MusiqueLes albums sacrés
Crédit photo : Warner Bros.
Il y a 20 ans, en pleine chaleur de juillet, la formation expérimentale lançait son troisième (et dernier) opus, sobrement intitulé California. À ne pas confondre avec Californication des Red Hot Chili Peppers, sorti en juin de la même année (les comparaisons possibles entre les deux s’arrêtent évidemment là!)
Après avoir fait trembler les conventions du rock avec l’inclassable Disco Volante en 1995, Mr. Bungle mettait fin à son cycle musical en empruntant une avenue plus ensoleillée, gagnant au passage de nombreux adeptes.
Et si on retournait en 1999, un bref instant?
Regarder la musique
Écouter un album de Mr. Bungle, c’est l’équivalent de décortiquer un tableau de Salvador Dalí ou un film de David Lynch. Sa musique est si cinématographique et évocatrice qu’on ne peut que sombrer nous-même au coeur de nos plus grandes bizarreries. La formation ne s’est d’ailleurs jamais fait prier pour dérouter, tant sur scène que sur disque.
Pourtant, sur California, le groupe n’a jamais sonné de façon aussi accessible (et concise). Un virage pop qui a pris de court plusieurs fans de la première heure!
«But to some fucking No Doubt fan in Ohio, they’re not going to swallow that», tient à préciser Mike Patton au passage.
Écouter San Francisco
Dès les premières notes de l’album, on sent une influence très surf, lounge et estivale. «Sweet Charity», qui ouvre le bal, rappelle le générique d’ouverture d’un film des années 1960 (la pièce s’inspire d’ailleurs du film de 1969 du même nom.) Et dans «The Air-Conditioned Nightmare», on sent carrément tout le swing des Beach Boys. À n’en point douter, Pet Sounds a été une grande influence pour eux.
On demeure toutefois aux antipodes de tout ce côté apocalyptique, inconfortable et déconstruit qui était mis de l’avant sur Disco Volante, et ce, malgré le fait que des morceaux comme la jouissive et farfelue «None of Them Knew They Were Robots» s’en rapprochent quelque peu.
Est-ce le soleil de San Francisco qui aurait poussé Mr. Bungle à laisser son côté death metal au vestiaire pour finalement tirer sa révérence? Une chose est certaine: on retrouve sur cet opus plusieurs de ses pièces d’anthologie.
Fait étonnant: les moments les plus notables de ce petit chef-d’œuvre sont occupés par des ballades. Pensons ici à la superbe «Retrovertigo», ou encore à la captivante «Pink Cigarette», le meilleur morceau à mon avis, qui rappelle presque l’ambiance d’un James Bond (version Sean Connery, pas Daniel Craig, on s’entend!)
Et alors? 20 ans plus tard?
Avec California, Mr. Bungle sonnait le glas de sa trilogie d’albums avec une offrande aboutie et lumineuse que l’on peut (presque) chantonner.
Et ça reste définitivement une œuvre maîtrisée de bout en bout, juste assez farfelue et complexe pour contenter les amateurs, et juste assez accessible pour se familiariser avec le legs d’une formation qui restera à jamais inclassable.