SortiesDans la peau de
Crédit photo : Martin Girard
1- Le spectacle que tu présentes cette année à Zoofest s’intitule Catapulte à marde. Pourquoi et à qui veux-tu catapulter de la marde?
«Je veux catapulter de la marde à tous les laquais du pouvoir, aux marionnettes au long nez, aux carriéristes médiocres, aux licheux d’cul aux lèvres brunes, aux exploiteurs endimanchés, à ceux qui oublient la poésie quand ils parlent de politique, aux artistes qui voulaient changer le monde et qui ont finalement changé de char, aux boss aux grosses gosses, aux patrons poltrons, à la mafia libérale, aux péquistes courageux dans l’opposition, à ceux qui violent Dame nature avec leur gros pipelines phalliques, aux médias qui préfèrent les clics au journalisme, à la télé fascisante, aux néocolonialistes sur Anticosti et à moi-même qui est un peu tout ça dans mon cœur d’enfant aux mitaines trop grandes.»
2- Qu’est-ce que le festival Zoofest te permet de faire que tu ne pourrais pas nécessairement faire ailleurs, du moins dans un contexte peut-être plus «conventionnel»?
«Ça me permet de voir le gros char sport de Gilbert Rozon tous les soirs devant le Monument-National. Sinon, le Zoofest est un festival assez conventionnel. Même principe que partout ailleurs, avec des frais de billetterie exorbitants. Pour moi, le Zoofest est un rendez-vous annuel pour présenter les fruits de mon année humoristique.»
3- On dit souvent que tu es l’un des seuls humoristes «engagés» de ta génération. Te considères-tu comme tel?
«Si on me dit ça, je réponds «merci». Mais moi, je ne me considère pas comme ça. Je serais un fieffé taré de dire ça de moi-même. Je ne suis pas un moraliste, je ne suis pas un pasteur; j’essaie juste d’avoir des angles intéressants et baveux sur ceux qui nous font chier et nous exploitent. En fait, je suis désengagé. Je me désengage de faire des pubs, de me censurer, de participer à certaines émissions de télé, etc. Mon expérience avec Les Échangistes prouve que je suis plus désengagé qu’engagé.»
4- Tu peux aller assez loin dans ton humour. Y a-t-il une limite que tu ne franchirais pas ou au contraire tu peux parler de tout?
«Certainement qu’on peut parler de tout. C’est une question d’angle, de connaissance et de compassion. Je pourrais résumer ça par: comprendre. Qui veut dire «prendre avec soi». Chacun de mes sujets, je les porte en moi, je les porte avec moi. Après avoir écrit un numéro d’humour, j’espère avoir évolué avec le texte. En fait, la seule limite à la liberté d’expression, c’est la rigueur intellectuelle. Si un artiste fait bien ses devoirs d’irrévérences, il n’y a aucune limite. Mais maudit que c’est difficile d’écrire un bon numéro!»
5- Qui sont tes modèles en humour et pourquoi?
- Bill Hicks, pour son talent de metteur en scène et sa radicalité.
- George Carlin, pour son rythme et sa pertinence.
- Ali Wong, pour ses images fortes et son écriture précise.
- Catherine Éthier, une script-éditrice formidable.
Et surtout, la petite graine sale à Philippe Couillard: c’est un record Guinness d’avoir autant de marde sur si peu de peau!
Pour consulter nos chroniques «Dans la peau de…», suivez le labibleurbaine.com/Dans+la+peau+de…
L'événement en photos
Par Myriam Frenette