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Crédit photo : Cinetica di Bologna
En plus d’avoir réalisé l’arrangement musical permettant l’accompagnement en direct des films muets de Chaplin, le compositeur Timothy Brock agissait aussi comme chef d’orchestre pour la soirée. Rappelons toutefois que la musique originale des Temps modernes a été composée par Charlie Chaplin, en collaboration avec Edward Powell et David Rakdin. Le public ignore souvent qu’en plus d’assurer les rôles de scénariste, de réalisateur et d’acteur pour ses films, le cinéaste tenait à participer à l’ambiance sonore de ses œuvres cinématographiques.
Plusieurs scènes des Temps modernes ont été largement diffusées. Tout le monde a déjà vu des extraits du début du film où Charlot exécute un travail à la chaîne dans une usine et peine à garder la cadence. Plus rares sont les gens qui ont vu Les temps modernes au complet. Le personnage important de la gamin, par exemple, est souvent éclipsé de la mémoire collective. Pourtant, il donne lieu à de très belles scènes de complicité avec le personnage principal, notamment lorsque la femme lui montre la maison soi-disant paradisiaque qu’elle a trouvée pour qu’ils l’habitent ensemble, alors que Charlot constate que la porte, les murs et le toit s’écroulent.
La scène ayant suscité le plus de réactions dans la salle est sans doute celle où, engagé comme gardien de nuit dans un centre commercial, Charlot enfile des patins à roulettes trouvés dans la section des jouets du magasin et s’approche innocemment à quelques centimètres à peine de la fin du palier, manquant sans cesse de tomber à l’étage au-dessous. Les rires fusaient aussi de toutes parts alors que le personnage sert de cobaye à un prototype de machine devant servir aux ouvriers à gagner du temps au moment du déjeuner et à empêcher de salir son uniforme.
C’est toujours un plaisir que d’aller entendre l’OSM, surtout dans l’acoustique exceptionnelle de la Maison symphonique. Deux styles musicaux alternaient tout au long du film. D’un côté, les percussions et les cuivres marquaient la frénésie des machinistes qui exécutaient leur travail à la chaîne. De l’autre, les cordes et les bois jouaient de longues mélodies romantiques faisant ressortir la sensibilité des personnages. Paradoxalement, la virtuosité des musiciens faisait en sorte que le public oubliait qu’il assistait à un concert et restait davantage happé par le film projeté sur un grand écran au fond de la scène. Évidemment, la qualité musicale et acoustique démultipliait l’expérience du spectateur, mais le travail des musiciens n’étaient pas vraiment reconnu à sa juste valeur.
Un second concert du même genre est prévu le 23 janvier 2016, alors que l’OSM accompagnera le film Métropolis de Fritz Lang. Pour les amateurs de musique et de cinéma, ce sera un rendez-vous privilégié!
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de la rédaction