La São Paulo Companhia de Dança présente une triade hétéroclite à la Place des Arts

«Trick Cell Play»

L’ouverture du spectacle s’est faite avec Trick Cell Play, une pièce minimaliste chorégraphiée par Edouard Lock. Ce que l’œuvre offre au public est un pur plaisir pour les sens: une gestuelle à la fois vive et légère tel un staccato félin, des enchaînements virtuoses exécutés à la perfection, ainsi qu’un jeu de douches de lumières dévoilant les silhouettes des interprètes et bonifiant, par le fait même, la dramaturgie. La musique, composée par Gavin Bryars, se marie parfaitement à la création.

Le hic, c’est qu’après la beauté de la scène qu’on nous offre, on ne va pas plus loin. La courbe de progression plafonne rapidement et nous transporte avec elle, de manière linéaire, jusqu’au mouvement de la fin.

Trick Cell Play aurait bénéficié d’une durée plus courte pour qu’on ne lui reproche pas ses longueurs et sa répétitivité et qu’on puisse profiter de son esthétique, car c’est essentiellement à cela qu’on s’en tient.

«L’Oiseau de feu»

Marco Goecke a pris le relais avec un pas de deux sur la musique du ballet L’Oiseau de feu d’Igor Stravinsky. Ce duo revisite la rencontre entre deux personnages du ballet, l’Oiseau de feu et le prince, et ce, de façon contemporaine. Avec une esthétique épurée, éloignée de la version originale, on observe comment les protagonistes s’apprivoisent et communiquent.

Malgré l’ère contemporaine, on remarque quelques notes de mimétisme, comme des mains qui papillonnent ou des bras qui feignent l’envol parmi les mouvements plus abstraits.

Curieusement, on observe toutefois un manque de cohésion; la composition, la gestuelle et les interprètes semblent flotter indépendamment dans l’espace scénique.

Les spectateurs.trices connaissant l’œuvre originale apprécieront peut-être le clin d’œil de Goecke au ballet d’origine, mais outre cela, cet hommage à L’Oiseau de feu tombe quelque peu à plat.

«Agora»

Finalement, c’est Cassi Abranches qui a clos la représentation avec Agora, chorégraphiée sur le thème du temps. Colorée et animée, cette œuvre a redonné un souffle à la soirée. Douze interprètes exécutent des phrasés élaborés, rapides et virtuoses, construits de pair avec la musique de Sebastián Piracés.

Fidèle à son sujet, Abranches a le souci du timing, du rythme, de la progression de son idée.

Cette exploration de la temporalité ne sort pas des sentiers battus et sert quelques clichés reliés au temps,  mais elle a le mérite de terminer le spectacle en force avec la prestation la plus entraînante de la soirée.

En conclusion

Le talent de la São Paulo Companhia de Dança a certes été mis de l’avant dans ce spectacle. Séparément, on peut apprécier le travail des chorégraphes, mais c’est surtout la vue d’ensemble qui est le tendon d’Achille de la soirée.

Le choix des pièces n’est pas idéal en termes de durée, tant la première partie est longue et engloutit l’énergie nécessaire pour assister aux deux autres.

Cela dit, les amateurs.trices de technique classique se délecteront de la beauté plastique et des compositions musicales qu’on retrouve dans ce programme triple.

La São Paulo Companhia de Dança sera au Théâtre Maisonneuve de la Place des Arts jusqu’au 9 avril, à 20h.