Sorties
Crédit photo : Stefan Petersen
De concert avec le 150e anniversaire du Canada et le 375e de la Ville de Montréal, Welcome to Indian Country se veut une célébration de l’identité autochtone sous toutes ses formes. Offrant une perspective fraîche et actuelle (mais orientée vers l’avenir) sur des enjeux au passé copieux, l’évènement réunit un groupe de créateurs désireux de faire valoir leur bagage unique, qu’ils soient des Premières Nations, Inuits ou encore Métis. «L’évènement n’est pas tout à fait une célébration de ces anniversaires, mais plutôt une réponse. Il faut comprendre qu’il existe une autre histoire au Canada – l’histoire de ces peuples indigènes – que beaucoup de gens n’ont jamais entendue», explique Lara Kramer, chorégraphe et interprète accomplie d’origine ojibwée et crie.
Choisie comme commissaire de l’évènement, Kramer est reconnue pour son art engagé, bien ancré dans l’héritage autochtone, et pour son inaltérable aspiration à défendre les droits de la personne.
«Pour moi, c’est une soirée vraiment unique. Je n’ai jamais vu un évènement comme ça, à Montréal, qui propose autant de disciplines et autant d’artistes autochtones, et qui exprime aussi bien la diversité de leur expression, du traditionnel au contemporain.»
À la manière d’une soirée cabaret, Welcome to Indian Country mettra en lumière le travail d’une quinzaine d’artistes autochtones dont Kramer, qui y présentera l’installation performative This time will be different, en collaboration avec l’artiste interdisciplinaire Emilie Monnet (Anishinabe-Algonquine). Réflexion critique sur «l’industrie nationale de la réconciliation», il s’agit d’un témoignage éloquent dont on perçoit très rapidement l’aspect vécu.
«Ma famille est de Lac Seul, une réserve au nord de l’Ontario. Cependant, ma mère n’a pas grandi là-bas puisque, comme ma grand-mère avant elle, elle a subi le système d’écoles résidentielles autochtones. Ce sujet a très longtemps été tabou.» Ayant existé jusqu’à leur condamnation à la fin des années 90, ces internats contraignaient les jeunes Amérindiens à se séparer de leur famille et de leur communauté afin de mieux les assimiler au mode de vie Blanc. D’ailleurs, ce n’est qu’en 2015 que le gouvernement du Canada déclarait officiellement que les pratiques de ces institutions relevaient du véritable génocide culturel.
«La vision derrière le spectacle est qu’à chaque artiste, j’ai demandé de proposer une pièce ou une prestation qui parle de son propre héritage, sa réalité individuelle, sa position dans la vie et sa place dans la société. Il y a un certain côté éducatif à cela; le but étant de voir ces artistes se réunir, échanger et créer en communauté, mais aussi dans une certaine intimité… Le tout d’un point de vue indigène.»
Ainsi, le spectacle Welcome to Indian Country, c’est également…
- Jimmy Blais, comédien
- Charles Bender, comédien
- Kevin Deer, maître de cérémonies mohawks
- Daina Ashbee, chorégraphe et interprète
- Areli Moran, interprète
- Jeff Barnaby, artiste multidisciplinaire et cinéaste
- Buffalo Hat Singers, collectif de chanteurs de pow-wow contemporain
- Marco Collin, comédien
- Soleil Launière, artiste interdisciplinaire
- Caroline Monnet, artiste multidisciplinaire
- Emilie Monnet, artiste interdisciplinaire
- Taqralik Partridge, chanteuse de gorge et auteure
- Kathia Rock, auteure-compositrice-interprète
«Je suis vraiment excitée de la présence du cinéaste Jeff Barnaby à l’évènement. Je trouve curieux qu’il soit si méconnu, car il est vraiment talentueux et nous le considérons comme un trésor! C’est donc une très belle opportunité de pouvoir découvrir son court-métrage, en plus de toutes les autres performances et œuvres d’art au programme. On ne m’a pas imposé de limites pour le choix des artistes, sauf le fait qu’ils soient autochtones, alors je suis très heureuse de tous les avoir.»