James Blake au Métropolis de Montréal – Bible urbaine

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James Blake au Métropolis de Montréal

James Blake au Métropolis de Montréal

L’envoûtement par le spleen

Publié le 10 novembre 2013 par Éric Dumais

Crédit photo : facebook.com/jamesblake

Celui qui a remporté le prestigieux prix Mercury pour le meilleur album de l’année avec «Overgrown» était de passage au Métropolis de Montréal en compagnie de Nosaj Thing, après avoir reporté son concert de quelques mois. L’attente en a valu la chandelle puisque James Blake, du haut de ses 25 ans, a envoûté son public qui s’était entassé pour entendre le chant spleenétique du jeune prodige anglais.

Huit projecteurs d’un bleu éblouissant ont donné le coup d’envoi de ce spectacle de 75 minutes avec un éclairage clignotant et aveuglant. James Blake a fait son entrée sur scène en solo, prenant place derrière ses claviers pour interpréter «I Never Learnt to Share», pièce qui figure sur son premier album homonyme. Chantant d’une voix mélancolique: «My brother and my sister don’t speak to me / But I don’t blame them / But I don’t blame them», il s’est ensuite servi de sa pédale de loop pour passer en boucle ce couplet qui allait se répéter plus d’une fois. L’effet, chaudement accueilli par le public, n’a été qu’un bon coup parmi tant d’autres.

Alors que ses deux acolytes avaient eu le temps de se placer derrière leurs instruments pour accompagner le jeune Anglais dans sa virée froide mais confortable, James Blake a enchaîné avec «Life Round Here», morceau phare de son plus récent opus Overgrown. Rejoignant ici les rangs de l’artiste invité Nosaj Thing, avec des rythmiques hip-hop teintées d’électro, Blake s’est ici payé une version langoureuse qui mettait à profit son chant mélancolique. «To the Last», avec ses ambiances profondes et caverneuses, nous a présenté un artiste accompli qui maîtrisait bien ses variations vocales, même dans les aigus.

Alternant entre l’électro, la pop, la soul, le dubstep et le hip-hop, James Blake a revisité ses meilleurs titres éparpillés sur de nombreux EP, avec notamment «Air & Lack Thereof», «CMYK», «Overgrown», «I Am Sold», «Digital Lion» et «Limit to Your Love», une reprise de la chanteuse canadienne Feist, qui a provoqué une salve d’acclamations de la part du public. Interprétation voix-piano de haut niveau, Blake a réussi à dénuder la pièce originale pour en offrir une version presque sensuelle. Le morceau «Lindisfarne II», qu’on aurait dit calqué sur Bon Iver avec son auto-tune et son ambiance hivernale, a été l’un des moments intimes les plus réussis de la soirée.

«Retrograde» a bien entendu été le titre le plus attendu du spectacle, quelques spectateurs l’ont d’ailleurs crié à plus d’une reprise, et James Blake n’a pas semblé décevoir son public, qui avait déjà brandi téléphones intelligents hauts dans les airs pour immortaliser le moment. Avec un éclairage orangé et diffus, la mise en scène apportait une aura aux couleurs chaudes qui contrastait cependant un peu avec les paroles. Au rappel, James Blake est revenu seul pour interpréter au piano «Measurements», qui a clôt ce concert sur une note tout en douceur.

Le jeune prodige a brillé, hier soir, par son inventivité et sa facilité à communiquer ses émotions par la musique, qui prenait par ailleurs une tout autre dimension en formule live.

Nosaj Thing

Le producteur californien Nosaj Thing avait l’honneur d’ouvrir le bal pour James Blake en début de soirée. Celui qui a timidement ouvert pour The XX lors de leur premier passage dans la métropole n’a toujours pas réussi à hypnotiser son public, la faute étant peut-être à cet unique projecteur qui laissait Jason Chung dans la pénombre. La magie, qui a pourtant si bien opéré sur Drift, n’a malheureusement pas été ressentie hier soir. Il faut néanmoins s’incliner devant les solides interprétations de «Fog» et «Coat of Arms», qui transportaient littéralement l’auditeur. Alternant entre ses deux opus, Nosaj Thing a offert un enchaînement bien préparé mais peut-être trop tranquille. La chanson «Eclipse Blue», qui colore son plus récent album Home, demeure l’un des meilleurs moments de sa prestation d’environ quarante minutes.

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