L’Agence Mickaël Spinnhirny et La Résistance ont présenté «Minuit quelque part» au Théâtre Maisonneuve

D’emblée, le titre de l’œuvre, Minuit quelque part, a vite attiré mon attention. C’est en regardant plus attentivement la programmation que j’ai découvert que ce spectacle rendait hommage à la nuit, aux rassemblements et au simple plaisir de bouger. Pour moi, c’était assez d’incitatifs pour ne pas manquer cette représentation!

Et je dois avouer que la riche distribution artistique, ainsi que la collaboration entre l’une des agences phares de la danse contemporaine au Québec, l’Agence Mickaël Spinnhirny, et La Résistance, une compagnie d’art qui revisite la façon de créer, me laissaient présager un assemblage parfait pour laisser la danse s’exprimer pleinement lors de ce spectacle.

Et je n’ai pas été déçue, puisque les danseurs Zachary Bastille, Sophie Breton, Alexandre Carlos, Véronique Giasson, Cai Glover, Kyra Jean Green, Katerine Leblanc, Danny Morissette, Lila-Mae Talbot et Yoherlandy Tejeiro Garcia ont fait de ma soirée un véritable festin de joie!

Danser quelque part à minuit

Le spectacle a débuté de façon assez hors du commun avec l’entrée des danseurs dans la salle, lesquels débordaient littéralement d’énergie, tout juste avant de se diriger vers la scène.

Cette entrée, simple en apparence, m’a semblé très humaine, comme si les danseurs et le public ne faisaient déjà qu’un. Ils ont rapidement investi tout l’espace, dansant le premier tableau avec joie et avec une aisance décontractée qui m’a donné l’impression d’assister à une fête où chacun danse avec allégresse et sans aucune retenue.

Les interprètes étaient vêtus de costumes noirs, parfois avec des hauts composés d’une matière transparente, qui se coordonnaient parfaitement avec les effets d’éclairage comprenant de la fumée et des fonds colorés vifs, comme le rouge et parfois le bleu foncé, ce qui créait une atmosphère animée.

Avec Alexandre Carlos, Véronique Giasson, Cai Glover, Kyra Jean Green, Merryn Kritzinger et Danny Morissette. Photo: Sylvie-Ann Paré

Les tableaux suivants ont, quant à eux, proposé une alternance dynamique de chorégraphies, oscillant entre des portés agiles et des moments de douceur et de délicatesse qui mettaient en valeur les lignes des danseurs et les chorégraphies de groupe.

Les artistes étaient si libres dans leur interprétation et en même temps si maîtres de leur corps et de leur technique qu’on y décelait leur expertise et leur amour pour la danse.

Cependant, j’aurais souhaité voir davantage de clins d’œil au public. Avec leur entrée remarquée parmi nous, où je croyais que nous étions conviés à participer pleinement avec les danseurs, je me suis rendue compte que, petit à petit, nous sommes devenus simplement des spectateurs. Cela dit, ce détail mineur n’a en rien altéré mon expérience de la soirée!

Personnellement, j’avais envie d’applaudir entre chaque tableau, mais l’atmosphère dans la salle m’a rappelé celle d’un concert de musique classique, où l’on n’applaudit jamais entre les pièces et où l’on attend la finale avant de faire connaître notre appréciation. Or, ce silence a été rompu par des applaudissements suite à l’interprétation d’un pas de deux doux et intime, plutôt néoclassique, entre le danseur Cai Clover et la danseuse Véronique Giasson, cette dernière en pointes. Leur performance complice, riche en images et en détails, a indéniablement été appréciée par le public.

Au fur et à mesure que le spectacle avançait, j’avais le sentiment, de plus en plus, d’assister à une série de pièces distinctes plutôt qu’à une seule œuvre, en raison des transitions manquant de fil conducteur entre les tableaux. Les changements soudains de musique, passant de la musique pop au jazz, et ce, sans préavis, de même que l’introduction d’accessoires comme un voile transparent, ont contribué à accentuer cette impression.

Photo: Sylvie-Ann Paré

Après coup, je me suis interrogé: pourquoi chercher une réponse à tout, alors que la vérité réside dans l’interprétation vigoureuse et joyeuse des artistes qui ont illuminé ma soirée?

C’est la raison pour laquelle je me suis laissée emporter, pour le reste de la représentation, par la proposition artistique qui défilait sous mes yeux, principalement par la danse, que j’ai savouré à l’instar d’un recueil de poésie où l’on n’a pas besoin de tout saisir; l’expérience n’est que meilleure si on se laisse transporter par la sonorité des mots.

Minuit quelque part est un spectacle collectif humble et humain, où la joie de partager la danse est bien présente. C’est également un rassemblement de danseurs talentueux et généreux dans leurs interprétations qui m’ont transmis une bonne dose de joie et qui m’ont rappelé pourquoi la danse est synonyme de bonheur!