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Crédit photo : Susan Moss
Issu d’une longue lignée de musiciens de La Nouvelle-Orléans, incluant le compositeur Harold Battiste, le clarinettiste Alvin Batiste et le chanteur «Oncle» Lionel Batiste, Jon Batiste s’est taillé une place de choix sur la scène du jazz moderne.
Ce musicien brillantissime a sorti son premier album à 17 ans avant d’entamer ses études à la prestigieuse Juilliard School de New York. Depuis, il a joué pour l’orchestre de l’émission The Late Show with Stephen Colbert, il a présenté d’innombrables concerts et pris part aux plus grands festivals, en plus de composer la bande-son du film Soul de Disney/Pixar (2020) et de collaborer au titre «Candy Necklace» de Lana Del Rey.
Batiste a récemment été nommé six fois aux Grammy Awards en 2024, notamment dans les catégories «Album de l’année», «Enregistrement de l’année» et «Chanson de l’année» pour son album acclamé par la critique, World Music Radio. D’ailleurs, il ne cesse d’accumuler des nominations d’un tel renom.
Le concert auquel j’ai eu la chance d’assister a eu lieu seulement quelques jours après qu’il ait joué et ait été nommé à la 96e cérémonie des Oscars le 10 mars pour sa chanson «It Never Went Away».
Une salle débordante d’énergie au rendez-vous
Alors qu’habituellement je parviens à me frayer un chemin jusqu’à la scène du MTELUS, ce fut mission impossible ce soir-là! Aucun·e fan montréalais·e·s n’avait prévu de rater le premier concert à Montréal comme tête d’affiche du pianiste virtuose! Autour de moi, certains avaient parcouru plusieurs centaines de kilomètres ou avaient traversé la frontière canado-américaine pour assister à ce concert.
L’artiste a commencé sa prestation avec l’un de ses titres récents, «Hello, Billy Bob», tiré de son album World Music Radio. Cette chanson aux accents reggae a immédiatement répandu une bonne dose de bonne humeur dans la salle. Elle a été suivie de près par «Raindance», qui illustre parfaitement la capacité de Jon Batiste à intégrer des influences musicales du monde entier. Et c’est d’ailleurs ce qui fait sa force: il mêle habilement des influences de blues au jazz en passant par la pop, le R&B, le hip-hop et la musique d’orchestre.
Cela est certainement dû en partie à son éducation à la Juilliard School, où il a affiné sa technique et exploré divers genres musicaux afin de réaliser pleinement son potentiel créatif. Dans une entrevue accordée à Variety en décembre 2021, il a décrit ses nominations aux Grammy Awards comme étant «une affirmation de [sa] conviction que la musique transcende les genres».
«Worship» a été rapidement chantée à pleins poumons par l’ensemble du public. Ce titre, facile à reprendre, même pour ceux qui ne le connaissaient pas grâce à ses paroles répétitives, met en lumière l’importance des liens familiaux et l’appréciation mutuelle pour donner un sens à la vie.
D’autres chansons, telles que «Butterfly», m’ont vraiment mis la larme à l’œil. Cette pièce est une véritable déclaration d’amour inspirée par son épouse, l’auteure Suleika Jaouad, alors qu’elle traversait à cette période sa deuxième greffe de moelle osseuse dans sa lutte contre la leucémie.
En revanche, des titres comme «I Need You» donnaient immédiatement envie de danser!
Jon Batiste répand son évidente joie de vivre
Il m’est rarement arrivé d’assister à un concert en compagnie d’un artiste qui semblait aussi heureux de partager sa musique avec le public à ce point!
Sa joie communicative s’est rapidement répandue dans la salle, amplifiée par son costume d’un bleu ciel éclatant. Chaque chanson s’enchaînait naturellement avec la suivante, créant ainsi une symphonie harmonieuse où le jazz, la pop et la soul se mêlaient au centre d’un ensemble cohérent.
La musique de Jon Batiste se démarque également par son souci de mettre de l’avant ses musiciens. Il se déplaçait souvent sur scène pour leur accorder davantage d’espace et attirer l’attention sur eux. Lorsqu’il a entonné «If You’re Happy and You Know It», toute la salle s’est mise à applaudir et à chanter la célèbre comptine pour enfants à l’unisson.
Ce moment précis m’a replongé dans mes propres souvenirs d’enfance passés à chanter cette même chanson devant des émissions comme Sesame Street ou The Wiggles (qui, eux aussi, étaient adeptes de tenues monochromatiques aux couleurs éclatantes!)
On a également eu droit à quelques-unes des meilleures chansons de son album We Are, dont «I Need You» et «Master Power». On ressentait clairement les influences de la musique bounce des années 1980 et du jazz typique de La Nouvelle-Orléans. Tout au long du concert, Jon Batiste a alterné ses instruments: il a joué du piano, de la guitare électrique, du clavier, du mélodica, de la guitare acoustique et de la batterie.
Un vrai touche-à-tout ce Jon Batiste!
Une facilité à créer un sentiment de communauté
Tout au long du concert, le concept de «musique sociale» de Jon Batiste, visant à rassembler les gens et à créer un sentiment de communauté, tout en rendant hommage aux influences musicales de sa ville natale, était palpable.
Seul bémol à cette prestation endiablée: le concert a duré un peu plus d’une heure et demie. J’en aurais pris plus!
Si vous voulez en savoir plus sur son parcours, l’histoire de Jon Batiste est mise en lumière dans le documentaire biographique American Symphony (2023), réalisé par Matthew Heineman et nommé dans la catégorie du «Meilleur film documentaire» à la 96e cérémonie des Oscars. Ce film retrace sa carrière musicale et les défis liés à la maladie de sa femme.
Sa tournée se poursuit aux États-Unis jusqu’en juin. Je ne sais pas pour vous, mais moi je pense sérieusement à l’idée de m’acheter un billet en direction d’Austin afin de revivre ce concert débordant de joie de vivre!
La prestation de Jon Batiste en images
Par Susan Moss
L'avis
de la rédaction
Grille des chansons
1. Hello, Billy Bob
2. Tell the Truth
3. Freedom
4. Raindance
5. Worship
6. Piano Moment
7. Butterfly
8. Melodica sing along / Nola
9. If You’re Happy and You Know It
10. We Are
11. Cry
12. Master Power
13. I Need You
14. Running Away
Rappel
15. Piano Solo
16. Acoustic Love Riot Sing Along