SortiesDanse
Crédit photo : David Hou
S’identifiant comme Teme-Augama Anishnabai («People of the Deep Water»), Sandra Laronde est née de parents Ojibwé (Anishnabai) et a grandi dans la communauté de Temagami, établie sur 3 200 kilomètres de rive, regroupant 1 800 îles et 500 habitants. Sur sa rue vivaient ses quarante-cinq cousins, avec qui elle grimpait aux arbres, pratiquait tous les sports possibles, du hockey à l’athlétisme, concourait au sprint – Sandra dépassait tous les garçons de son âge –, inventait des pièces de théâtre ou de danse – qu’elle dirigeait déjà, enfant.
«I grew up in a very beautiful place that has deeply inspired Red Sky and every single project, in fact. (…) I think that when you grow up on it and you’re a babe on that earth, I think you sort of get the spirit of that place in you no matter where you go, and how you see thing is because of that spirit», raconte Sandra, les larmes aux yeux.
C’est vers l’âge de vingt ans que Sandra a entamé une éducation formelle en danse, codifiant ce mode d’expression qui l’avait toujours habitée intuitivement, elle qui ne parlait que très peu: «I was an extremely shy person». Puis tout s’est enchaîné. Sa chorégraphe lui a demandé de participer à un appel de résidences au Banff Center, une expérience qu’elle a renouvelée à plusieurs reprises, y étant éventuellement invitée à titre de conférencière, pour la danse, le théâtre, le récit.
En 2000, elle a fondé Red Sky Performance, de son nom spirituel autochtone, «Red Sky Eagle Woman» en anglais, lequel lui a été donné par un aîné. Plusieurs années après son premier voyage au Centre des Arts de Banff, Sandra y a été nommée directrice des arts autochtones. À ce titre, de 2007 à 2016, elle a contribué à la reconnaissance mondiale du centre canadien par sa programmation de pointe de la culture autochtone. L’enfance de Sandra à Temagami, son lien sacré à la nature, est l’inspiration de toutes ses œuvres.
«Nature is present in every single piece from the beginning. There is so much incredible inspiration from nature. When I say nature, I mean like, you know, stars, cosmology, underwater stories, traditional stories, yes the trees, and animal, and humans, yes I put humans as part of nature too. It’s just limitless, and it’s extraordinary, it’s always surprising, it’s inherently dramatic. I am so interested in stories from THIS soil […] I’m very interested in what OUR STORIES are, from HERE, that will inform Canadian identity, Canadian culture, deeply».
Sandra n’est pas intéressée par des histoires transplantées, des histoires prises d’un autre pays puis apportées au Canada. Elle s’intéresse profondément aux histoires qui ont pris forme sur NOTRE terre, qui font partie de l’identité canadienne. Ainsi, Backbone est l’histoire de notre territoire, de notre lien à la terre.
«Backbone is about the way that we perceive land as indigenous people. It’s alive, it’s ancient, it’s intact, it’s part of us. It’s not men versus nature. It’s men (and women!) with nature. We ARE nature. It should be men HIS nature. It should be the biggest philosophical difference between indigenous and westerners».
Le processus de création de Backbone a commencé avec l’histoire de chaque danseur. Sandra leur a demandé d’en écrire le récit, d’abord sur papier, puis en dansant.
«Go write the story of your spine. It could be a poem, a song, but tell me the story of your spine. And it all started THERE. Which is where the power is», raconte Sandra, en pointant son sacrum, là où loge le pouvoir, où commence chaque histoire personnelle…
«Backbone» de Red Sky Performance en images
Par David Hou et Rita Taylor