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Crédit photo : RCA et Marye Ellen Matthews
L’artiste australienne a eu un gros coup de pouce en 2005 par le biais de l’inoubliable télésérie Six Feet Under sur les ondes de HBO, puisque depuis ce temps-là, sa délicate pièce «Breathe Me» hante à jamais la sublime finale. Cela fait d’ailleurs plaisir d’y retrouver des notes au piano s’assimilant à cette chanson dans celle, en guise d’ouverture, de son nouvel album, l’engageante «Bird Set Free». Ce retour aux sources était une bonne façon de débuter This is Acting, son septième album et premier depuis l’incroyable succès de 1000 Forms of Fear.
Certes, on sautille à l’idée de retrouver l’artiste après plusieurs excellents vidéoclips qui ont fait le tour du globe, dont un avec nul autre que l’acteur controversé Shia Labeouf, mais on doit se rendre à l’évidence: il n’est pas simple de faire suite à un album aussi assuré, et ce, même si sa plus récente offrande a certainement un bon lot de moments gagnants. Il faut après tout savoir que ce nouvel opus est un assemblage de chansons qui ont, a priori, été refusées par d’autres artistes.
Cette décision expliquerait la tonalité un peu disparate de l’ensemble qui va, sans conteste, dans toutes les directions. On a beau rester toujours sur la surface de la pop, on explique difficilement la présence de la courte mais rapidement insupportable «Sweet Design», qui reprend des extraits de «Thong Song» de Sisqó! À l’inverse, il est difficile d’imaginer quelqu’un d’autre maîtriser avec autant d’assurance les changements de ton et les multiples vocalises de «One Million Bullets».
D’ailleurs, si la carrière d’interprète de Sia a eu une belle visibilité à travers les années, c’est surtout sa carrière d’auteure qui l’a fait grandir, lui permettant d’offrir ses compositions à un large panorama d’artistes de renom allant de Beyoncé à Rihanna, la poussant même à être incluse au méga succès qu’est «Titanium» de David Guetta. Ce virage assumé de genre et de carrière n’est toutefois pas sans failles, puisque la véritable force de l’Australienne est certainement sa vulnérabilité, facette qu’elle délaisse considérablement lorsqu’elle s’enfuit vers la pop.
En résultent alors des chansons fort agréables qu’on se plaît à écouter à plusieurs reprises, mais on y retrouve difficilement toute l’émotion et le côté éprouvant qu’elle atteignait assez fréquemment au sein de ses albums précédents. La très sentie «Alive», l’une des rares pièces de l’album que Sia chante véritablement du fond de ses tripes, témoigne bien du fait que l’album s’ouvre en force et avec beaucoup de promesses avant de s’essouffler à petit feu.
Il est un peu déplorable qu’une personne reconnue pour ses talents d’écrivaine déçoive autant au niveau des paroles, comme en fait foi la sirupeuse «Footprints», qui ressemble à s’y méprendre à la tout aussi caramélisée «Flashlight» du film Pitch Perfect 2, à laquelle elle a également collaboré. Et si «Move Your Body» fera fureur dans les boîtes de nuit, on doute qu’elle passe l’épreuve de la postérité, à l’instar des nombreuses «Reaper», «House on Fire» et autres «Unstoppable», qui s’apprécient sans nécessairement donner l’envie de les fredonner jusqu’à en perdre haleine.
This is Acting est alors le constat évident d’une assurance qui a opté pour la facilité plutôt que le risque. Sia a un désir de vivre et de liberté et, au-delà des paroles qui le rappellent régulièrement: «I’m still breathing. I’m alive. (You took it out, but i’m still breathing)», ses pièces en font grandement la démonstration. Un album sympathique, au final, mais qui, malgré quelques moments plus marquants, ne fait pas briller tout le talent dont Sia dispose, sa forte créativité et son incroyable voix en sont les meilleurs exemples.
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Par RCA et Marye Ellen Matthews
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