MusiqueL'épopée musicale de
Crédit photo : Tous droits réservés @ Page Facebook de Weezer
16. Make Believe (2005)
La plupart des gens connaissent le premier extrait de Make Believe: «Beverly Hills», l’un des plus grands succès de Weezer, mais probablement leur plus insipide également. Le plus triste dans ce constat: c’est l’un des meilleurs moment de cet album!
Or, la meilleure chanson reste de loin «Perfect Situation», un extrait radiophonique qui aurait mérité plus de reconnaissance que «Beverly Hills». Ces deux chansons ouvrent l’opus avec un certain entrain, mais les dix chansons suivantes laissent l’auditeur indifférent. C’est le disque le plus beige d’un groupe qui n’est déjà pas reconnu pour être extravagant.
Et surtout, après quatre très bons albums (dont deux excellents), c’est le premier faux pas de Weezer. Ce ne sera pas le dernier, comme on le verra sous peu, mais c’est possiblement ce qui le rend encore plus décevant que les autres.
15. Raditude (2009)
Pour faire suite avec les faux pas, en voici un second. Ce qui le rend plus intéressant que Make Believe, c’est son aspect plus ludique. La formation a voulu faire un album très ouvertement pop. Pour la première fois, Cuomo a invité des compositeurs de l’extérieur à se joindre à lui. L’idée est intéressante, mais le résultat nous laisse mitigés.
On retrouve toujours les mélodies accrocheuses qui font leur force, mais elles sont mises au profit de pièces plutôt ordinaires pour la plupart. En ouverture, on retrouve cependant la sous-estimée «(If You’re Wondering If I Want You To) I Want You To».
14. Weezer (Black Album) (2019)
Malgré ce que son nom peut laisser croire, ce Black Album n’est pas sombre du tout, bien au contraire! On retrouve plutôt ici un retour vers le son pop électronique qui a marqué le virage de Weezer entre 2008 et 2010, ce qui n’est pas un bon signe…
La qualité première de cet opus: le groupe a tenté de sortir de sa zone de confort. Malheureusement, le résultat n’est pas de très grande qualité. En fait, par moments, il est même carrément mauvais.
13. Hurley (2010)
La critique la plus juste qu’il est possible de faire de Hurley est qu’il existe! Ce n’est ni bon ni mauvais, il se laisse écouter, mais on l’oublie aussi vite. Sorti à une période où l’intérêt commercial et critique pour Weezer était à son plus bas, ce disque n’a pas révélé de succès mémorables et est plus ou moins tombé dans l’oubli depuis.
Même Rivers Cuomo et ses acolytes n’en semblent pas très friands, la preuve: les pièces n’ont été jouées que sporadiquement en concert. Il n’y a aucun moment particulièrement mauvais, ce qui permet à Hurley de se hisser au-dessus des bas-fonds de ce classement, mais il n’y a rien de génial non plus, ce qui l’empêche de se hisser plus haut qu’une treizième position dans ce classement.
12. Weezer (Teal Album) (2019)
En 1999, Pearl Jam a connu un succès surprise avec une reprise de «Last Kiss» de Wayne Cochran. Ils ont ensuite choisi de l’enregistrer sur un album-bénéfice au profit du Kosovo et non sur l’un de leurs albums. En 2018, Weezer a connu son plus grand succès en plus de dix ans avec une reprise d’«Africa» de Toto. Au lieu d’en faire un événement isolé, ils ont plutôt choisi de surfer sur la vague et d’enregistrer un disque complet de reprises.
Cela dit, c’est un album assez plaisant à écouter, car les chansons choisies sont toutes devenues des succès planétaires, je pense ici à «Happy Together» des Turtles, «No Scrubs» de TLC, ou encore «Everybody Wants to Rule The World» de Tears For Fears. Toutefois, ce qui est décevant, c’est que le groupe reste trop fidèle aux compositions originales.
En fait, si vous vous imaginez une version de «Billie Jean» à la sauce Weezer dans votre tête, il y a de bonnes chances que vous soyez près de la version qu’on retrouve sur l’album!
