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Crédit photo : Luke Ratray
La soirée a débuté à 19h30 et comportait deux entractes de vingt minutes chacun. Elle s’est terminée un peu après 22h. Grâce aux entractes multiples, elle a passé extrêmement rapidement.
L’artiste est entré sur scène, tout élégant avec sa cravate rouge, et il a commencé à jouer immédiatement. Il a prononcé peu de mots tout au long de la soirée, si ce n’est pour remercier les gens qui l’ont amené où il est et les artistes qui ont contribué à la réussite de ce concert, notamment le vidéaste David Michalek.
Son travail a effectivement enrichi d’une façon peu habituelle la prestation de Shaham; la musique était accompagnée de vidéos projetées sur grand écran. Les images permettaient au spectateur de donner un nouveau sens aux pièces et de se laisser aller à l’interprétation. Elles étaient parfois abstraites, parfois narratives, mais elles laissaient toujours place à l’imagination. Leur caractéristique principale était la lenteur.
C’était en fait de courts vidéos au ralenti, certains très lents qu’on avait peine à différencier d’une image figée, d’autres plus rapides. Malgré cela, elles contrastaient toujours avec le violon, qui lui était précis et rapide. On y voyait, notamment, des danseurs de ballet sur fond noir, des colombes, des enfants, le tout toujours avec cet aspect un peu irréel, sur fond noir ou blanc, détaché de la réalité, très lent, très beau.
Dans d’autres séquences, c’était de simples objets comme des fleurs ou un sablier. Chaque séquence accompagnait une sonate et rendait le spectateur curieux de voir la suite, en plus de l’inviter à s’interroger sur le sens réel des images, ce que l’auteur y a vu, ce que Shaham y voit, en quoi est-ce que c’est pertinent pour lui.
C’est ainsi accompagnés visuellement qu’on a pu entendre l’intégralité des sonates et partitas pour violon seul de Bach. Malheureusement, aucun programme n’était disponible ce soir-là. L’OSM s’en est excusé et a annoncé le programme, mais à moins d’être un fin connaisseur de Bach, c’était difficile de suivre les pièces et surtout de se rappeler de leur nom le temps venu. Au moins, Shaham était si bon que c’était un inconvénient facile à oublier.
La grâce, voilà ce qu’il émanait. La grâce dans chaque parcelle de son art, comme s’il ne faisait qu’un avec la musique, comme si son violon était un prolongement de lui-même. Ce qui est toujours impressionnant, c’est la concentration qu’on lit dans le visage d’un virtuose, tellement profonde qu’un tremblement de terre ne semblerait pas interrompre quoi que ce soit. C’est ce qui se trouvait aussi chez Gil Shaham, en plus d’une aisance qu’aucun mot ne peut décrire. On avait l’impression que les notes venaient d’ailleurs tellement il y avait de sons et de subtilités. Sa précision était sans faille.
C’était une autre prestation digne de l’OSM et de la Maison symphonique qui nous a rappelé que même lorsque l’orchestre n’y est pas, les concerts qui s’y donnent restent totalement pertinents et magnifiques.
L'avis
de la rédaction