Lorde, Cyndi Lauper et Milk & Bone au FEQ: bien plus qu'un «party de filles» – Bible urbaine

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Lorde, Cyndi Lauper et Milk & Bone au FEQ: bien plus qu’un «party de filles»

Lorde, Cyndi Lauper et Milk & Bone au FEQ: bien plus qu’un «party de filles»

Chronique d'une grande célébration sur les Plaines

Publié le 16 juillet 2018 par Michelle Paquet

Crédit photo : Renaud Philippe (à la une: Cyndi Lauper)

J'allais commencer cet article en vous transportant avec moi sur les Plaines d'Abraham en plein milieu du concert de Cyndi Lauper. J'allais vous parler de la gigantesque marée humaine qui chantait en coeur avec elle des hits presque oubliés. De la fébrilité et de l'excitation qui a gagné le public quand on a compris qu'elle ferait la chanson thème officielle des karaokés et des «bachelorette parties» à travers le monde, «Girls Just Wanna Have Fun». Mais non, je me suis reprise, parce qu'au-delà du plaisir, il se passait quelque chose d'extrêmement inspirant au Festival d'été de Québec vendredi dernier.

Si mes premières lignes pouvaient faire croire que je ne voyais de ce line-up entièrement composé d’individus avec des chromosomes X qu’un gros «party de filles», détrompez-vous. On a dansé, on a chanté, on a crié sur les Plaines, mais c’était bien plus qu’un simple party. Avec Milk & Bone, Cyndi Lauper et Lorde, on célébrait la musique pop au féminin et tout le chemin parcouru pour voir une femme headliner l’une des soirées les plus populaires d’un festival de l’envergure du FEQ.

Bien sûr, Lorde n’est pas la première à y arriver, mais c’est encore assez rare pour qu’on s’en surprenne et qu’on le souligne. Cyndi Lauper était d’ailleurs bien placée pour en parler. Celle qui est derrière la première version à succès de «I Drove All Night», chanson reprise par Céline Dion au début des années 2000, et que Lauper nous a offerte en début de soirée, oeuvre dans l’industrie de la musique depuis plusieurs décennies déjà.

Entre deux morceaux, elle nous parlait avec émotion et candeur du plaisir qu’elle ressentait de faire partie de cette soirée mettant en vedette d’autres artistes féminines. Ça faisait depuis les 80’s que la chanteuse, maintenant âgée de 65 ans, se faisait dire que les femmes n’étaient pas capables de vendre assez de billets pour remplir des salles. À voir le nombre de personnes autour de moi vendredi dernier, les musiciennes peuvent bel et bien attirer les foules elles aussi. Même dans la ville du rock au masculin…

La pièce «Girls Just Wanna Have Fun» représente bien cette espèce de condescendance que l’industrie et le public (moi la première) peuvent avoir pour la musique pop. On l’assume frivole, vide, inintéressante, alors que c’est loin d’être toujours le cas. Pendant sa prestation, Cyndi Lauper incarnait de tout son être cette chanson qui parle en fait réellement d’émancipation, familiale, sexuelle et, jusqu’à un certain point, sociale.

Des sentiments que la princesse de la pop, Britney, réitérait elle aussi près de vingt ans plus tard avec «Not a Girl, Not Yet a Woman». Le dernier album de Lorde, Melodrama, touche lui aussi au sujet, avec des morceaux pop à la fois catchy, poignants de vérité et qui reflètent très bien la génération de la jeune chanteuse. Dans l’époque à laquelle on vit, alors qu’on pouvait lire «Girls Just Wanna Have Fundamental Rights» sur des panneaux pendant la Women’s March de Washington, on a besoin plus que jamais de ce genre de cri de ralliement.

On a besoin de pièces rassembleuses, mais aussi des artistes qui sont prêtes à s’entraider les unes les autres et à partager le spotlight. C’est d’ailleurs ce qu’a fait Lauper en invitant les filles de Milk & Bone, qui avaient ouvert la soirée, à venir chanter «Girls Just Wanna Have Fun» avec elle sur scène. Camille et Laurence avaient l’air de vivre un moment exceptionnel à côté de la grande dame. Cyndi a même tenu à ce qu’elles se présentent à la foule à nouveau et qu’elles leur rappellent le nom de leur groupe. C’était un beau geste de la part de la doyenne de la soirée d’offrir une visibilité supplémentaire à deux jeunes artistes prometteuses. C’était un moment particulièrement touchant dans la soirée.

Entourée de ma meilleure amie depuis près de 10 ans et de milliers d’autres femmes comme nous, je me suis laissée profiter du moment pendant un instant. En chantant en coeur des hymnes qui nous reliaient toutes ensemble, je me suis permis de célébrer le chemin parcouru, tout en acceptant qu’il en reste encore beaucoup à faire. Pour l’inclusion des femmes dans nos programmations oui, mais surtout pour une plus grande diversité culturelle en général. Diversité de genre, de cultures, de style musicaux et j’en passe.

Trois femmes sur le même line-up, sur la grande scène d’un des plus grands festivals au Canada, c’est déjà un pas pire début. Qui dit mieux?

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