MusiqueDans la peau de
Crédit photo : Gracieuseté OSM
1. Andrew Wan, vous figurez parmi les étoiles montantes mondiales de la musique classique. Votre talent n’a pas de limite et le public montréalais vous a littéralement adopté, faisant même de vous en 2008, à 25 ans, le violon solo de l’OSM! Comment vivez-vous cette relation avec Montréal, son public, ses institutions musicales?
«À cette étape dans ma vie et dans ma carrière, je me considère volontiers comme étant Montréalais. Je termine ma 8e saison avec l’OSM et je me suis toujours compté comme étant très chanceux de faire partie d’une tradition aussi incroyable. J’ai souvent l’occasion de visiter et de travailler dans d’autres villes intéressantes avec d’autres institutions culturelles fantastiques, et je dois dire que la fierté et l’appartenance que Montréal ressent pour l’OSM sont uniques. Ce rapport très spécial est en grande partie grâce à Maestro Nagano (et, bien sûr, à Charles Dutoit), l’administration de l’OSM, ses musiciens, et surtout le public très instruit et enthousiaste.»
2. Le 11 avril, vous avez rendu hommage à Alexandre Brott, ce génial musicien et professeur qui s’est éteint en 2005. Que représentent l’œuvre et l’héritage de Brott pour vous?
«Même si je suis proche de ses deux fils, Boris et Denis, qui sont des musiciens fantastiques de leur propre droit, je n’ai malheureusement jamais rencontré le regretté M. Brott, puisqu’il est décédé avant que je déménage ici. Bien sûr, je connais son excellente réputation en tant qu’artiste, compositeur, chef d’orchestre et violoniste au Québec et ailleurs. Il est important de reconnaître son importance et son rôle dans la vibrante scène musicale montréalaise et c’est un honneur de faire partie de cet évènement.»
3. Au même concert, vous avez interprété la «Serenade pour violon» de Leonard Bernstein rarement entendue à Montréal. Pourquoi désirez-vous la faire découvrir ou redécouvrir au public montréalais?
«Ce travail est un vrai bijou injustement négligé malgré son ingéniosité mélodique et texturale, et son instrumentation unique. Bernstein a écrit sa sérénade pour Isaac Stern à peu près en même temps que «West Side Story» et «Candide». Ce concerto gigantesque, basé sur le «Banquet de Platon», décrit des philosophes qui, à tour de rôle, glorifient les vertus et les qualités de l’amour à une fête fictive. Ici, Bernstein imite ce «Symposium» en faisant découler tout le matériel musical à partir du thème d’ouverture de la fugue originale entendue dans le premier mouvement, comme les orateurs successifs qui se fondent sur l’idée d’un orateur précédent en la raffinant. La pièce est inoubliable, particulièrement le quatrième mouvement, qui est à noter puisqu’il est absolument déchirant. J’ai très hâte de le jouer avec le l’Orchestre de chambre de McGill.»
4. Toujours sur le plan du répertoire musical, quelles œuvres ou quels compositeurs vous donnent systématiquement la chair de poule?
- Beethoven Trio Op. 97 « Archiduc », 3e mouvement.
- Brahms Intermezzo, Op. 118, No. 2.
- Schubert Fantaisie, D. 934.
- J.S. Bach « Erbarme Dich » de la passion selon St. Matthieu.
5. En plus de participer aux saisons régulières de l’OSM, d’enseigner à l’École de musique Schulich de musique de l’Université McGill et de fouler les planches des scènes les plus courues, quels seraient vos projets les plus fous?
«Mon quatuor, le Quatuor New Orford, enregistre un quatrième album l’année prochaine pour ATMA, mettant en vedette la musique des œuvres écrites pour nous par François Dompierre, Tim Brady et Airat Ichmouratov. L’enseignement m’est aussi extrêmement important et je suis fier de mon petit studio à l’Université McGill. Ces étudiants prennent beaucoup de mon temps – du temps que je pourrais utiliser pour pratiquer! – Mais je ne peux m’empêcher d’être très investi dans leurs futures carrières et leur développement en tant que la prochaine génération de musiciens.»