Sorties
Crédit photo : Photo tirée de la pièce BLUFF. Crédit: Jean-Philippe Sansfaçon
Une technologie immersive
Voilà près de cinq ans que l’outil SCENIC se déploie dans 23 lieux de diffusion québécois en réseau à très haut débit, et ce, par le biais d’une application et d’une station – c’est-à-dire d’une console physique équipée de nombreuses entrées et sorties audiovisuelles. En poussant plus loin le concept de téléprésence, la SAT a apporté une valeur ajoutée en démultipliant les caméras et les micros, notamment.
«Ça nous permet de créer une scénographie beaucoup plus riche avec plusieurs écrans», explique Claire Paillon. «Et on a cette dimension de données qui permet de brancher un capteur qui aura un effet à distance – par exemple, un bouton qu’on va activer dans une salle et qui déclenchera quelque chose dans une autre (allumer une lumière, ouvrir une boîte qui a été programmée pour…) Donc, il va vraiment y avoir une interaction qui va au-delà du son et de l’image», ajoute-t-elle.
Parmi les utilisateurs de ce système innovant, les arts de la scène (théâtre, danse, musique…) sont les premiers à bénéficier de ses fonctionnalités créatives. Par exemple, la pièce Bluff de Mireille Camier a été conçue pour être jouée simultanément dans trois villes différentes du Québec: dans chacun des trois lieux, un comédien est là physiquement devant le public et interagit avec les deux autres qui, eux, performent à distance.
Outre ces disciplines, la médiation culturelle s’intéresse également au potentiel de SCENIC. «Pendant la semaine de relâche, il y a eu un projet avec un camp de jour, où des jeunes de deux villages ont créé ensemble une petite performance de théâtre en travaillant avec des écrans verts: ils se mettaient en scène. Ils ont fait partie de la réflexion de la création du spectacle, et ils étaient aussi eux-mêmes acteurs». Tout en créant un troisième lieu virtuel, «chaque groupe jouait dans son espace et le travail conjoint des deux groupes était projeté en simultané.»
En fait, le moteur de création et de développement de SCENIC est l’envie de faire vivre une expérience collective où le corps est représenté dans son intégralité.
«On fait un travail sur l’échelle humaine, qu’on peut ensuite venir explorer», précise notre interlocutrice. «L’idée, c’est d’avoir une représentation d’une personne comme si elle était assise à nos côtés, comme si elle était physiquement présente en face de nous.»
Un projet aux mille potentiels
En général, grâce à une petite formation, un technicien de scène est vite en mesure de prendre en main la station SCENIC. «En soi, le logiciel est une matrice, un tableau avec une colonne où il y a toutes les sources (un flux vidéo, un flux son, etc.) et, de l’autre côté, les destinations (comme un projecteur, la salle à distance…) Le principe, c’est d’assigner une source à une destination.»
Par ailleurs, dans une volonté de rendre le dispositif plus accessible à tous, le Metalab est en train de développer une version light «pour pouvoir l’ouvrir à des créateurs qui ne sont pas des techniciens.» En effet, cette version «serait plus facile à prendre en main et plus intuitive pour des gens qui font de l’animation culturelle par exemple, sans avoir besoin d’avoir tout le temps un technicien avec eux.»
Mieux encore, grâce aux nouveaux développements, SCENIC deviendrait plus mobile grâce à la technologie 5G. «On veut ainsi réussir à se connecter de n’importe où: en pleine forêt, à l’extérieur si on est dans un festival… Donc, on veut permettre à SCENIC de se détacher d’un réseau sans tout avoir à reparamétrer.»
Ne manquez pas le lancement de la plateforme
Jamais à court d’idées, la SAT s’apprête maintenant à dévoiler la plateforme SCENIC, «qu’on a développée pour les membres du réseau avec plein de conseils, de bonnes pratiques (artistiques, techniques et de mise en scène) qu’on a pu compiler au cours des quatre dernières années», indique-t-elle. «On l’a fait en fonction de ce qu’on a pu observer et des retours qui ont été faits par les utilisateurs, pour pouvoir faciliter la prise en main et partager la connaissance à tous les membres. On veut qu’ils se sentent d’attaque pour se lancer, pratiquer et se servir de cette technologie.»
«Le but, c’est d’étendre le réseau en démontrant qu’on est prêts à aller encore plus loin» – Claire Paillon, codirectrice du Département de la valorisation de la recherche à la SAT.
Présentée sous la forme d’un site web, cette plateforme sera une véritable vitrine sur le dispositif technologique SCENIC, le réseau en place et les différents diffuseurs qui l’exploitent. Il y aura aussi un portfolio des projets qui ont déjà été réalisés par le biais de son utilisation, en plus d’actualités. «Et puis, il y aura tout un volet pour soutenir la collaboration, avec un espace membre où un artiste pourra proposer un projet, un diffuseur pourra publier une actualité ou une fiche d’un projet réalisé», s’enthousiasme la codirectrice du Département de valorisation de la recherche.