SortiesConcerts
Crédit photo : Thibault Carron
«Vous êtes venus ici à l’aveugle pour assister à un moment unique. Personne d’autre que vous ne va y assister. Le spectacle de ce soir n’a jamais été présenté et ne le sera jamais!», a lancé Monique Giroux, fière du parcours accompli par la chanteuse et pianiste de 40 ans.
C’est qu’à une époque pas si lointaine, Monique et Catherine étaient voisines de ruelle. «Je l’entendais faire ses gammes!», a confié l’animatrice. Après quelques anecdotes qui ont décroché des rires dans la salle, elle a ajouté: «Prenez le temps de vivre ce moment exceptionnel».
Catherine Major: entre simplicité et naturel, entre chansons et poésie
Après une douce ouverture au piano, l’auteure-compositrice et mère de quatre enfants a enchaîné en chansons en compagnie de ses deux musiciens, Maxime Audet-Halde (guitare, basse) et Martin Lavallée (batterie, clavier) avec la pièce «Pupille», qui fait belle figure sur son album La maison du monde de 2015.
«Ne pleure pas ma fille, mon amour, mon enfant / Tu verras la beauté, tu pourras la chanter / Une reine de toute éternité», chante Catherine Major.
Et c’est à croire qu’elle a souhaité, lors de cette carte blanche, donner vie à ses paroles, car un peu plus tard, à un moment où le public s’y attendait le moins, sa fille aînée, Frédérique, toute ravissante et réservée, est venue chanter près de sa mère, dont les doigts agiles parcouraient les touches du piano.
Un peu plus tôt, c’est l’animatrice Marina Orsini qui a fait son entrée pour livrer, avec force émotions, et une intensité qui donnait le frisson, la lecture d’un texte d’Anaïs Barbeau-Lavalette, intitulé «Naître». À travers le collectif Dans le ventre: histoires d’accouchement, paru chez Quai no 5, l’autrice parle de maternité, un sujet qui colle à la peau de l’auteure-compositrice.
Doucement, tout doucement, Catherine Major s’est mise à l’accompagner, caressant les touches de son piano pour marquer le tempo et accentuer la force des images poétiques qui se dégageaient du texte.
«J’ai accouché trois fois. J’ai tout aimé. Devenir lunaire, m’enfoncer dans la terre, être puissante et friable à la fois, m’ensauvager, me délier, crier, embrasser l’enfant, goûter sa peau ferreuse, sentir son pouls contre mes seins. Tout aimé.» – Anaïs Barbeau-Lavalette
«Ouin, bonsoir. Comme vous le voyez, c’est une soirée très légère… à l’image de ma personne!» Voilà, Catherine Major venait de casser la glace, et le public était déjà impatient à l’idée de connaître la suite. Et c’est ce qui fait la force d’une soirée carte blanche comme celle-ci: nul ne pouvait prévoir la suite du programme.
Tranquillement, l’humaine, que le public apprivoisait prenait ses aises et dévoilait, couche après couche, des aspects de son intimité.
Catherine Major, après avoir chanté «Black Jack», a décidé que l’heure était venue de présenter son invité «émergent». Avec humour, elle a déclaré: «Je me considère toujours comme une artiste de la relève. On m’a dit d’arrêter!» Sans plus tarder, elle a présenté aux spectateurs celui qui a fait battre son cœur lors d’un atelier d’écriture à Petite-Vallée, Cédrik St-Onge. En toute simplicité, il a chanté sa pièce «Astronaute».
Les premières notes de la chanson «Los Angeles» ont été jouées, et c’est à ce moment que son compagnon de vie, Moran, est arrivé sur scène, l’air coquin, par-derrière, pour chanter cette pièce de 2009 en duo avec celle qui a conquis son cœur, il y a de cela une douzaine d’années déjà.
Et la soirée était loin d’être terminée! Marina Orsini est revenue une seconde fois sur scène, cette fois pour chanter en toute humilité une chanson personnelle, que Catherine Major et Jeff Moran ont eu la gentillesse «d’emmener jusqu’au ciel, carrément». Puis, son dernier invité de la soirée, Marc Déry, est arrivé tout sourire, avec ce petit air espiègle qui le caractérise si bien, pour interpréter deux pièces à la guitare, dont «Bâteau».
L’un des moments les plus cocasses de la soirée – et peut-être le plus personnel pour Catherine Major – reste ce moment d’anthologie où elle a présenté une vidéo où, jeune fille, elle faisait du lip synch sur le ver d’oreille «Ella, elle l’a» de France Gall. Ses proches, parents et amis, s’étaient eux aussi prêtés au jeu, complétant l’aspect kitsch de ce vidéoclip fait maison qui a provoqué plusieurs fous rires dans la salle.
Avec une promesse d’un cinquième album à paraître le 15 mai prochain, ainsi que des dates de spectacles en juin prochain à l’occasion des Francos de Montréal, Catherine Major a achevé de ravir ses spectateurs, qui venaient de passer un moment et agréable en sa douce compagnie.
Histoire de conclure ce moment singulier en beauté, les invités de Catherine Major sont revenus sur scène pour chanter «Le piano ivre», une pièce tirée de l’album Rose sang de 2008. Une belle façon de rendre hommage au vaste répertoire d’une grande auteure-compositrice d’ici.
La série «Carte blanche colorée par…» se poursuit!
Prochaine étape: l’artiste se prêtera aussi au jeu de l’entrevue, alors qu’elle définira sa «charte des couleurs de la chanson québécoise» dans le cadre d’un balado à venir au courant du mois de mars.
Par ailleurs, quatre autres artistes se prêteront eux aussi au jeu au cours des prochains mois. Les prochains «artistes coloristes» à répondre aux demandes de Monique Giroux seront Marie-Élaine Thibert (14 mars), Beyries (27 mars), Samian (3 avril) et Daniel Boucher (14 mai).
Tous les détails au sujet de la série Carte blanche colorée par… se trouvent par ici.
La «Carte blanche colorée par...» Catherine Major en souvenirs
Par Thibault Carron