«Les albums sacrés»: le 50e anniversaire de «Rubber Soul» des Beatles – Bible urbaine

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«Les albums sacrés»: le 50e anniversaire de «Rubber Soul» des Beatles

«Les albums sacrés»: le 50e anniversaire de «Rubber Soul» des Beatles

Le grand pas devant

Publié le 3 décembre 2015 par Mathieu St-Hilaire

Crédit photo : beatlephotoblog.com

Le 28 août 1964 a lieu une rencontre qui peut paraître anodine, mais qui aura sans doute un impact considérable dans l’histoire de la musique populaire. Il s’agit du moment où les Beatles et Bob Dylan font connaissance et où, selon toute vraisemblance, le fab four se partage un joint de marijuana pour la toute première fois. À ce moment, le groupe vient tout juste de faire paraître son troisième album, A Hard Day’s Night, et la beatlemania atteint des proportions démesurées. Leur musique demeure par contre encore très pop-adolescente. La situation changera rapidement par la suite alors que Lennon, McCartney, Harrison et Starr décideront d’élargir leurs horizons à tous les niveaux. L’année suivante, ils lanceront Rubber Soul, probablement l’œuvre qui représente la plus grande évolution de l’histoire du groupe.

À l’écoute de l’album, Brian Wilson, grand manitou des Beach Boys, sera furieux tellement il aura l’impression que les Beatles prennent une sérieuse longueur d’avance sur son propre groupe. À vrai dire, Rubber Soul est un album pivot non seulement pour eux, mais pour toute la musique populaire, alors la plupart des autres groupes auront sans doute cette impression de traîner de la patte. Alors que leurs albums précédents se voulaient très teen-pop, celui-ci plonge dans des eaux plus expérimentales et introspectives.

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Bien que le long-jeu Help! avait préparé le terrain quelques mois plus tôt, Rubber Soul sort des sentiers battus et est enregistré avec l’idée de faire une œuvre cohérente, à défaut d’une collection de chansons n’ayant pas vraiment de liens entre elles. Le groupe débute tout de même avec une pièce pop classique: «Drive My Car» s’inscrit dans la lignée des grands succès connus des Beatles. Toutefois, le renversement des genres au niveau des paroles (un homme qui devient le serviteur d’une femme) dénote un changement d’attitude évident. Les perceptions sont maintenant très différentes.

«Norwegian Wood (This Bird Has Flown)» confirme immédiatement les inspirations nouvelles du groupe. On entre dans une tout autre dimension: musique indienne et sitar croisent le fer avec la pop pour la toute première fois. George Harrison sera d’ailleurs le principal responsable de cette infusion de plus en plus importante de musique indienne dans l’univers du groupe. John Lennon montre également un côté plus sombre de sa personnalité, mélangeant mystérieusement allusions à une rupture avec pyromanie. Plus loin, l’effet Bob Dylan est évident sur «Nowhere Man», où Lennon y va de réflexions beaucoup plus profondes qu’auparavant.

Rubber Soul signale aussi le début d’un grand triumvirat d’auteurs-compositeurs exceptionnels, George Harrison prenant de plus en plus de place au sein du groupe. Ici, il signe la très rock «Think For Yourself» et la très jangle pop «If I Needed Someone», les deux pièces rivalisant avec toutes les autres chansons de l’album. Pour ce qui est de Paul McCartney, sa plus grande contribution est l’unique «Michelle», qui emprunte des éléments de ballades françaises. Il s’agit d’ailleurs d’une des nombreuses forces des Beatles: la capacité d’emprunter des éléments d’autres cultures et de les amalgamer virtuellement sans effort à leur musique. Tout est fait avec une aisance et un charme incomparables.

Plus que tout, Rubber Soul marque l’évolution artistique de John Lennon. Il réplique à la «Michelle» de McCartney avec «Girl», chanson acoustique à la mélodie irrésistible et à l’ambiance intime typiquement Lennon. La vraie signature est toutefois «In My Life», une des meilleures chansons du catalogue ahurissant des Beatles. Pièce à la mélodie toute simple qui respire la nostalgie, Lennon, bien qu’à seulement 25 ans, jette un regard contemplatif à des personnes et des évènements qui ont marqué son passé: «Though I know I’ll never lose affection/ For people and things that went before / I know i’ll often stop and think about them / In my life I’ll love you more». À noter le somptueux bridge style baroque signé George Martin qui mène à la finale.

Au final, il s’agit des Beatles, alors chaque chanson pourrait probablement être la meilleure du répertoire de 99 % des autres groupes de n’importe quelle époque. Rubber Soul représente le premier grand pas en avant qui confirmera le génie indubitable du groupe. À partir de ce moment, chaque autre album représentera une œuvre majeure et une réinvention quasi-totale, le fab four redéfinissant la façon d’écrire et d’enregistrer la musique populaire plus rapidement que n’importe qui d’autre dans l’histoire. Alors vous pouvez écouter et réécouter ce petit bijou en vous disant qu’ici est né quelque chose de très spécial.

La prochaine chronique à surveiller le 17 décembre prochain: l’album «Exit Planet Dust» des Chemical Brothers. Consultez toutes nos chroniques précédentes au labibleurbaine.com/Les+albums+sacrés.

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