Gilbert Rozon présente son premier one man show à l’occasion de Zoofest 2015

Avant d’en arriver à la production de spectacles et à l’organisation du plus gros festival d’humour au monde, Gilbert Rozon a exercé des dizaines de métiers. À l’âge de 14 ans, à Saint-André d’Argenteuil, le village où il a grandi, il a commencé sa carrière comme fossoyeur, ce qui lui a permis de payer ses études et de venir s’installer à Montréal quelques années plus tard. Inscrit dans toutes les écoles de théâtre, il est refusé partout et se retrouve au Cégep du Vieux-Montréal, où il fonde une troupe amateure, avec laquelle il a monté plusieurs spectacles et voyagé à travers le Québec pendant trois ans.

Le rêve a pris fin brusquement lorsqu’il a été victime, avec quelques-uns de ses amis, d’un terrible accident de la route, alors qu’ils se trouvaient à Baie-Saint-Paul pour la présentation d’un de leurs spectacles. Deux des passagers de la voiture sont décédés. Déprimé et en état de choc, Gilbert Rozon est revenu dans son village natal et a repris la compagnie d’un imprimeur qui a pris sa retraite. Sachant que ce n’était pas ce à quoi il voulait consacrer sa vie, il y est resté tout de même quelques années, le temps de payer ses études en droit et pour faire plaisir à son père aussi. Son diplôme ne lui a toutefois servi qu’à prouver que, même s’il était capable d’être avocat, ce n’était pas ce qu’il avait envie de faire dans la vie.

L’année suivante, alors qu’on lui a demandé d’organiser un spectacle pour le 300^e anniversaire de son village, il a vu le mandat beaucoup plus gros qu’il ne l’était réellement, et a décidé plutôt d’organiser une immense fête de quatre jours dans la ville voisine. Alors qu’il ne partait de rien et qu’il espérait attirer 15 000 personnes, le jeune Rozon – il avait tout juste 25 ans – a réussi à réunir plus de 40 000 personnes le dernier soir. Si cette première édition a été un succès immense et inespéré, la deuxième édition fut un échec monumental.

Démoralisé et sans le sou, il est tout de même retombé sur ses pattes et s’est donné comme mission de recommencer en créant le Festival de Montréal, un grand festival où il souhaitait faire venir des artistes de partout dans le monde, mais surtout où il convaincrait son idole, Charles Trenet, d’offrir un spectacle au public québécois, alors que ce dernier n’avait rien fait depuis plus de 15 ans. Après de longues négociations, Trenet a fini par accepter. Parallèlement à cela, un ami de Rozon lui a suggéré de ne pas s’éparpiller et de concentrer son festival autour de l’humour. Ainsi est né Juste pour rire, en 1983.

L’histoire est beaucoup plus longue et détaillée, bien sûr, mais c’est l’essentiel de ce qu’a raconté Gilbert Rozon dans ce premier 60 minutes absolument fascinant. Même s’il n’a pas déclenché les rires à en avoir mal au ventre – et ce n’était probablement pas le but! – on peut tout de même dire que le patron de Juste pour rire sait rendre ses histoires captivantes. Et probablement que nous n’avons eu droit qu’à la pointe de l’iceberg, puisqu’il doit en avoir des milliers d’autres à raconter!

C’était un beau moment qu’a offert Gilbert Rozon lors de ce spectacle qui, pour le moment, n’a eu droit qu’à une seule représentation. Qui sait si l’envie ne lui prendra pas de recommencer? Une chose est sûre, il a semblé avoir eu beaucoup de plaisir à se livrer ainsi pendant un peu plus d’une heure.