Entre moments de douceur et émotions brutes: Zaho de Sagazan au MTELUS – Bible urbaine

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Entre moments de douceur et émotions brutes: Zaho de Sagazan au MTELUS

Entre moments de douceur et émotions brutes: Zaho de Sagazan au MTELUS

Une musique qui touche droit au cœur

Publié le 11 avril 2025 par Éric Dumais

Crédit photo : Thomas Paquet (https://www.paquethomas.com/)

La tempête Zaho de Sagazan, à voir le public enthousiaste amassé au MTELUS hier, se fait encore bien sentir, et ce, plusieurs mois après son passage remarqué aux Francos de Montréal l’été dernier. La Française de 25 ans, qui doit encore se pincer après avoir vécu une année 2024 incroyable en tous points – quatre récompenses aux Victoires de la musique, une interprétation de sa reprise de «Modern Love» de Bowie lors du prestigieux Festival de Cannes, sans oublier «Sous le ciel de Paris», qu’elle a chantée lors de la cérémonie des Jeux olympiques de Paris – bref, de Sagazan, c’est bien plus qu’une artiste comme les autres; c’est une femme sensible et créative qui a su toucher droit au cœur les gens grâce à sa poésie et à ses mélodies envoûtantes.

Il y a une qualité qui lui sied à merveille, plus encore que son charisme: elle est extrêmement reconnaissante de son succès – comme tombé du ciel, littéralement – et du précieux travail de tous ces humains qui gravitent autour d’elle. Et ça paraît qu’elle les apprécie du fond du cœur.

D’ailleurs, ce n’est pas anodin: Zaho a fait son entrée en scène en même temps que ses musiciens – Rémi, Simon et Tom – sans se faire désirer, déjà assise devant son clavier, prête à caresser les notes de son clavier, avec langueur. Dans la pénombre, elle attendait le moment opportun pour lancer le bal avec «La fontaine de sang».

Zaho de Sagazan. Photo: Thomas Paquet

Suivant le fil narratif de son album acclamé La symphonie des éclairs, dont la chanson-titre a cumulé plus de 62 millions d’écoutes sur Spotify, ses musiciens et elle ont enchaîné avec «Aspiration». Déjà, le rythme du show allait crescendo; la Française s’est levée de son siège, arpentant la scène comme une lionne, chantant «Dernière cigarette, ce sera ma dernière cigarette», comme si c’était la dernière chose qu’elle souhaitait faire en ce monde, avant de disparaître.

Après avoir demandé au public s’il était prêt pour «Le dernier des voyages», «tant que ça ne fait de mal à personne!», a-t-elle ajouté avec une pointe d’humour, mais spécifiant, au passage, que cette pièce «parle de mort, que c’est un trip qu’on n’a pas trop envie de faire». Qu’à cela ne tienne, cela n’a refroidi personne, puisqu’on a eu droit à une version disco-pop de ce titre, appuyée d’éclairages bleutés qui nous plongeaient littéralement en transe.

L’artiste, de plus en plus à l’aise devant les applaudissements de son public, a commencé à s’exprimer plus librement entre ses chansons, racontant des anecdotes personnelles et familiales, toujours avec cette franchise qu’on lui connaît.

Zaho ne cherche pas à être divertissante; elle l’est naturellement. Très articulée, elle enchaîne les mots comme si elle était minutée, à un tel débit qu’elle en devient drôle malgré elle. Toujours avec une pointe de franchise et d’autodérision, elle raconte ces tranches de vie et crée instantanément un lien fort d’attachement avec ses fans.

C’est ce naturel qui la rend si attachante. Et sa sensibilité aussi. Elle l’avoue elle-même, elle pleure beaucoup. Même qu’elle pleure tout le temps. Et elle rêve d’amour aussi.

«Le dramatique reviendra vite au galop, car il fait partie de mon ADN. Dans la vie, je rêve beaucoup, et particulièrement d’un sujet, l’amour. L’amour étant la chose la plus importante sur Terre. Nous sommes en effet nés pour en recevoir et en donner. Il y a un amour qui me manque depuis 25 ans, c’est l’amour romantique. Pour survivre à ce malheur, j’ai rêvé d’amour», a-t-elle confié lors d’une tirade qui a arraché plus d’un rire aux spectateurs.

Zaho de Sagazan. Photo: Thomas Paquet

Elle a fini par nous avouer que tous ses amis ont avant tout été des crushs et qu’elle est même tombée follement amoureuse d’un pur inconnu, une personne qu’elle ne connaissait pas, mais qu’elle a inventée de toutes pièces, puisqu’elle l’avait rêvée. C’est avec l’idée que rêver, ça ne fait de mal à personne qu’elle nous a convié à la suivre durant son interprétation de la fort jolie «Mon inconnu».

Toujours avec l’idée que l’amour est au cœur  de ses préoccupations, Zaho de Sagazan a chanté «Dis-moi que tu m’aimes», précisant que «cette chanson contient beaucoup de fois le mot amour, mais qu’elle ne parle pas du tout d’amour». Après avoir offert «Je rêve» et «Tristesse», l’une des pièces maîtresses de son album, l’auteure-compositrice-interprète a «brassé la cage» des Montréalais, qu’elle trouvait trop statiques, leur demandant s’ils sont des humanoïdes, durant «Ô travers».

