SortiesDans la peau de
Crédit photo : Caroline Désilets
1. Mellissa, tu es la co-fondatrice et directrice artistique et générale du ZH Festival. Peux-tu nous raconter les débuts du festival?
«En deux mots: candeur et entraide.»
«On ne savait pas trop dans quoi on s’embarquait, mais pour nous, il y avait une nécessité, un besoin, à l’époque. Nous étions nous-mêmes encore étudiants à l’École nationale de théâtre du Canada au programme Interprétation, section francophone. C’est vraiment grâce à ce bassin d’énergie, avec tous les programmes artistiques de l’école et des idées qui surgissent, que j’ai eu envie de trouver un lieu pour permettre aux artistes de «faire», d’aller au bout de l’idée dans un lieu propice pour le faire.»
«Benoit Rioux a accepté pour la deuxième édition de construire l’évènement laboratoire avec moi. On se complétait bien. Pendant quatre années, on a fait un duo de feu et on a mis les bases de ZH.»
«C’est également grâce au soutien du Comité musique Maisonneuve et de l’ÉNT (avec le programme Théâtre et engagement communautaire (TEC)). L’organisme a pris son envol en 2010 avec ses lettres patentes. Je me souviens que Benoit et moi, on avait eu un fou rire quand on avait lu «lettres patentes» dans la cafétéria de l’école entre deux répétitions, juste pour dire à quel point le langage administratif était loin de nous.»
«On a beaucoup appris sur le tas avec l’essai-erreur. En demandant des conseils, en recevant de l’aide et un soutien des professeurs de L’ENT et des amis(es) qui s’offrent à faire beaucoup de choses bénévolement. Il y avait déjà quelque chose de très collaboratif dans l’ambiance de ZH. Et puis, ZH est devenu un mutant, avec le temps, sa voix s’est précisée, et son mandat également.»
2. Qu’est-ce que tu trouves le plus motivant dans ton travail au sein de ZH Festival?
«La création. Chaque édition est un défi. Ça demande une vision et une écoute des besoins du milieu afin de se projeter dans l’avenir. Être témoin de nouvelles œuvres, rencontrer des artistes audacieux et passionnés. Voir les moments magiques où on voit qu’il y a une révélation, une découverte pour le public. Le plaisir en gang, avoir une équipe éphémère, mais complètement généreuse. C’est de voir qu’on tente de créer une synergie dans le milieu des arts vivants.»
3. On célèbre cette année les 10 ans de ZH. Le festival a bien entendu évolué et grandi à travers les années. Quels changements ont été les plus marquants pour toi?
«Il y en a eu plusieurs, mais je crois que je ne peux pas le définir par un évènement qu’il soit positif ou négatif. Ce qui a été le plus marquant par moments pour m’aider à faire évoluer, c’est le doute. Le doute nous fait mieux écouter, nous fait réfléchir, prendre du recul pour finalement foncer. C’est devenu un repère et je ne vois plus cela comme un manque de confiance, mais bien plus comme une sensibilité de l’instant. Qui aide à prendre le temps.»
4. Le festival est un véritable laboratoire pour des artistes de tous les horizons. Quel(s) projet(s) es-tu le plus fière d’avoir vu naître pendant ces 10 dernières années?
«Beaucoup! Beaucoup! Je suis simplement fière d’avoir aidé si on a pu soutenir d’une certaine manière des créations qui sont passées par ZH. Ce sont vraiment les artistes eux-mêmes qui ont créé leur propre «naissance», c’est grâce à leur talent.»
«Comme Catherine Chabot, une artiste que j’admire profondément et que j’ai rencontrée à ZH. Elle m’a fait part de sa reconnaissance en m’écrivant une lettre d’appui pour le prix Sentinelle engagement durable du Conseil québécois du théâtre.»
«Je la cite: «Concrètement, l’opportunité qu’elle m’a offerte m’a permis de rencontrer Geoffrey Gaquère, directeur artistique d’Espace Libre, qui est, depuis, devenu un allié hors pair. La plateforme ZH a légitimé ma démarche et j’ai maintenant la chance d’entretenir un dialogue artistique privilégié avec lui. Mes deux spectacles, initialement présentés à ZH, ont été diffusés entre les murs de son théâtre (2015-2017). J’ai aussi été parrainée par le Nouveau Théâtre Expérimental (2017). La confiance de Mellissa m’a servi de rampe de lancement et, grâce à elle, j’ai la chance de jouir de la reconnaissance de mes pairs et d’exercer mon métier: ma troisième pièce de théâtre est programmée dans un théâtre de la métropole pour 2019.»
«J’ai été très touchée, car elle est une comédienne si libre et une auteure avec une signature d’un réalisme frappant. J’étais sincèrement heureuse mais, dans tous les cas, c’est grâce aux artistes, à leur fougue, à leur détermination et à leur acharnement qu’ils arrivent à poursuivre leur chemin et à trouver leur place dans le milieu artistique.»
5. La programmation 2018 est encore une fois des plus impressionnantes. Qu’est-ce qu’on ne devrait surtout pas manquer cette année selon toi?
«Le festival au complet! Moi, je vais tout voir, hahaha! C’est difficile à dire… pour moi chaque création de chaque édition est à voir et à découvrir. Mais faisons un petit survol sans faire de favoritisme.»
1) Contre la suite du monde, présenté le 31 juillet dans la grande salle de la maison de la culture Maisonneuve (lecture/laboratoire).
2) Le galant noyé, présenté le 1er août au Théâtre Espace Libre (lecture, avec un peu de musique).
3)Qui veut la peau d’Antigone, présenté le 3 août au Théâtre Espace Libre (théâtre), Collage d’AntigoneS d’après les œuvres d’Axel Cornil et de Jean Anouilh.
4)Give Me A Revolution, présenté le 9 août dans la grande salle de la maison de la culture Maisonneuve (théâtre documentaire).
5) Collaboration Montréal – Haïti avec ZH Festival et le Festival Quatre Chemins, laboratoire ouvert le 28 juillet, à 15h, à la maison de la culture Maisonneuve. Entrée libre.