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Crédit photo : Mathieu Pothier
Un ciel et des cœurs troubles
À 21 h, la soirée s’est ouverte sur «Les brumes», qui figure sur son album Fox paru en 2012. Sa voix résonnait entre les édifices de la rue Jeanne-Mance au rythme d’une projection de photos de Karim sur les écrans géants.
C’est Ariane Moffatt qui a brisé la glace en interprétant «Il était une fois», alors que la panoplie d’artistes la rejoignaient sur la scène. En tout et pour tout, une bonne dizaine d’instrumentistes – dont les cuivres de Valaire – et de choristes étaient prêts à faire vibrer les cœurs, grâce aux notes du regretté Karim Ouellet.
Luis Clavis, qui agissait un peu en maître de cérémonie avec son inéluctable don pour animer les foules, a donné le ton en annonçant qu’«on [était] ici pour chanter et pleurer.»
Et c’est exactement ce qui s’est produit. Si l’orage n’était pas dans le ciel, ce soir-là, il était décidément dans le cœur des festivalier.ères quand Gabrielle Shonk, une amie de Karim, a entonné «Dans la nuit qui tombe» avec émotion.
Un arc-en-ciel sur la scène
Les couleurs étaient au rendez-vous sur la scène Loto-Québec, c’est le moins qu’on puisse dire!
Les vêtements et les éléments de décor contrastaient agréablement avec la grisaille qui régnait dans la foule. Dans leurs vestons respectivement jaune et vert, Gabrielle Shonk et Amélie Nault, une choriste de Karim, ont chanté «Courir», laquelle, pour rester dans le thème, a immédiatement été suivie de «Rien ne sert de courir», interprétée par Claude Bégin et sa sœur Élise. Et lorsque le duo, rayonnant dans leur tenue jaune, est arrivé sur scène, le soleil, bien que déjà couché, semblait réapparaître sous les projecteurs.
En allégeant l’atmosphère après les touchantes performances des choristes, Claude Bégin nous a dégourdi les jambes et la gorge, et nous a bien fait comprendre que lui et les nombreux acolytes qui participaient au spectacle n’étaient pas juste présents pour nous donner l’espace pour vivre notre peine, mais aussi pour nous consoler et nous faire du bien.
Les reprises des chansons de Ouellet ont défilé au rythme des voix d’Audrey-Michèle Simard, Élise Bégin et Noémie Tisserand qui ont su donner vie à la jolie ballade qu’est «Marie-Jo». Les Bégin sont par la suite revenus entonner «Fox», avant d’être relayés par La Bronze, resplendissante dans l’aura orangée d’où émanait un magnifique renard peint sur le torse de l’auteure-compositrice-interprète. Cette dernière a chanté «Cœur de pierre» avec brio, malgré un micro au son parfois inégal. Sa performance a été particulièrement poignante.
Une belle dose d’amour
Alaclair Ensemble — et la foule — ont enchaîné avec «L’amour», avant d’être suivis par une Claudia Bouvette qui a visiblement eu le mémo, puisqu’elle est arrivée sur scène avec une chevelure d’un jaune éclatant! La chanteuse a entonné «Les roses», puis «Oh! Non», accompagnée d’Hubert Lenoir. Ensemble, ils ont formé un duo électrisant. Une belle complicité s’est installée entre les deux jeunes talents alors qu’ils ondoyaient sur scène. Lenoir est resté sur place pour ensuite accueillir Ariane Moffatt à bras ouverts. Ensemble, ils ont fait retentir les notes de «La mer à boire» avant d’être rejoints par les musicien.ne.s pour un joli medley convivial.
La Bronze est par la suite revenue sur les planches pour interpréter une version particulièrement intense de «Décembre», une pièce que Karim avait à l’origine enregistrée avec sa sœur Sarahmée. La scintillante Fanny Bloom, dans sa robe aux imposantes épaulettes rouges à paillettes, a accompagné La Bronze lors de cette chanson dont les paroles plutôt sombres résonnaient tout autrement.
Les gars de Valaire ont également fait leur apparition en exécutant la sympathique pièce qu’ils avaient composée avec Ouellet, «L’amour est un monstre».
La famille, c’est tout ce qui compte
Il va sans dire que la présence de Karim Ouellet se faisait sentir, de par les nombreuses projections sur les bâtiments tout autour des lieux, mais aussi par son masque de renard, son accessoire de choix, qui était bien mis en évidence sur sa guitare posée sur la scène.
Après sa performance avec Valaire, Luis Clavis a pris le micro pour introduire «Héréditaire», une pièce inédite de l’auteur-compositeur, l’une de ses dernières compositions avant son décès.
Les paroles de ce morceau plus hip-hop, qui porte sur le thème de la famille, ont résonné dans les tympans des festivaliers et festivalières. Ouellet y reprend même les mots d’un refrain d’Alaclair Ensemble, le groupe de son bon ami: «La famille, c’est tout ce qui compte».
Ces derniers ont d’ailleurs pris soin d’enchaîner avec leur pièce «La famille», dont l’énergie est vraiment contagieuse. Notons au passage la petite variante qu’ils ont apportée pour l’occasion: «Rest in peace, à Karim, à Karim, à Karim!»
Puis, tous les ami.es de Karim, toute sa «famille musicale», pour ainsi dire, s’est amassée sur scène. Et sous un tonnerre d’applaudissements, la rappeuse Sarahmée, qui s’est faite discrète lors du concert, s’est alors avancée dans toute sa splendeur, les yeux pleins d’eau, pour remercier les organisateur.rice.s du spectacle, dont Laurent Saulnier de l’Équipe Spectra.
La soirée s’est terminée avec une interprétation très touchante de «Trente» de Fanny Bloom, puis sur la chanson «Karim et le loup» avec ses ami.es, ses fans et sa famille réunis.
Cette veillée a vraisemblablement permis à tous de faire un deuil collectif tout en célébrant la vie et l’art de Karim Ouellet, qui a su marquer l’histoire musicale du Québec avec ses airs bien à lui.
Bye bye bye Karim! Et que tes mélodies continuent de répandre l’amour encore longtemps!
L'avis
de la rédaction
Grille des chansons
1. Les brumes
2. Il était une fois
3. Dans la nuit qui tombe
4. La course
5. Rien ne sert de courir
6. Marie-Jo
7. Fox
8. Cœur de pierre
9. L'amour
10. Les roses
11. Oh! Non
12. La mer à boire
13. Plume
14. Décembre
15. Le monstre
16. L'amour est un monstre
17. Héréditaire
18. La famille
19. Trente
20. Karim et le loup