MusiqueLes albums sacrés
Crédit photo : Parlophone
Formée à Londres en 1989, la formation comprend le chanteur et parolier Damon Albarn, le guitariste Graham Coxon, qui sont des amis depuis le secondaire, et le bassiste Alex James. Ils nomment le groupe Seymour. Peu après, le trio rencontre le batteur Dave Rowntree, qui se joint à eux. Très tôt dans leur carrière, le quatuor se fait remarquer pour leur fougue sur scène et décroche un contrat de disque, à la condition que le groupe change de nom. C’est ainsi que les Anglais devinrent Blur, un nom qu’ils ont choisi parmi une liste de suggestions de la compagnie de disques!
L’Amérique a connu Blur grâce à «Girls and Boys», tirée du très populaire album Parklife (1994), chanson dont le rythme est si contagieux! Il semble que la formation a su profiter du moment, car l’année suivante, elle offrait The Great Escape, leur quatrième disque en carrière.
Cet album fut très populaire, grâce, entre autres, au succès phénoménal de «Country House». Cette chanson évoque une comptine, à cause de sa simplicité et de son rythme, mais les paroles, livrées sur un ton affable et sarcastique, en font un véritable bijou.
Mais remettons les choses dans leur contexte: à l’époque, dans les années 90, la vague britpop était à son apogée et les groupes tels qu’ Oasis, Elastica, Pulp et Radiohead remportent un succès fulgurant, bien au-delà du continent britannique.
Comme vous le savez, la rivalité entre Blur et Oasis était à son paroxysme en 1995. Ils lancèrent, la même journée, «Country House», afin de concurrencer le titre «Roll with It», d’Oasis. La suite des choses fait désormais partie de l’histoire de la musique: Albarn et ses acolytes remportèrent le match du single le plus populaire, mais ils perdirent la guerre de l’album qui s’est le mieux vendu. En effet, les frères Gallagher ont conquis le marché nord-américain grâce à (What’s the Story) Morning Glory?
Malheureusement, Blur ne s’est jamais complètement remis de cette défaite humiliante. Le groupe, par la suite, semblait avoir de la difficulté à trouver sa place; les critiques leur reprochaient de capitaliser sur le succès de la scène britpop et de ne pas être en mesure de se réinventer. Personnellement, je suis déçue qu’Oasis ait remporté ce combat axé sur l’ego, je trouvais Blur tellement plus original. Et définitivement plus moderne!
Quoiqu’il est soit, on appréciait Blur pour leur personnalité irrévérencieuse et leur mauvais caractère, qui tombait dans le spectre du je-m’en-foutisme. Ah, vive la musique rock! Cependant, il faut aussi reconnaître que les musiciens savent faire preuve de dérision, ce qui est illustré à merveille par leurs paroles teintées de cynisme. Malgré ce côté plus sombre, et peut-être moins apparent, leurs riffs de guitare sont solides, distinctifs et dangereusement accrocheurs. De plus, les rythmes sont particulièrement dansant, presque dance (comme c’est le cas pour «Top Man» ou encore «It Could Be You»). Avec le recul cependant, The Great Escape n’est peut-être pas forcément un album innovateur, musicalement parlant, mais il occupe une place dans le cœur des fans.
À mon humble avis, «The Universal» est la meilleure chanson de l’offrande; elle est plus grande que nature, troublante par son refrain quasi céleste alors que les paroles laissent clairement entrevoir la menace de l’atomisation de la masse et la présence de Big Brother. Par ailleurs, le vidéoclip pour cette chanson est un hommage à Clockwork Orange, on pourrait difficilement trouver un concept plus approprié pour cette chanson!