Les Grands Ballets offrent un quadruple programme à la Salle Wilfrid-Pelletier avec «Carmen»

Les Vagues

La soirée a débuté avec Les Vagues, une chorégraphie de l’Ontarienne Kiara Flavin, l’une des danseuses des Grands Ballets.

Arrivant au pas de course, les danseurs ont alterné entre eux pour offrir différents segments, tous aussi dynamiques les uns que les autres.

La scène était très épurée; seule une barre lumineuse orange était visible. La musique de Stravinski, interprétée par l’Orchestre des Grands Ballets, convenait à merveille à la chorégraphie qui était délicate, dramatique et même éthérée par moments.

Il y a eu des enchaînements plus classiques dansés par un duo homme-femme particulièrement intéressant. Des successions de pas, plus dramatique, étaient illustrées par un jeu de lumière plus sobre mais très efficace.

De façon générale, les danseurs étaient synchronisés. Cette pièce aux accents modernes a plu au public.

«Les Vagues». Photo: Sasha Onyshchenko

Jeunehomme

Ensuite, nous avons eu droit à Jeunehomme, une chorégraphie d’Uwe Scholz sur la musique de Mozart. Un tableau bleu constituait le décor.

Ce morceau, particulièrement gracieux et mélancolique, était d’une grande beauté.

Un danseur et une danseuse ont joué un couple qui s’aime, et ce, malgré les déchirements qu’ils vivaient. Appréhendant une union, le duo s’est rapproché et s’est séparé, avec la difficulté à se laisser aller. Ils ont fini par s’unir par le biais d’une accolade touchante.

Les spectateurs ont aimé cette pièce, dont la musique n’a pas été jouée par l’Orchestre des Grands Ballets cette fois.

«Jeunehomme». Photo: Sasha Onyshchenko

Carmen

La pièce de résistance, Carmen, fut le clou de la soirée.

Cette chorégraphie d’Étienne Béchard, sur la musique de «Suite Carmen» de Rodion Chtchedrine, d’après l’œuvre de Georges Bizet, était forte en contrastes et très énergique.

C’est l’histoire de José et de Micaëla, qui se rencontrent dans le monde réel, froid, autoritaire et gris où l’on porte un uniforme. Les contacts étant interdits, ils optent pour un univers fictif, grâce à leurs lunettes de réalité virtuelle, où tout est permis et où les habits et les perruques sont hyper colorés.

José devient Carmen, qui en est à ses premiers pas dans ce monde parallèle en tant que femme, tandis que Micaëla personnifie Toréador, une vedette dans cet univers inventé. Ils se découvrent et s’entichent l’un de l’autre.

Cependant, Carmen, victime d’une agression qui la chamboule, renonce à une vie en virtuel, ce qui crée de la discorde entre José et Micaëla, un conflit qu’ils ne parviennent pas à surmonter. José brise ses lunettes et, par le fait même, tue Carmen.

L’une des grandes forces de ce ballet était le tandem José/Micaëla et Carmen/Toréador, qui interprétaient leurs duos en même temps, chacun dans son univers (tout en dansant la même chorégraphie).

Vanesa G.R. Montoya, qui adoptait les traits de Carmen, et André Santos, dans le rôle du Toréador, ont été extraordinaires.

L’Orchestre des Grands Ballets a lui aussi tiré son épingle du jeu.

«Carmen». Photo: Sasha Onyshchenko

Sacre du printemps

Le Sacre du printemps, une chorégraphie d’Étienne Béchard sur la musique de Stravinski, a conclu cette présentation. Cette portion du spectacle était toutefois pâle en comparaison de Carmen!

Il s’agissait de deux groupes opposés qui s’affrontaient. Dans un décor qui ressemblait à un parc pour les adeptes de planche à roulettes se disputaient ceux qui étaient vêtus de noir, tout en haut de la rampe, et ceux qui étaient habillés en blanc, brun et orange, tout en bas. Ceux du bas tentaient de gravir la rampe et se faisaient rabrouer, ceux du haut gardant jalousement leur territoire.

Après une guerre qui a semblé durer une éternité, les deux groupes se sont rejoints en bas de la rampe.

Cet extrait présentait des longueurs et bien peu d’histoire; ce fut le moment le moins intéressant de la soirée à mon humble avis.

«Sacre du printemps». Photo: Sasha Onyshchenko

Encore une fois, l’Orchestre des Grands Ballets, sous la direction de Dina Guilbert, a été à la hauteur. Dans son ensemble, ce fut un spectacle fort captivant!