Et bien sûr, le moment que tous et toutes attendaient avec impatience: son interprétation de «La symphonie des éclairs», son succès de l’heure. Sur ce titre, elle s’est confiée: «La prochaine chanson parle de sensibilité. Je suis de ces gens qui pleurent beaucoup. J’étais un peu dure à vivre parce que je pleurais tout le temps. C’était un peu mon drame à moi que de n’être pas comprise. J’ai commencé à pleurer sur un piano et ça m’a fait un bien fou.»

Jusqu’ici, le voyage se passait plutôt bien, surtout après l’exquise «Old Friend», qu’elle chante, sur disque, avec Tom Odell, l’un de ses idoles, dont la voix nous est parvenue d’un téléphone fixe qu’elle a décroché sur scène.

Entre moments d’émotions brutes, secousses plus dramatiques et confidences savoureuses, la traversée en compagnie de Zaho de Sagazan était confortable, comme en classe affaires. Mais le décompte vers l’atterrissage était déjà entamé et la Française brûlait d’envie de nous emmener ailleurs.

«Je crois que la tempête a assez pleuré comme ça. Les vingt prochaines minutes qui vont vous arriver dans la gueule seront faites uniquement de musique électronique. On a bien assez pleuré comme ça. Il est temps d’aller dans sous l’orage.»

Zaho de Sagazan. Photo: Thomas Paquet

Les titres «Hab Sex» et «Dansez», sur laquelle Stromae aurait du fun à se déhancher, ont marqué une finale toute en rythmes et en sueur. Après avoir été applaudis haut et fort pour leur performance, Zaho de Sagazan et ses musiciens sont revenus sur scène – désormais en formule quatuor, puisqu’un certain Guillaume s’était ajouté aux chœurs – pour interpréter «Modern Love», sa reprise de David Bowie, et «une autre chanson qui n’est pas d’elle», mais qui fait tellement de bien dans «ce monde de connards», comme elle l’a si bien dit, «Ah que la vie est belle» de Brigitte Fontaine.

Lors de cette dernière, Zaho est descendue au parterre pour chanter yeux dans les yeux avec les spectateurs, et s’est frayé un chemin dans la foule pour créer un contact avec ses fans, histoire que tous repartent à la maison avec la certitude d’avoir assisté à un moment bien réel et non rêvé.

Charlie Motto: une artiste à surveiller de près

À 20 h tapantes, c’est l’autrice-compositrice-interprète française Charlie Motto, l’une des invitées de Zaho de Sagazan sur sa tournée nord-américaine, qui a fait son entrée en scène, suivie par son musicien-arrangeur et complice multitâches, Couturier, qui a même joué au vidéaste!

Après avoir cassé la glace de manière soft avec «Aussi fou» et lancé un «Bonsoir, tout le monde, ça va? Je suis trop contente d’être ici!», la Parisienne aux cheveux de feu, tout sourire, et débordante d’enthousiasme, a enchaîné avec «J’ai envie de toi», durant laquelle elle a incité le public à participer lui aussi: «Est-ce que vous êtes chauds pour chanter avec moi?» C’est à ce moment précis qu’elle a lâché son fou, se mettant tout à son aise, bougeant et dansant librement.

Pour sa toute première visite au Québec, Charlie Motto, cette fan de Caroline Polachek et Kate Bush, a su faire sortir les gens de leur cocon, et ce, malgré le fait qu’elle se considère elle-même comme une introvertie – mais ça, c’est elle qui le dit!

Charlie Motto. Photo: Thomas Paquet

En tout cas, elle cache bien son jeu, puisqu’elle sait occuper une scène avec aisance. Et tout au long de sa performance, elle a su démontrer une passion indéniable pour sa passion, la musique. «Pour moi, c’est un endroit où elle je me sens libre, et surtout libre d’expérimenter», a-t-elle exprimé.

Après avoir offert la chanson-titre de l’un de ses deux EP, «Citadelle», puis «Hyper-glauque», une pièce qui figure sur Portrait-robot et qu’elle a écrite «en référence aux gens glauques», Charlie a fait ses au revoir sur l’air de «Bébé», une pièce aux accents pop qui résume bien son univers musical: chaud comme la braise.

Les prestations ensorcelantes de Zaho de Sagazan et Charlie Motto en images

Par Thomas Paquet (https://www.paquethomas.com/)

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    Photo: Thomas Paquet
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L'avis


de la rédaction

Grille des chansons

1. La fontaine de sang

2. Aspiration

3. Le dernier des voyages

4. Mon inconnu

5. Les dormantes

6. Dis-moi que tu m'aimes

7. Je rêve

8. Tristesse

9. Ô travers

10. La symphonie des éclairs

11. Old Friend

12. Ne te regarde pas

13. Hab Sex

14. Dansez

Rappel

15. Modern Love (reprise de David Bowie)

16. Ah que la vie est belle (reprise de Brigitte Fontaine)

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