

Ensemble, ils ont livré une performance avec brio et, surtout, ils nous ont fait vivre, pour un instant du moins,  dans un monde surréaliste où l’on peut créer des rêves et où l’imaginaire n’a pas de limite.

Les répétitions de «Morphs» en images

Par Marie-Claire Denis

  • «Morphs» de la chorégraphe Lina Cruz à l’Agora de la danse
    Photo: Marie-Claire Denis
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