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Crédit photo : Nick Knight (affiche)
On dit expo, mais ce n’est pas tout à fait une exposition, ni un film d’art ni une démonstration de nouvelles technologies, mais un peu tout ça. C’est en fait plus de l’ordre de l’expérience immersive. On se rend à DHC à la date et l’heure prévues sur son billet, là-bas, en petits groupes, on nous promène de salle en salle afin de vivre chacune des œuvres et expériences. C’est toutefois une expérience individuelle, vécue en simultané avec une douzaine d’autres personnes. Dans les pièces, aucune déco, aucun ornement. Que des tabourets rotatifs sur lesquels se trouvent casque-lunettes RV et écouteurs. L’expérience commence au moment où on enfile les lunettes. Et c’est toute une expérience.
Les cinq œuvres RV de l’expo sont créées chacune à partir d’une des chansons de l’album Vulnicura de Björk et sont nées d’une collaboration entre la chanteuse et un artiste visuel, pour aboutir à autant d’expériences de réalité virtuelle. Les deux premières œuvres ont été réalisées par Andrew Thomas Huang; on se retrouve tout d’abord dans une grotte avec la chanteuse islandaise pour vivre une version RV du vidéoclip de la chanson «Black Lake». Puis on enlève le casque et on change de pièce, physique et musicale, et nous voilà sur une plage islandaise, en compagnie de Björk, pour la chanson «Stonemilker VR» déjà disponible sur Internet en version 360 degrés. Allez y jeter un coup d’œil pour vous donner une idée et imaginez-vous maintenant plongé dans ce lieu.
L’expo expérience est bien conçue en ce sens qu’elle commence doucement pour devenir graduellement de plus en plus tripative alors qu’on se déplace encore une fois pour vivre une expérience double, d’abord avec la version RV du clip «Mouthmantra», réalisée par Jesse Kanda, suivie de «Quicksand», mettant en scène une performance de Björk captée à Tokyo et à laquelle Dentsu Lab Tokyo a ajouté des éléments visuels de réalité virtuelle. La direction artistique de cette œuvre est signée Kaoru Sugano. Le mieux est peut-être de ne pas trop en voir avant de vivre l’exposition afin qu’un certain élément de surprise demeure.
Pour finir en beauté, on se retrouve au beau milieu d’une expérience interactive de réalité virtuelle en compagnie de l’avatar de Björk, œuvre présentée à Montréal en première mondiale. Debout, avec casque bien branché et manettes en main, on se promène dans le monde collant à la chanson «Family», imaginé par la chanteuse et James Merry, puis mis en images encore une fois par Andrew Thomas Huang. C’est l’expérience la plus déstabilisante peut-être, mais en même temps, on teste un peu les limites de ces nouvelles technologies. Pour cette exposition, il faut quand même faire preuve de bonne volonté et laisser son cerveau se prendre au jeu immersif de la réalité virtuelle, car on sent bien qu’on en est qu’aux balbutiements de cette technologie.
Ainsi, même si on peut régler le focus, les images paraissent tout de même un peu floues par moments, surtout dans les premières œuvres. Puis on sent toujours le casque assez lourd sur sa tête. Et pour la dernière expérience, les graphiques ne sont pas toujours fluides. Mais ce ne sont que des détails, et le futur de cette technologie s’annonce très intéressant. Bref, on doit se laisser aller et accepter candidement d’entrer dans cette autre réalité pour profiter pleinement de l’expérience. Et ça en vaut la peine.
Pour se remettre de ses émotions, on peut ensuite se diriger dans l’autre immeuble de la galerie d’art pour expérimenter l’application Biophilia ou encore retrouver, sur grand écran et avec un son de haute qualité, les vidéoclips liés aux 24 ans de carrière solo de la chanteuse Björk, autant d’œuvres d’art, sans réalité virtuelle cette fois. Alors, fan ou non de l’artiste islandaise, l’exposition Björk Digital saura vous faire entrer, du moins virtuellement, dans son monde et vous donnera peut-être un avant-goût que ce que pourrait être le futur.
L'événement en photos
Par Nick Knight, Andrew Thomas Huang et Jesse Kanda
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