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Crédit photo : Mathieu Pothier
On était étonnés de voir tant de gens en file devant le Club Soda. Une grosse masse de gens qui tournait sur la rue Ste-Catherine, puis sur Saint-Dominique, le coin de rue suivant, malgré les 20h déjà sonnés, heure annoncée du début du spectacle. Presque aussi étonnés devant le retard d’ouverture des portes que de voir tant de gens réunis pour une artiste qui, disons-le, n’offre pas la musique la plus accessible à un large public; il faut adhérer à la proposition.
Et pourtant, des acclamations vives se firent entendre dès les premières notes de «Tunnel» (L’alchimie des monstres, 2013), et les gens se mirent rapidement à chanter: le public présent n’était pas là pour découvrir une jeune artiste qui fait de plus en plus parler d’elle; ils la connaissent, et c’est grâce à eux qu’on parle de plus en plus d’elle!
Ceux qui la connaissent s’y attendaient, mais absolument tout est mise en scène théâtrale avec Klô Pelgag: de son arrivée surprise après un long prélude instrumental de ses musiciens, lorsqu’elle se releva de par terre, accroupie qu’elle était depuis tout ce temps sous un tas de toutous qui sont restés collés après sa combinaison de velcro, jusqu’à la descente du plafond d’un sceau dont elle prit une drôle de mixture afin de s’enduire la peau du visage et des mains; mixture qui illuminera aux blacklights pendant «Rayon X», acclamée elle aussi.
«Le technicien qui vient m’apporter des affaires, je l’ai trouvé sur Kijiji», lancera-t-elle aussi lors d’une de ses quelques interventions parlées au public, avec son sens de l’humour particulier et si charmant. Si elle a aussi fait rire les gens qui découvraient les paroles de ses nouvelles chansons, notamment durant «Au musée Grévin», elle a aussi fait sourire lors de sa présentation de «Incendie», «une chanson d’amour pour les gens amoureux en devenir. On a tous ce potentiel-là, je pense.»
S’accompagnant à la guitare comme au piano ou même à l’orgue, l’artiste étonne avec sa maîtrise vocale et ses envolées en voix de tête, de même qu’avec son utilisation judicieuse et originale des instruments à cordes dans sa musique, mais c’est surtout la flamboyance de ses spectacles et de ses décors, costumes et accessoires qui font tourner les têtes. Derrière elle, bien perché en hauteur, un grand cœur enfermé dans une cage thoracique s’illumine de différentes couleurs, tandis que les maquillages des musiciens eux aussi deviennent colorés selon les éclairages, et que les grands sacs de ballons qui s’allument de différentes façons, accrochés à chacun d’eux, agrémentent et colorent le concert.
En enchaînant «Nicaragua», succès du premier album durant lequel les gens ne se firent pas prier pour chanter, puis «Samedi soir à la violence», le tout premier extrait de L’étoile thoracique, dont le refrain est irrésistiblement entraînant, la chanteuse demanda ensuite aux gens de participer, mais pas simplement en tapant des mains: «Vous pourriez faire une grosse galette, couchés par terre. Vous êtes assez nombreux pour que ce soit intéressant au niveau pictural, je pense.» Croyez-le ou non, le parterre complet du Club Soda s’agenouilla ou s’assit en indien durant «Les animaux»; un moment magique qui marquera certainement les annales de Coup de cœur francophone.
«Je voudrais remercier des gens; des gens qui veulent me formater depuis longtemps», lancera-t-elle venu le temps du moment plus formel du spectacle, qui faisait aussi office de lancement pour son nouveau disque. Des remerciements qui, disons-le, étaient interminables (elle avait deux pages de noms!), mais comiques et charmants comme elle seule sait faire. Elle se reprendra en offrant, en finale, «Comme des rames», une chanson du premier album qui provoquera un grand enthousiasme et qui fit chanter les gens.
En rappel, si les gens lui crièrent toutes sortes de demandes, c’est avec «La fièvre des fleurs» qu’elle décida de conclure; une chanson que la foule connaissait manifestement par cœur. Mais un spectacle de Klô Pelgag ne peut évidemment pas se terminer si simplement: prenant la place de son musicien à la batterie, l’artiste laissa ledit batteur conclure la soirée dans ce qui sembla être une composition francophone à leur façon tout à fait loufoque sur l’air de «Zombie» de The Cranberries.
Le musicien allant jusqu’à faire du crowd surfing et la pluie de confettis qui se révélèrent être des papiers de biscuits chinois tombés des deux côtés du balcon, on n’en demandait pas tant comme finale inattendue pour clore un concert vivant, dynamique et extrêmement coloré.
Du pur Klô Pelgag!
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de la rédaction