SortiesHumour
Crédit photo : Michel Grenier
En première partie: Alexandre Forest
Le jeune humoriste Alexandre Forest a diverti de manière candide un public plutôt attentif. Aimant brouiller les pistes quant à son orientation sexuelle, Forest veut dénoncer le jugement et cette tendance irrévérencieuse à catégoriser les individus selon leur style vestimentaire ou leur côté efféminé.
Nettement moins corrosif que Wagner, ce dernier aura au moins réussi à décrocher quelques rires timides. Une première partie plutôt sage, mais qui aura su mettre la table pour le cinglant Wagner.
Développer sa propre morale avec Wagner
Avec son plus récent spectacle, Guillaume Wagner s’intéresse surtout aux enjeux de société tentant d’élever l’humour et la conscientisation au même niveau. Ainsi, il pointe du doigt le climatosceptique, accorde une place prédominante à l’image de soi narcissique, de même qu’à la superficialité qui découlent elle aussi des réseaux sociaux.
Sans vouloir être moralisateur, car il ne s’assume pas du tout comme l’exemple ou la référence, il incite plutôt le public à développer sa propre morale. Il voit en la rébellion le développement de l’esprit critique et non le mot à son premier degré, soit la désobéissance civile. «Juste pas suivre le troupeau», nous précise-t-il.
Wagner redonne à la femme ses lettres de noblesse en dénonçant au passage l’humour de ses collègues humoristes, et de lui-même, par le passé, à l’endroit de leurs blondes. Mais l’amour, le couple, la monogamie versus la polygamie, ne sont-ils pas des sujets inspirants et inépuisables pour un humoriste? Personne n’y échappe.
Il aborde d’ailleurs le courage exemplaire des mères, soulignant leur performance lors de l’accouchement. Et si on pariait sur ces femmes qui mettent au monde? «Pas d’épidural , je vais la mettre dans mon pool». Il rappelle aussi aux hommes de calmer leur «Viking intérieur», faisant référence au mouvement #Moiaussi et à la notion de consentement.
Bref, Guillaume Wagner, avec son côté cinglant et son air fendant, évite de verser dans la condescendance ou le scepticisme amer. Son nouveau rôle de père ne l’a peut-être pas assagi totalement, mais il aura éveillé une fois de plus un éclair de lucidité face à une société endormie.
Fidèle à lui-même, Wagner sait doser les blagues voraces et l’humour féroce. Un excellent one man show. À voir absolument!
Le spectacle «Du coeur au ventre» de Guillaume Wagner en images
Par Michel Grenier
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de la rédaction