«Le Sacre du printemps» de Pina Bausch et «common ground[s]» de Germaine Acogny et Malou Airaudo à la Place des Arts – Bible urbaine

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«Le Sacre du printemps» de Pina Bausch et «common ground[s]» de Germaine Acogny et Malou Airaudo à la Place des Arts

«Le Sacre du printemps» de Pina Bausch et «common ground[s]» de Germaine Acogny et Malou Airaudo à la Place des Arts

L’essence de Pina, 47 ans plus tard

Publié le 7 octobre 2022 par Olivia Gomez

Crédit photo : Maarten Vanden Abeele

Pour son 25e anniversaire, Danse Danse ouvrait sa saison 2022-2023 en grand en présentant, dans le majestueux Théâtre Maisonneuve de la Place des Arts, et ce, jusqu’au 8 octobre, une programmation double à la fois riche et puissante. En première partie, le public était convié à découvrir «common ground[s]», une œuvre poétique interprétée par deux grandes figures de la danse, soit Germaine Acogny et Malou Airaudo. En deuxième partie, le public pouvait s'attendre à être charmé par le chef-d’œuvre chorégraphique «Le Sacre du printemps» de Pina Bausch, présenté grâce à une collaboration entre l’École des Sables, la Fondation Pina Bausch et Sadler’s Well.

Mercredi passé, c’est avec mon billet en main que je me suis rendu au Théâtre Maisonneuve avec un sentiment de grande excitation qui m’habitait.

Ce n’est pas souvent qu’on peut voir sur scène une œuvre de la défunte Pina Bausch, surtout Le Sacre du printemps, avec 30 artistes provenant de 14 pays africains! Encore moins d’avoir l’immense privilège d’admirer deux grandes de la danse, réunies afin de livrer un duo d’une beauté humble.

Ma soirée s’annonçait donc emblématique!

À la rencontre de Germaine Acogny et Malou Airaudo

Le spectacle a débuté avec l’œuvre common ground[s], un duo touchant et poétique.

Sur une scène épurée pour l’occasion, j’ai pu apercevoir deux corps assis sur des bancs placés au centre. Je ne voyais que leurs silhouettes qui se détachaient d’un fond jaune qui se transformait tout doucement en couleur orange.

Tout de suite, ça m’a donné l’impression de voir deux femmes contempler un coucher du soleil au terme d’une journée chaude et calme avec ,en toile de fond, une trame sonore signée par le compositeur Fabrice Bouillon-LaForest.

Le public a pu contempler dans toute sa splendeur le corps de la chorégraphe Germaine Acogny qui, vêtue d’une longue robe noire, laissait entrevoir un dos musclé qui bougeait avec dextérité. Malou Airaudo, pour sa part, également vêtue d’un vêtement similaire, bougeait son torse et ses bras avec fluidité et légèreté, et ce fut ainsi durant les 30 minutes qu’a duré la représentation.

Le tandem d’artistes nous a partagé un moment de pure beauté où l’on a pu voir de la danse, mais où l’on a surtout pu apprécier leur rencontre. C’est comme si l’on assistait à une soirée entre deux amies de longue date qui se sont retrouvées pour célébrer, sur scène, la vie et nos ancêtres, et ce, à travers des dialogues et des danses riches en vénération.

Ce fut un numéro où les deux artistes se sont livrées à nous avec amour, harmonie et respect.

L’unique détail qui m’a fait tiquer et qui ne concerne aucunement leur travail, c’est d’avoir entendu une grande partie du public se racler la gorge durant le spectacle. Aussi banal que cela puisse être, j’ai eu le sentiment, tout au long, d’assister à un concert de toux et, cette fois, cela a affecté l’œuvre, car en toussant, les gens ont gâché les jolis moments d’interactions entre les artistes, leurs dialogues ainsi que leurs silences voulus. Quel dommage!

Place à… 30 minutes d’entracte

Ensuite, on a eu droit à un entracte hors du commun, car les techniciens devaient préparer la scène pour la deuxième partie du spectacle.

Rideaux ouverts, ces derniers ont vidé des bacs de terre afin de les distribuer sur le sol. C’était intéressant de voir cette transformation scénique, comme si c’était une chorégraphie en soi de laquelle les techniciens, l’espace d’un instant, étaient les protagonistes!

Le sacre de Pina

Je me permets de rappeler que Le Sacre du printemps, ce «grand rite sacral païen» est un ballet créé par le compositeur russe Igor Stravinsky, dont la chorégraphie originale est signée par Valsav Nijinski. Ce ballet a été repris par de nombreux chorégraphes contemporains, dont la regrettée Pina Bausch, qui a créé, en 1975, un Sacre du printemps pour le moins unique et touchant.

Nous avons eu le privilège de revivre cette œuvre intemporelle avec, devant nous, de magnifiques artistes qui, pendant des mois, ont répété à l’École des Sables à Dakar avec une équipe d’artistes du Tanztheater Wuppertal.

En regardant l’œuvre qui se jouait devant mes yeux, j’ai oublié, durant un moment, où j’étais, et je me suis laissé transporté par la musique et par ces interprètes qui dansaient avec vigueur sur un sol recouvert de terre.

Les femmes, avec leurs robes de couleur beige, bougeaient avec force et transmettaient, paradoxalement, une certaine vulnérabilité, alors que les hommes, torse nu avec, au bas du corps, un pantalon noir, se donnaient l’air d’être invincibles.

J’ai vécu un moment très émouvant.

À la fois, je me suis senti bouleversée, puisque j’avais l’impression d’assister à un rituel où l’on allait sacrifier une femme, à la fois j’ai été impressionnée de voir l’œuvre de Pina vivre encore aujourd’hui.

C’est comme si chaque pas, chaque geste et chaque respiration des danseurs me faisaient voyager dans le temps.

Au final, ce fut un spectacle impressionnant au niveau technique, car les danseurs ont fait montre d’une gestuelle fort énergique. Le public a semblé être très touché par cette œuvre.

Il me serait difficile de décrire avec plus de précisions ce que j’ai vécu mercredi passé, puisque c’était un moment carrément unique.

Chapeau aux artistes qui on nous ont offert un superbe Sacre du printemps dont je me rappellerai longtemps!

«common ground[s]» et «Le Sacre du printemps» en images

Par Maarten Vanden Abeele

  • «Le Sacre du printemps» de Pina Bausch et «common ground[s]» de Germaine Acogny et Malou Airaudo à la Place des Arts
    École des Sables common-ground[s] © Maarten Vanden Abeele. Danseuses Malou Airaudo, Germaine Acogny
  • «Le Sacre du printemps» de Pina Bausch et «common ground[s]» de Germaine Acogny et Malou Airaudo à la Place des Arts
    École des Sables Le Sacre du printemps © Maarten Vanden Abeele
  • «Le Sacre du printemps» de Pina Bausch et «common ground[s]» de Germaine Acogny et Malou Airaudo à la Place des Arts
    Photo: Maarten Vanden Abeele
  • «Le Sacre du printemps» de Pina Bausch et «common ground[s]» de Germaine Acogny et Malou Airaudo à la Place des Arts
    Photo École des Sables Le Sacre du printemps © Maarten Vanden Abeele

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