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Daughter, c’est celle qui est toujours à vos côtés lorsque vous ressentez le besoin de vous vautrer dans votre mélancolie et votre tristesse. Sœur fidèle de l’introspection, sa compagnie rend impossible de se sortir de sa tête. La douce voix d’Elena Tonra nous susurre des mots comme des caresses et on la choisirait volontiers pour nous consoler d’un chagrin d’amour ou de la lourdeur de vivre qui nous envahit tous à un moment ou à un autre.
Si on sent un virage un peu plus électro-rock, notamment grâce à la touche apportée cette fois par le producteur Nicolas Vernhes (Deerhunter, The War On Drugs, Animal Collective), l’album offre toujours ces mêmes textures sonores rêveuses et ces chants murmurés. Les thèmes de la mort, de la solitude, de la perte et de l’inévitable sentiment amoureux sont encore abordés dans cet album, mais davantage en vue aérienne, comme si la chanteuse se regardait de haut plutôt que de l’intérieur, comme c’était le cas dans If You Leave, où on sentait plus son récit autobiographique.
Dans la pièce «Doing the Right Thing», Tonra exprime son mal-être face aux modèles qu’on nous a habitués à suivre parce qu’il s’agit de la «bonne chose à faire»: «And they’re making children / And they’re making love / With their old excuses / We are built for reproduction».
Dans la pièce «How», les flots de guitare d’Igor Haefeli jumelés au drum de Remi Aguilella, donnent tout leur sens aux paroles sensuelles «Scratching hands ’round my waist, yeah / I wish my mouth would still taste you». On peut facilement imaginer défiler devant nos yeux les bons moments vécus avec feu l’être aimé, mais sans que disparaisse complètement cette tristesse de réaliser que ces mêmes souvenirs ne reviendront jamais.
«Alone With You» remporte certainement la palme de la pièce la plus hypnotique. Le poids de la solitude se ressent d’abord par le tempo choisi, semblable aux battements du cœur entendus lorsqu’on se retrouve plongé sous l’eau. Puis, des couches successives de sons enveloppants s’y ajoutent par vague, une vague à l’âme martelée par la répétition incessante des mots «alone»: «I hate sleeping alone / Terrified with the lights out / I hate living alone / Talking to myself is boring conversation / Me and I are not friends…»
La pièce «No Care» marque un point de rupture avec le son auquel Daughter nous a habitués jusqu’à maintenant. Ici, les riffs de guitare et la batterie s’activent dans l’urgence, une décharge électrique qui fait du bien après la lourdeur des mélodies plus sombres. Ce qui ne signifie pas pour autant que les paroles sont joyeuses…
Certes, Not To Disappear ne s’éloigne pas trop de la signature de l’album précédent, mais le chemin parcouru par cette jeune formation vaut la peine d’être suivi encore. Suffit de choisir le bon moment pour se laisser hanter sur la route sinueuse de ses pensées.
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de la rédaction