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Crédit photo : Aja Palmer
Laura Marling jouit d’une belle estime du public et de la critique au Royaume-Uni; elle a reçu plusieurs nominations pour le prestigieux Mercury Prize (équivalent du Polaris mettons) et est devenue l’emblème du renouveau folk féminin. D’abord un peu plus folk rock, ses chansons semblent de plus en plus avoir une saveur country folk, peut-être est-ce dû à son récent séjour aux États-Unis? Le problème est qu’elle semble moins se démarquer de tous les autres chanteurs folk avec ses morceaux. Il reste néanmoins sa voix, superbe – elle en a fait la preuve – et ses textes intelligents, qui la font sortir du lot.
La soirée de samedi a commencé abruptement: la première partie ne s’est jamais présentée, s’étant fait refuser l’entrée au pays. Alors, Marling s’est montrée un peu plus tôt sur scène, scène où elle avait planté son propre petit jardin anglais, la base de la batterie, les amplis et chaque pied de micro embellis de fleurs blanches. Elle est arrivée, toute délicate, en évoquant la fille du fermier avec sa blouse paysanne et sa salopette de jeans et a entamé, armée de sa guitare, des chansons de son tout dernier album, Semper Femina. La chanteuse a d’ailleurs joué cet album en presque totalité, et ça n’a pas semblé décevoir les fans présents. Elle s’est entourée d’excellents musiciens, et les harmonies qu’elle a su créer avec ses deux choristes, les sœurs Emma et Tamsin Topolski, sont tout simplement sublimes.
Mais est-ce assez? La chanteuse nous a offert un concert professionnel mais très sage, pour adultes sérieux. Laura Marling apparaît comme une jeune femme timide, qui se cache derrière sa guitare, ne regardant que celle-ci tout au long de sa prestation, ou alors fixant le balcon du théâtre… vide, car fermé pour l’occasion. Ce n’est pas étonnant qu’elle ait mentionné à plusieurs reprises le peu de monde présent, semblant attristée et un peu sous le choc. Elle a mis la faute sur le fait qu’elle ne sait pas parler français… Même si la moitié de la salle était anglo! C’est peut-être parce que ce n’est pas le show le plus enlevant, tous les musiciens sont statiques sur scène et Marling interagit peu; il manque un «je ne sais quoi», comme disent les Anglais.
Un seul moment un peu plus engageant fut lorsque chacun des membres du groupe devait raconter un fun fact; une des choristes l’ayant fait dans un français parfait; le bassiste s’est essayé en français aussi, mais est vite retourné à la langue de Shakespeare. On a donc eu droit à deux faits concernant le hockey (!), une blague et deux faits concernant les animaux, la pieuvre et le paresseux. Les musiciens semblaient outrés du nom que l’on donne en français aux sloths, les paresseux! C’était une partie franchement sympathique, qui détonait avec le sérieux de la prestation.
Puis vint le temps des adieux, sans rappel (Laura Marling n’en fait jamais), après seulement une petite heure et quart de show. On pouvait d’ailleurs entendre certaines personnes se plaindre de la brièveté de sa prestation.
Un concert malgré tout honnête, charmant, agréable à écouter, mais juste un peu trop lisse, un peu trop sage.
L'avis
de la rédaction