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Crédit photo : Michel Couvrette
Il ne fallait donc pas s’étonner si l’essence même de ce deuxième spectacle en sol montréalais dégageait un certain sentiment de déjà-vu, car les projections de films muets en noir et blanc, sur écran géant, avaient déjà été entraperçues presque à pareille date, l’été dernier, dans le cadre du Festival de jazz, ou près de 100 000 personnes ont été rassemblées l’espace d’une soirée.
Et elle est peut-être là la seule petite ombre au tableau: la scénographie, en particulier les animations en arrière-plan, n’apportait rien de plus au spectacle, si ce n’est un attrait visuel qui n’avait pas grand-chose d’accrocheur pour attirer le regard. Et c’est peut-être un heureux problème finalement.
Car le charisme de Diana Krall, son aisance à ouvrir son cœur au public, ses petites imperfections, ses ricanements spontanés, et sa grande sensibilité nous forçaient à oublier tout ce qu’il y avait autour de nous, y compris ses projections sans grand intérêt.
En première partie de spectacle, Diana Krall a offert une version smooth jazz de «We Just Couldn’t Say Goodbye», se permettant une confidence dès la dernière note jouée: «C’est comme ça que je me sens avec Montréal. Je ne peux tout simplement pas lui dire au revoir. Je me sens comme chez moi, ici!» Puis elle a enchaîné avec «There Ain’t No Sweet Man That’s Worth the Salt of My Tears», toujours sur Glad Rag Doll, laquelle contenait plus de mordant et de fougue.
Naviguant entre les belles années au rythme des «Do it Again», «So Nice» et «Let’s Fall in Love», ce premier chapitre a certes bien dressé la table, avant que les cinq principaux musiciens de la grande dame du jazz ne sortent l’artillerie lourde, le guitariste Anthony Wilson et le violoniste Stuart Duncan y allant de solos fort impressionnants, surtout durant «Temptation», une reprise de Tom Waits, et «Just You, Just Me».
Le plus beau moment du spectacle reste cet hommage aux compositeurs célèbres des années 70, qui ont chacun réussi à faire craquer la belle, que ce soit Jim Croce avec «Operator», Paul McCartney avec «If I Take You Home Tonight», Neil Finn avec «Don’t Dream It’s Over», Joni Mitchell avec «A Case of You» ou Bob Dylan «cause he’s nice!» avec «Wallflower», laquelle a donné son titre à son nouvel album, sorti en février dernier.
À un certain moment, Diana Krall est devenue émotive, distraite, à fleur de peau. Après «Let’s Fall in Love» surtout, elle a accumulé les distractions, débutant une mélodie et oubliant de chanter, ou marchant vers les coulisses plutôt que vers son piano, mais chaque fois elle retournait la situation à la blague, ce qui a bien fait rire le public, bon joueur.
Était-elle à fleur de peau? C’est une question que l’on se permet de se poser, mais heureusement son amour pour Montréal, si sincère, semble lui faire un grand bien.
«Je vous aime, Montréal», a-t-elle lancé dans la langue de Shakespeare tout juste avant le rappel, avant de faire un premier au revoir au public. Son absence fut de courte durée puisque les spectateurs ont tôt fait de réclamer quelques chansons de plus avec force applaudissements.
Chose promise, chose due, puisqu’elle a offert un second hommage à Tom Waits, puis la chanson «I’ll String Along With You», un succès de 1998, qui a clôturé la soirée sur une note zen, et de beaux souvenirs en poche.
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de la rédaction