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Crédit photo : Maxime Côté
Reviens, le soir: douce violence
Être ensemble, s’enlacer, se laisser. C’est entre la douceur et la douleur que le chorégraphe German Jauregui transporte son public avec treize des finissants. Sous les bruits d’une porte grinçante, les interprètes forment des duos tout au long de la pièce et créent des histoires. Il s’agit là d’accepter le poids du corps de l’autre, d’accepter de se relâcher, de profiter du soutien de l’autre. Mais, parfois, il faut aussi savoir lâcher prise et partir. Ne pas vouloir l’abandonner, ne pas pouvoir l’abandonner. Voilà toute la subtilité de la peine qui se dégage de cette pièce. On observe la délicatesse, au fil du temps, qui devient brutale, au fil du temps. On sait où commence l’interaction entre deux protagonistes, mais jamais où elle va finir, ni les impacts qu’elle va créer.
Souffle: l’être distillé
Les danseurs s’affichent en groupe. Ils construisent avec leur corps et déconstruisent sur une rythmique qui s’accélère. Le chorégraphe Jason Martin joue alors sur les contrastes entre le groupe, et l’individualité de ces neuf danseurs. Petit à petit, c’est à chacun de s’adapter et de réussir à garder son espace, son souffle personnel malgré une respiration commune, vitale. Que signifie ce souffle pour chacun? Est-il synonyme de peur, de doutes, de furie ou de tensions? Les artistes se mettent à l’épreuve et offrent un engagement corporel puissant, usant d’ondulations sensuelles, d’isolations saccadées. Ils s’épuisent au fur et à mesure, et dévoilent peu à peu leur nature profonde. On découvre alors l’artiste qui sommeille, l’être totalement épuré en symbiose avec sa nature profonde. Quand on est à bout, que reste-t-il de notre corps et de notre âme?
Les 24 préludes de Chopin: éclectisme chorégraphique et condensé d’émotions
Sur les vingt-quatre préludes de Chopin, les finissants ont conclu la soirée en interprétant cette dernière pièce, tous ensemble. Créée en 1999 par Marie Chouinard, cette oeuvre fait l’objet de nombreuses reprises et diffusions partout dans le monde, notamment à la Biennale de Venise, le Centre National des Arts (Ottawa), le Théâtre de a Ville ou Julidans (Amsterdam). Elle a été transmise par Isabelle Poirier, répétitrice de la compagnie et danseuse lors de la création de cette œuvre. Adaptée pour vingt-deux danseurs, au lieu de dix, puis réinterprétée, on suit alors les aventures des artistes dans vingt-quatre tableaux, complètement différents, qui font passer le public du rire aux larmes, de l’étrange à la beauté, et montre toute l’originalité de la célèbre chorégraphe.
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