«Les dépêches musicales» de Bible urbaine – Août 2018 – Bible urbaine

Musique

«Les dépêches musicales» de Bible urbaine – Août 2018

«Les dépêches musicales» de Bible urbaine – Août 2018

Le hip-hop marque la fin de la saison chaude

Publié le 13 août 2018 par Isabelle Lareau

Crédit photo : Montage photo: Isabelle Lareau

L’été se conclut avec quelques grands coups d’éclat dans le monde hip-hop: Yes Mccan entame une nouvelle aventure et Travis Scott surprend les festivaliers avec la parution de sa nouvelle offrande, un bon coup assombri par son retard à Osheaga. Sur la scène locale, les gothiques ont de nouvelles chansons pour danser grâce à Non-Lieu. À l’international, un excellent mélange de ska, de reggae et de rock se faufile dans nos écouteurs sous la forme d’un nouveau groupe qui se nomme Megative.

Les découvertes et les nouveautés

 

OUI (tout, tout, tout, toutttte) – Yes Mccan

Après que Yes Mccan ait annoncé qu’il quittait Dead Obies, nous étions curieux d’entendre ce que le MC allait nous proposer pour son aventure solo. Cette parution risque fortement d’étonner les admirateurs de la formation rap, car il prend une nouvelle direction et s’éloigne de Montréal $ud, tant au niveau des textures sonores et des paroles, que dans la façon de chanter… C’est également très différent de son premier maxi, PS. Merci pour le love (2017), qui est plus traditionnel. En fait, le rappeur a abordé ce disque sans avoir une vision prédéfinie, préférant explorer et en faisant appel à de nouveaux collaborateurs pour les rythmes, dont les réalisateurs Yen Dough et Ruffsound, ainsi que le producteur vxnyl. Ce dernier a, par ailleurs, contribué à l’écriture de certains titres.

Ce ne serait pas un vrai album hip-hop sans quelques artistes invités; Yes Mccan a retenu les services d’OG et Caballero & JeanJass («Forêts»), Rowjay («Slick Rick») ainsi que Cape Tula et Yen Dough («Désirée»). De plus, Mccan surprend en chantant sur certains extraits, démontrant ainsi sa versatilité. Malheureusement, les paroles n’ont pas le mordant ou l’originalité que DO maîtrise si bien. Les thèmes abordés n’illustrent pas autant la réalité identitaire d’un rappeur évoluant dans le contexte culturel québécois, mais touchent plutôt les aléas de la gloire… Mccan semble avoir été grandement inspiré par sa participation à Fugueuse en ce qui a trait aux textes. En fait, «Dérisrée» fut écrite dans le cadre de la série.

L’opus OUI (tout, tout, tout, toutttte) sera dans les bacs à compter du 31 août.

Astroworld – Travis Scott

Ayant lancé le premier extrait d’Astroworld en mai 2017 («Butterfly Effect»), nous attendions la nouvelle offrande avec impatience. Profitant de la saison des festivals, Travis Scott a émerveillé les admirateurs et festivaliers en faisant paraître le disque tant attendu le 3 août, journée où il a offert un spectacle sur le tard dans le cadre d’Osheaga. Si vous y étiez, ou si vous avez lu les nouvelles, vous le savez: le rappeur a dû écourter son concert, ayant été retardé aux douanes… Malgré cette déception, plusieurs critiques ont salué cet opus. Et pourtant, il n’offre rien de plus que ces compatriotes… Le talent de Scott est de bien savoir s’entourer; il ne fait pas exception sur ce nouvel album.

En effet, Kid Cudi, Frank Ocean, Drake, The Weeknd, James Blake, John Mayer, 21 Savage, Quavo et Takeoff (de Migos) prêtent leur voix sur Astroworld. Pour la réalisation, il a eu recours à, entre autres, Pharrell Williams, Kevin Parker de Tame Impala, Mike Dean et WondaGurl.

L’auditeur entendra les influences marquantes que sont Kid Cudi et Kanye West (très flagrant sur «Skeletons») pour Travis Scott, tout comme il remarquera son flair pour trouver la saveur du moment. Le disque s’inscrit dans la continuité de ce que le rappeur a l’habitude d’offrir, évoluant lentement mais sûrement. La réalisation est lisse et le tout s’écoute très bien du début à la fin. Cependant, on regrette que la vraie personnalité de Travis soit ensevelie dans cet amalgame d’agencements et que ses nombreux collaborateurs l’éclipsent. De plus, la surutilisation de l’autotune est pénible.

Cela dit, il y a de jolis morceaux tels que «Stargazing», dont l’harmonisation astucieuse des différentes textures est vraiment captivante, et «Stop Trying to Be God», qui se démarque du lot par sa douceur inattendue et son rythme lent.

Megative – Megative

Cette formation de Brooklyn constitue l’une des belles surprises de l’été. Des musiciens de différents horizons, qui ont cependant des goûts similaires et qui partagent une vision commune, se sont réunis afin de combler une lacune dans la sphère musicale. En effet, Tim Fletcher, ancien chanteur du défunt quatuor montréalais The Stills, Gus Van Go (ex-Me Mom & Morgentaler et réalisateur extraordinaire, qui a travaillé avec, entre autres, Xavier Caféïne, GrimSkunk ainsi que The Stills), le duo de compositeurs Likeminds (Jesse Singer et Chris Soper, ils ont collaboré avec Kanye West, Snoop Dogg et The Roots) et Screechy Dan (Ruff Entry Crew) offrent un premier album homonyme.

Leurs héritages respectifs se combinent avec un naturel incroyable, leur son coule particulièrement bien. Leur amour pour le punk anglais, le dancehall et le reggae transperce les oreilles. Les admirateurs de The Clash vont reconnaître cette influence. Ce qui n’est pas étonnant, puisque Van Go et Fletcher ont voulu travailler ensemble, car ils sont tous les deux fans du groupe anglais. Après une écoute, l’auditeur sera également en mesure d’entendre l’influence de Madness et The Specials.

Megative dégage une ambiance extrêmement conviviale et particulièrement décontractée, et ce, malgré des paroles qui trahissent des inquiétudes modernes. Les rythmes sont des plus agréables et la ligne de basse est enchanteresse; vous hocherez de la tête sans même vous en rendre compte. Un très bon album qui s’adopte facilement. Cependant, malgré leur hommage au passé, qui est très bien exécuté, il n’y a rien de vraiment novateur. Ceci étant dit, la formule est efficace.

À surveiller ce mois-ci:

 

Les Fantômes du Passé – Non-Lieu

Non-Lieu est le projet parallèle de Thomas Denux-Parent, chanteur et guitariste du groupe montréalais Palissade. Offrant un son cold wave très pur, le musicien semble affectionner les sonorités électroniques et analogues de la vieille école. Il chante avec un ton obscur et détaché, parsemé d’un soupçon de mélancolie. La réalisation est superbe et résolument moderne, et pourtant, le son de Non-Lieu rappelle incontestable celui des pionniers du dark wave, un peu comme si nous avions voyagé dans le temps et avions atterri dans les années 1980.

La façon très minimaliste de chanter de Denux-Parent nous hypnotise, et ses paroles, à propos de la quête identitaire, nous envoûtent. Sombre et dansant, ce maxi saura enchanter les mélomanes qui affectionnent le genre. Nous sommes impatients d’avoir un album complet à écouter.

Surveillez la prochaine chronique «Les dépêches musicales» de Bible urbaine le 3 septembre 2018. Découvrez nos suggestions des mois passés au labibleurbaine.com/Lesdépêchesmusicales.

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