11. Weezer (Red Album) (2008)
Suite à l’échec du très peu subtil Make Believe, Weezer a réagi en enregistrant son album le plus expérimental à ce jour. Ne tombez pas en bas de votre chaise, ça sonne toujours comme du Weezer, mais on sent que le band cherchait à aller ailleurs. Ça rend les premières écoutes intéressantes, et certaines expériences sont mieux réussies que d’autres. «The Greatest Man That Ever Lived (Variations On a Shaker Hymn)», par exemple, contient onze mouvements, et on passe du métal au classique, en incluant du rap et une chorale.
Là où ça fonctionne moins bien, c’est quand Cuomo laisse ses trois comparses prendre un tour de chant. Weezer n’est pas une démocratie, c’est le véhicule créatif de Rivers Cuomo. Ces trois chansons, placées successivement sur le disque, représentent le moment le plus faible de ce Red Album.
Ironiquement, à travers toutes ces expérimentations, les meilleures chansons sont sans doute celles qui suivent davantage la formule habituelle, comme «Pork and Beans» et «Troublemaker».
10. Death to False Metal (2010)
Death to False Metal n’est pas exactement un album, c’est plutôt une compilation de chansons inédites. Cependant, je me suis permis de l’inclure dans cette liste, et ce, pour deux raisons. D’abord, Rivers Cuomo l’a décrit comme la suite logique de Hurley. Puis, c’est le meilleur album que Weezer a sorti entre 2005 et 2010.
Est-ce parce que certaines des chansons datent d’aussi loin que les débuts de la formation? C’est possible. Cependant, on n’a jamais l’impression d’écouter une collection disparate de morceaux. L’album est étonnamment cohérent, même lorsque le groupe s’aventure à reprendre «Un-break My Heart» de Toni Braxton.
Sorti sans tambour ni trompette, c’est sans doute le diamant caché dans la discographie du groupe!
9. Van Weezer (2021)
Comme son titre l’indique, Van Weezer se veut un hommage à Van Halen, mais également à tous les groupes de hair metal des années 1980. Si la période de résurgence de Weezer (depuis 2014) a surtout été marquée par un son pop, le groupe a tout de même offert des disques avec de la grosse guitare dans le passé. C’est cependant le premier qui semble avoir été écrit expressément dans le but de pouvoir y faire des solos.
Si le son plus rock est rafraîchissant par rapport aux derniers albums du groupe, ce n’est pas pour autant le plus original. Ozzy Osbourne, Billy Joel, de même que les membres de Mötley Crüe, Asia et Blue Öyster Cult, sont crédités sur l’album, car plusieurs titres empruntent des passages de leurs chansons à chacun.
Venant d’un compositeur comme Cuomo, c’est un peu décevant, mais l’exercice demeure assez divertissant.
8. Pacific Daydream (2017)
Lancé à la suite d’un second souffle de la part du groupe, Pacific Daydream ne frappe cependant pas aussi fort que ses deux prédécesseurs. Ce n’est pas tellement un désaveu envers cet album qu’une reconnaissance de la grande qualité de ces derniers.
C’est certes une œuvre extrêmement bien composée, jouée et produite, mais ça reste un album fait en surface et, après quelques écoutes, même s’il y a parfois de bons moments, on préfère se tourner vers l’un des sept albums qui suivent.
7. Weezer (Green Album) (2001)
S’il avait été vu comme le retour de Weezer après le fiasco qu’a été Pinkerton, le fait que ce dernier soit maintenant encensé par la critique et les fans a fait pâlir un peu l’étoile de ce Green Album.
Les tubes «Hash Pipe» et «Island in the Sun» demeurent des incontournables, et ce, vingt ans après la sortie de l’album, mais pour le reste, c’est un peu mince, même si l’ensemble est bien exécuté. C’est l’équivalent d’une peinture à numéro pour un album de Weezer.
