SortiesHumour
Crédit photo : Louis Longpré
Si le concept de base est peu établi et que la ou les ligne(s) directrice(s) n’ont pas vraiment de définitions claires, on garde surtout en tête qu’on a ici une plateforme idéale pour faire briller ces deux artistes qui savent profiter pleinement de leurs forces tout en tirant avantage de leurs plus belles qualités.
Même si les deux humoristes se partagent la scène à l’ouverture et à la fermeture, elles «s’alternent» la tête d’affiche, gardant comme leitmotiv le désir de se confier au public sur tout et rien, majoritairement des confidences gênantes. Un concept similaire à celui qu’avaient mis de l’avant David Beaucage et Katherine Levac dans Un beau programme, qui s’avère moins restreint qu’une formule deux fois trente minutes. Et bien qu’une complicité est palpable entre ces deux diplômées de l’École nationale de l’humour à près de cinq années d’intervalle, elles sont définitivement plus à l’aise dans leurs univers distincts que lorsqu’elles tentent de faire des liens avec des tests bidons de magazines, ou encore en nous parlant de leur amour pour Gino Chouinard.
Fortement à l’aise avec la formule stand-up, Josiane Aubuchon a profité de son franc-parler, de son énergie rassembleuse singulière et de ses déhanchements pour nous parler de sa vie personnelle, puisqu’elle a une façon bien à elle de la vivre, mais encore plus de la raconter. Il faut l’entendre parler de son expérience de yoga pour ne pas perdre de temps avant d’éclater de rire. Sa façon de s’adresser à la foule et de nous inclure dans une métaphore singulière de la chasse-galerie n’a pas d’équivalent, et l’humoriste nous prouve encore une fois et sans l’ombre d’un doute qu’elle est née pour dominer les scènes.
De son côté, Linda Bouchard est une interprète hors pair. On le savait déjà avec ses collaborations précédentes, dont sa participation aux sketchs des finissants auteurs de l’École nationale de l’humour auxquels elle participe depuis maintenant quatre ans, mais elle renforce encore plus l’idée en nous présentant deux nouveaux personnages fort amusants. Si son athlète russe joue beaucoup sur les préjugés, malgré plusieurs réflexions qui visent particulièrement juste, sa coach d’insomnie aux méthodes discutables et qui vise à maximiser l’efficacité au quotidien est tout simplement délirante. À ce titre, la métaphore d’ouverture avec le porteclé est remarquable.
Et quand on lui enlève ses accessoires, ses costumes et tout le tralala, Linda Bouchard montre tout de même une aisance et un charisme évident lorsque dans sa première intervention elle nous parle des trucs de grand-mère qu’elle connaît par coeur. Son sens de l’autodérision frappe juste, surtout quand elle parle et montre son double menton rassurant, ce qui est tout à l’honneur de l’artiste.
Josiane Aubuchon se situe au même niveau d’authenticité lorsqu’elle use de ses courbes pour mieux satisfaire le spectateur, en lui parlant amicalement de son bourrelet prénommé Pedro. Sa manière de raconter comment elle a besoin d’un homme assez fort pour la supporter puisqu’elle a déjà eu peur de briser en deux un frêle hipster tripeux de pots Masson est à nouveau une démonstration indéniable de sa façon unique de nous raconter les choses.
Enfin, puisqu’on en prendrait davantage, car soixante minutes passent assez rapidement, Nous & cie est un agréable rassemblement de deux belles recrues de la relève humoristique de l’humour au féminin. En plus d’être épaulées par une Marie-Lise Pilote tapie dans l’ombre, les deux femmes semblent puiser leurs influences dans un spectre aussi large, lequel s’étend de Claudine Mercier à Dominique Michel, ce qui permet d’espérer avec grand enthousiasme qu’elles s’offrent encore une dose de concision dans leurs univers pour se permettre un jour d’aller aussi loin que leurs inspirations, puisque leur talent en a certainement la possibilité.
Nous & cie sera présenté une dernière fois ce samedi 1er août 2015 à 19h15 dans l’intimité de la Balustrade du Monument-National.
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de la rédaction