«Depardieu chante Barbara» à L’Olympia en hommage à la Dame en noir

C’est une chose très étrange que celle de voir une icône du cinéma comme Gérard Depardieu, sur scène, pour chanter plutôt que pour jouer. Pourtant, jeudi soir à L’Olympia, tous les spectateurs semblaient particulièrement excités; au sein du brouhaha, on entendait des bribes de conversations portant sur le dernier film qu’ils ont vu avec Depardieu; des rumeurs autour de Depardieu et Barbara, à savoir s’ils étaient tout simplement amis ou amoureux, etc. Chacun se tortillait sur son siège pour s’assurer d’avoir une excellente vue de la scène, car chacun s’attendait à vivre un spectacle unique.

Enfin, les lumières se sont éteintes. Que le spectacle commence!

Gérard Daguerre, qui accompagnait Barbara au piano les dernières années de sa vie, est entré sur scène et s’est assis sagement sur son banc, les mains prêtes à jouer. Un tonnerre d’applaudissements a retenti dans la salle au moment où Depardieu a fait son entrée.

On a applaudi Depardieu, mais aussi Obélix, Cyrano, Jean Valjean, Jean de Florette, etc… Il a fallu quelques minutes pour s’habituer au fait que, ce soir-là, ce n’était pas l’acteur Gérard Depardieu que l’on allait écouter ni la «grande gueule» des entrevues télévisées… Non, ce soir-là, Depardieu était chanteur, Depardieu était Barbara.

Il a commencé le spectacle en annonçant à toute la salle à quel point il était heureux d’être une fois de plus à Montréal. Sa voix sonnait reposée, et douce. Il a expliqué aux spectateurs que l’affiche du spectacle comprenait un grand piano noir, symbole de la Dame en noir. Il a choisi de ne pas mettre de photo de lui-même, parce que mettre sa propre photo sur une affiche, c’est «mal élevé […] D’ailleurs, je déteste les selfies.»

Sans perdre une seconde, il a entamé une première chanson. Au fil du concert, il a chanté les plus belles chansons de Barbara, dont «Dis, quand reviendras-tu?», «Ma plus belle histoire d’amour», «L’île aux mimosas», «L’aigle noir», «Le soleil noir», et plus encore.

Après chaque chanson, il a partagé des anecdotes de son amitié avec la chanteuse de minuit. Petit à petit, les spectateurs ont créé un collage de moments marquants qui constituaient la relation étrange et émouvante entre ces deux stars.

Depardieu a expliqué à quel point c’était difficile pour lui de voir les biens de la chanteuse vendus aux enchères à des inconnus. Il a partagé les souvenirs d’enfance qui ont inspiré «Au bois de Saint-Armand», l’accident tragique de la jeune pianiste de Barbara, qui inspira «Une petite cantate», etc.

Au fur et à mesure que le spectacle s’est déroulé, Depardieu s’est glissé de plus en plus dans la peau de Barbara. Le public a senti qu’il était ému, car il a émis une certaine tendresse élégante à travers chaque parole. Certes, de temps en temps, une petite fausse note se faufilait dans une chanson, et parfois il lisait des paroles plus qu’il ne les chantait…

D’ici la fin de la prestation, l’émotion dans la salle était palpable. C’est sûr, le spectacle fut une réussite: Depardieu a réussi à nous convaincre qu’il n’y a personne d’autre que lui pour interpréter les chansons de Barbara d’une façon si impressionnante et si mémorable. Chapeau, Obélix!