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Crédit photo : Aja Palmer
Désireux de se détacher des étiquettes depuis le tout début de sa carrière, James Vincent McMorrow surprenait une nouvelle fois ses fans de la première heure, après le virage soul de Post Tropical (2014), sortant un album plus texturé. Moins sombre, plus pop (la folk est bien laissé au placard), We Move se révèle plaisant, plein d’audace se situant entre la synthpop, la néo-soul et le R&B minimaliste.
Dès juillet 2016, l’artiste avait prévenu son cercle d’amateurs dans une lettre ouverte où il annonçait: «Je suis éternellement fier de mes précédents albums, mais j’aurais souhaité être assez fort pour me forcer moi-même à sortir du conventionnel. J’empruntais les chemins les plus sûrs, car honnêtement j’étais terrifié». Portés par la curiosité, les spectateurs présents samedi soir au Théâtre Corona ont pu constater ce que McMorrow avait entrepris dès son précédent album.
Grâce aux implications de producteurs reconnus de la scène hip-hop et R&B comme Two Inch Punch, Nineteen85 ou Frank Dukes, le Dublinois s’affirme avec une musique plus électronique, synthétique aux basses rappelant les sonorités new wave et aux beats n’ayant que peu de chose à envier aux grosses pointures comme Kanye West ou Drake. Mais malheureusement pour certains, dans cette nouvelle trajectoire prise par l’artiste, la guitare est largement délaissée au profit d’une voix et d’un sens de l’écriture de plus en plus affirmé.
Samedi soir, le Théâtre Corona affichait complet et James Vincent McMorrow s’est attaché à démontrer sur scène ce que révélait dans son essence ce dernier album. Reprenant l’essentiel de ses dernières compositions (à l’exception de «Seek Another» et «One Thousand Times»), l’artiste a pu convaincre les spectateurs présents de l’orientation musicale pour laquelle il opte actuellement. Pour ceux qui espérait entendre l’auteur-compositeur-interprète des débuts, ils n’ont pourtant pas été déçus. Le chanteur a consacré la moitié de son set à des compositions passées comme «Red Dust», «Breaking Hearts» ou encore «Gold».
La puissance de titres comme «Last Story», «Evil» ou «Killer Whales» révèle l’ambition fédératrice et cohérente de sa musique, mais c’est surtout sur «Get Low» que le nouveau visage de l’Irlandais prend réellement tout son sens. Simpliste mais limpide, cette chanson à la mélancolie affirmée marque les esprits et touche émotionnellement. «Lost Angles», plus dépouillée au seul son d’un piano, révèle une voix plus canalisée, prégnante et, comme dans la plupart des titres composant We Move, émotionnellement saisissante.
En l’espace de trois albums, James Vincent McMorrow a su conquérir l’estime d’un public et l’enthousiaste public du Théâtre Corona ne pourra le démentir. Capable de dépasser le revirement stylistique de We Move, l’artiste reste humble et maître de son répertoire. Finalement proche des James Blake, Bon Iver, voire RY X, McMorrow, sans apporter de grandes nouveautés au genre, affirme son élan R&B et fournit un lot de mélodies réchauffantes, passionnelles et pleines de sobriété.
L'avis
de la rédaction
Grille des chansons
1. Red Dust
2. I Lie Awake Every Night
3. Last Story
4. Get Low
5. Breaking Hearts
6. Down The Burning Ropes
7. Lost Angles
8. Higher Love (Steve Winwod Cover)
9. Hear the Noise That Moves So Soft and Low
10. Gold
11. Killer Whales
12. 1000x
13. Rising Water
14. Evil
15. We Don't Eat
16. Surreal
Rappel
17. If I Had a Boat
18. Cavalier