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Mike Shinoda au MTELUS à l’occasion de la tournée «Post Traumatic»

Le courage de poursuivre après le grand chamboulement

Publié le 11 octobre 2018 par Éric Dumais

Crédit photo : Emmanuel Gagné

Il y a un moment déjà que j’espérais la visite de Mike Shinoda, l’une des deux figures emblématiques de la formation Linkin Park, surtout depuis qu’il a fait paraître, ce monsieur touche-à-tout, Post Traumatic (Warner Bros.), un album qui m’a totalement pris par surprise au début de l’été. Je me doutais bien, après la disparition du regretté Chester Bennington, que certaines vies avaient été ébranlées, mais de là à espérer un nouveau disque, composé de seize titres aussi forts, en plus d’une tournée nord-américaine avec les Britanniques de Don Broco, je n’y croyais pas… Et pourtant! En ce 10 octobre, Mike Shinoda était bel et bien là, en forme, tout sourire, avec ce désir de nous faire passer une soirée qu’on ne serait pas prêt d’oublier.

C’est avec le titre «Petrified» de sa formation hip-hop parallèle Fort Minor que le Californien de 41 ans a ouvert le bal, prouvant qu’il n’avait rien perdu de sa verve et de son flow. «Montreal make some noise!», il s’est écrié au micro, mais bien honnêtement, il avait déjà ses fans dans la poche en quelques secondes à peine. Derrière lui, et contrairement à d’autres prestations vues virtuellement via YouTube lors de sa tournée européenne dans les derniers mois, on retrouvait, à ses côtés, un batteur à sa droite et un multi-instrumentiste à sa gauche, lequel alternait entre clavier, guitare électrique et percussions électroniques.

Qu’il ait offert un titre de Fort Minor, de Mike Shinoda ou encore de Linkin Park, les spectateurs, majoritairement dans la mi-vingtaine, connaissaient toutes les paroles par cœur et chantaient d’ailleurs en chœur, avec littéralement des étoiles dans les yeux.

C’est qu’il y avait une énergie toute spéciale qui flottait dans l’air: même si l’album Post Traumatic, sorti le 15 juin, a toutes les qualités requises pour faire grossir son cercle de fans, pour la majorité des spectateurs présents, c’est d’abord et avant tout le Mike Shinoda de Linkin Park qui était devant eux. Pouvez-vous croire: dix-huit ans, déjà, que les vidéoclips de «Papercut» ou «One Step Closer» (!) ont passé en boucle à MusiquePlus, et à l’époque, ça déménageait, quand même! Et Linkin Park a marqué les esprits depuis leur formation en 1996. La preuve, bon nombre de fans ont brandi à bout de bras des pancartes sur lesquelles on pouvait lire «We are LP family» ou «Make Chester Proud».

Le décès de Chester Bennington en a happé plus d’un cette année, Mike Shinoda l’un des premiers, c’est pourquoi il a si généreusement offert des interprétations intimistes de certaines chansons de Linkin Park, comme «Castle of Glass», «Heavy», «In the End» et bien sûr «Numb». C’est d’ailleurs durant ce bloc nostalgique qu’il nous a partagé avoir vécu des jours d’enfer à redouter son studio. Sauf que la tonne de messages d’encouragements qu’il a reçus de ses admirateurs, à coup de «Don’t stop making music», ou «Please don’t disappear», l’a encouragé à prendre son courage à deux mains et à continuer, à juste poursuivre ce qu’il sait faire de mieux.

Au final, il n’y a pas eu réellement d’accrocs durant sa prestation, peut-être quelques moments d’inaction de sa part où ça manquait d’enchaînement, et quelques cassures au niveau de sa voix par moments, surtout en final de «Ghosts», mais après celle-ci, le rappel a tout pardonné: il nous a balancé «Welcome», un autre titre de Fort Minor, en plus de «Remember the Name», de même que «I.O.U» et «Running From My Shadow», un titre fort qui m’oblige à vous réitérer qu’il est grand temps, si ce n’est déjà fait, d’aller vous mettre dans les tympans l’excellent Post Traumatic.