Karim Ouellet et Ludo Pin au Club Soda dans le cadre du Coup de cœur francophone – Bible urbaine

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Karim Ouellet et Ludo Pin au Club Soda dans le cadre du Coup de cœur francophone

Karim Ouellet et Ludo Pin au Club Soda dans le cadre du Coup de cœur francophone

Déclaration d’amour

Publié le 16 novembre 2013 par Alice Côté Dupuis

Crédit photo : Andréanne LeBel

Réunis à nouveau après avoir été jumelés au Festival étudiant Émergence du Cégep Marie-Victorin en avril dernier, Karim Ouellet et Ludo Pin ont prouvé vendredi soir, devant le parterre d'un Club Soda rempli à craquer, qu’ils n’ont plus rien à voir avec la musique «émergente». Avec une fougue peu commune et un plaisir contagieux, les deux auteurs-compositeurs-interprètes ont conquis la foule de ce 27e Coup de cœur francophone.

Accueilli plus que chaleureusement par les cris d’une foule déchaînée, Karim Ouellet est arrivé sur scène le sourire fendu jusqu’aux oreilles, mais il manquait quelque chose à celles-ci. Sans écouteurs pour s’entendre, Karim Ouellet a attendu qu’un technicien vienne lui porter secours avant de chanter, ce qui a donné lieu à une longue introduction instrumentale qui a toutefois créé une ambiance qui dressait bien la table.

C’est avec une pièce de son premier album Plume que l’artiste québécois d’origine sénégalaise a décidé d’ouvrir le bal. Présentant d’emblée sa maîtrise vocale en passant de la voix de corps à celle de tête sur «Météore», Ouellet s’est aussi avéré être un guitariste fort doué, ce qui n’est pas nécessairement facile à entendre sur album. C’est lors de solos de guitare pendant «Fox», ou encore «Plume», présentée alors qu’il était seul à la guitare acoustique lors de «la partie sensuelle et romantique du spectacle», que le musicien a démontré l’ampleur de son talent.

«Je m’appelle Karim Ouellet et à trois vous allez tous me dire votre prénom. Un, deux, trois… Enchanté!», a lancé Karim Ouellet à la foule bien entassée, qui n’a pu que rigoler. À l’aise derrière sa guitare et son micro, le chanteur a offert la totalité de son plus récent album, Fox, en plus de revisiter quelques pièces du premier opus et d’inviter des amis à collaborer, ce qui nous a réservé quelques surprises.

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Sur disque, ce n’est pas tellement une évidence, mais il appert qu’en spectacle la musique de Karim Ouellet est très influencée par le reggae. Entre les rythmes tranchants de la guitare électrique et les coups de caisse claire de Justin Allard à la batterie, quelques pièces comme «En couleurs», ont adopté le style musical. D’autres, au contraire, comme «Les brumes» ou «Foudre», ont été interprétées de façon beaucoup plus rock et électrique que sur l’album, ce qui leur a fait perdre de la légèreté qui plaît tant de Fox.

Si Karim Ouellet a un charme indéniable et qu’il provoque facilement les cris de joie dans la foule, il faut dire qu’il n’a pas grand-chose à dire à son public. Alternant entre «Montréal, fait du bruit!» et «Alors Montréal, ça va ou quoi?», phrases répétées à maintes reprises, l’interprète n’est peut-être pas encore tout à fait à l’aise avec l’idée de communiquer avec son public. Dommage pour lui, car à ce chapitre, sa jeune sœur Sarahmée, apparue de dynamique façon sur l’éthérée «Décembre» et en rappel, ainsi que son percussionniste, King Abid, lui ont volé la vedette haut la main. Enjoignant la foule de taper des mains et de crier pour manifester son amour à Karim Ouellet à de nombreuses reprises, King Abid a agi presque comme un animateur de foule, en plus de chanter quelques entraînantes chansons de reggae au cours de la soirée, dont un bout de «La moindre des choses», se promenant inlassablement d’un côté à l’autre de la scène, infatigable.

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Qu’à cela ne tienne, la musique de Karim Ouellet a un effet monstre sur son public, comme en témoigne son interprétation de «L’Amour», la chanson qui, selon plusieurs, aurait dû remporter une statuette au dernier gala de l’ADISQ. Prenant son public en photo et demandant à celui-ci d’ouvrir briquets et téléphones cellulaires pendant l’instrumentale «La fin», Karim Ouellet sait par contre créer des moments. Faire chanter son public durant la douce «Marie-Jo», interprétée de façon sentie en rappel, seul à la guitare? Un beau moment d’émotion. King Abid balançant des confettis et lançant des ballons gonflés sur la foule après «Catastrophe»? Un autre beau moment magique.

Karim Ouellet a le talent de musicien et de chanteur: il sait pousser la note autant que la contenir, et il sait se lancer dans des solos dynamiques ou plaquer des accords rythmés. Il a le charme, les mélodies accrocheuses et l’authenticité de son côté. Ça n’est donc pas surprenant que vendredi dernier, la foule réunie sur le parterre du Club Soda lui ait donné tant d’«Amour».

Ludo Pin

C’est avec la pièce d’ouverture de Paris-Montréal, son plus récent projet, que Ludo Pin a ouvert ce concert. «Que veux-tu» a tout de suite mis la table pour ce qui allait être un spectacle aux sonorités électroniques, mais aussi assez pop, comme l’a démontré la chanson d’amour «Si j’en abuse», qui a aussitôt suivi. Visiblement très à l’aise sur scène, l’artiste québécois d’origine française n’a pas hésité à se laisser aller au son de sa musique, que ce soit en jouant de sa guitare électrique en dansant ou en suivant le rythme avec ses mains, entre deux coups de plectre.

Presque en transe pendant ses solos de guitare, se balançant d’avant en arrière comme lors de la pièce qui l’a fait connaître en jouant dans certaines radios, «Sans ça», ou encore «Le temps nous dira» (EP Le temps nous dira (2010)), Ludo Pin se donne et ça donne un bon spectacle. Énergique et chaleureux avec son public, il n’hésite pas à le faire participer à quelques reprises, notamment lors de sa reprise du classique de MC Solaar, «Victime de la mode». Avec le batteur Mathieu Vézio à la batterie électronique pour l’occasion, la chanson a été livrée avec une musique minimaliste, laissant toute la place aux rythmes préenregistrés et aux synthétiseurs de Navet Confit.

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Utilisant deux micros, l’un des deux étouffant sa voix comme dans une vieille radio, ce qui contribuait à la création d’ambiances planantes pour certaines de ses chansons, Ludo Pin aime manifestement jouer avec les sonorités et les rythmes. La pièce «Tout et son contraire» a d’ailleurs ravi les oreilles grâce à des arrêts de la musique qui ont permis des reprises percutantes. Pour supporter ces envolées rythmiques où les sons artificiels typiques des sonorités électroniques de la musique de Ludo Pin prenaient toute la place, un travail d’éclairage dynamique suivait bien la musique.

Réchauffant bien la salle pour son acolyte Karim Ouellet, Ludo Pin a su livrer la marchandise de ses albums Paris-Montréal (2013), Le temps nous dira (2010) et Ludo Pin (2008) en démontrant une énergie belle à voir, une voix parfois planante et mélancolique, d’autres fois fragile et délicate, et un plaisir perceptible d’être sur scène. Sa musique pop-rock aux sonorités électro semble avoir convaincu le public qui ne s’est pas gêné pour taper des mains à quelques reprises. Le charme de Ludo Pin aura opéré.

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