MusiqueLes albums sacrés
Crédit photo : Mo' Wax et www.facebook.com/djshadow
DJ Shadow, dont le vrai nom est Joshua Davis, est natif de la Californie, qui est surtout reconnue pour être le berceau de la musique punk. Alors qu’il fréquente l’université, il se joint à la radio étudiante et se dote d’une table-tournante. Dès 1991, Davis lance quelques mixtapes et se fait remarquer par la scène underground.
En 1994, Davis débute l’enregistrement de Endtroducing….., un travail laborieux qui s’échelonnera sur deux ans. Pour cet album, le DJ utilise très peu d’équipement: un appareil pour les échantillons, un Akai MPC60 (que Davis affectionne particulièrement), une table tournante Technics SL-1200 ainsi qu’un enregistreur analogique de type Alesis ADAT. Inutile de préciser que Davis possède une collection de vinyles exhaustive! Malgré tout, il a probablement dû faire un travail de recherche monstrueux pour dénicher tous les échantillons qu’il a utilisés sur cet opus (et obtenir les droits d’auteur).
Je dois admettre que cela est franchement impressionnant.
Par ailleurs, ce disque a été conçu essentiellement à l’aide d’échantillons, de mixage, de scratchs et d’effets de boucle, à l’exception de quelques paroles qui ont dû être enregistrées. À l’époque, c’était un véritable tour de force. Autre fait étonnant: DJ Shadow a réalisé la majorité de ce disque seul (il a fait appel à Dan the Automator pour fignoler certains aspects relatifs à l’ingénierie).
Bien que DJ Shadow soit un grand amateur de hip-hop, et ce, depuis l’adolescence, il n’hésite pas à explorer différents styles afin de les incorporer dans sa musique, dont le blues, le jazz et le funk. De plus, il a su faire preuve de modernité dans la sélection de ses échantillons en choisissant des artistes contemporains tels que Beastie Boys, Nirvana, Björk et Metallica. Ce mélange offre un caractère futuriste et vintage à sa musique, un exploit qui est rarement réussi avec autant de finesse.
D’ailleurs, je crois qu’il existe une science associée à l’art d’être DJ. Ces musiciens sont particulièrement érudits et obsessifs; ils peuvent expérimenter, travailler et retravailler un échantillon précis afin d’obtenir l’effet wow!
Qualifié de hip-hop abstrait, ce disque est particulièrement ambiant, car les rythmes sont planants et répétitifs (le même échantillon – «Tears» de Giorgio Moroder – est utilisé pour deux titres). Il y a définitivement des éléments à saveur trip-hop, c’est spécialement le cas avec la superbe «Midnight in a Perfect World». On le remarque également avec les titres surréalistes «What Does Your Soul Look Like (Part 1 – Blue Sky Revisit) / Transmission 3» et «Building Steam with a Grain of Salt». Cependant, il y a des chansons dont la structure est davantage traditionnelle, dont «The Number Song» et «Mutual Slump».
Endtroducing….. est véritablement un classique, un disque qui a marqué un tournant dans la perception du rôle d’un DJ et de sa capacité à être un artiste à part entière. Étant donné que cet album était particulièrement innovateur, les offrandes successives de DJ Shadow n’ont pas eu le même impact ou la même reconnaissance, ce qui est dommage. Quoi qu’il soit, cette parution a drôlement bien vieilli; vous pouvez enfoncer vos écouteurs sur vos oreilles et fermer les yeux, la magie est toujours présente.
La prochaine chronique à surveiller le 11 février prochain: l’album «Trompe-l’œil» de Malajube. Consultez toutes nos chroniques précédentes au labibleurbaine.com/Les+albums+sacrés.
L'événement en photos
Par Mo' Wax et www.facebook.com/djshadow