6. Everything Will Be Alright In The End (2014)
C’est l’album du grand retour. Après une série d’opus décevants, Weezer a retrouvé, avec Everything Will Be Alright in the End, une certaine pertinence dans le paysage musical. Pour une rare fois, on sent que le band ne se force pas pour adopter une direction précise. Ce n’est pas l’opus le plus pop, le plus punk, voire le plus expérimental, ni celui avec plus ou moins de guitares… C’est tout simplement un sacré bon album de Weezer.
Et en fait, il y a une bonne raison à cela: le groupe a finalement embrassé son passé. Ric Ocasek est de retour derrière les consoles après avoir produit le Blue Album et le Green Album. Cuomo fait explicitement référence à la période sombre où le groupe se cherchait entre 2005 et 2010, chantant: «I thought I’d get a new audience, I forgot that disco sucks» sur Back to the Shack.
On sent sur ce disque que Weezer a tiré une leçon de leur période sombre et qu’ils reviennent finalement à ce qu’ils font de mieux.
5. Maladroit (2002)
Ce qui a aussi fait pâlir l’étoile du Green Album, c’est le fait que le groupe a sorti, à peine un an plus tard, ce petit bijou qu’est Maladroit. C’est un opus qui est passé sous le radar du grand public. D’abord, parce qu’il est sorti très rapidement après l’album vert, puis parce que les extraits radiophoniques choisis, soit «Dope Nose et «Keep Fishin’», n’ont pas eu le même succès que «Hash Pipe» et «Island in the Sun».
Et pourtant, ce sont là d’excellentes chansons, comme la plupart des titres qu’on retrouve sur Maladroit. Particulièrement «Dope Nose», qui est sans doute l’une des meilleures compositions de Cuomo. C’est un album malheureusement trop souvent oublié lorsqu’on parle des meilleurs efforts du groupe.
4. OK Human (2021)
Enregistré après, mais sorti avant Van Weezer, il va sans dire qu’on ne pourrait pas trouver deux albums plus aux antipodes dans le catalogue du groupe! Alors que Van Weezer laisse toute la place à la guitare, ici il n’y a aucune guitare électrique. L’album a plutôt été enregistré avec un orchestre.
Il pourrait être facile de voir dans OK Human qu’un simple exercice de style un peu simpliste au premier abord. En effet, on a déshabillé les chansons de la distorsion des guitares électriques habituelle et on les a habillées plutôt avec un orchestre classique.
La grande réussite de cet album, c’est justement qu’on oublie rapidement l’orchestre! Les chansons prennent le devant de la scène. Ça aurait sans doute été un excellent exercice avec ou sans orchestre, étant donné la qualité du matériel.
Cette version reste très bien exécutée et on a parfois l’impression que c’est la version de Weezer qui aurait toujours dû exister.
3. Weezer (White Album) (2016)
Après un retour en force avec Everything Will Be Alright in the End, Weezer poursuit sa lancée avec un second album qui a su séduire autant la critique que le public. S’il ne contient pas un hit comme «Back to the Shack», il est cependant mieux ficelé que son prédécesseur. On y retrouve de fait une cohésion qui manquait sur l’album précédent.
Si Everything Will Be Alright in the End laissait croire que Weezer était de retour, avec White Album, ils reprennent totalement possession de leurs moyens.
2. Weezer (Blue Album) (1994)
Pour plusieurs, ça reste LE meilleur album que Rivers Cuomo et sa bande ont fait paraître durant leur carrière. C’est définitivement celui qui contient les plus grands succès. Si Weezer a connu son lot de hits à travers les années, les plus marquants restent sans conteste «Buddy Holly», «Undone – The Sweater Song» et «Say It Ain’t So». Et ils figurent tous sur ce premier effort.
C’est également un album extrêmement bien construit de A à Z. «My Name Is Jonas», en ouverture, donne le ton, alors que «Only in Dreams», avec sa montée en crescendo et son solo de guitare épique, est la conclusion idéale.
Ce Blue Album est un opus marquant de la décennie 90 qui a très bien vieilli, sans doute parce qu’aucun autre groupe n’a jamais sonné comme Weezer. Alors que tout le monde tentait de devenir le nouveau Kurt Cobain suite au décès de ce dernier, Rivers Cuomo a choisi de devenir le premier Rivers Cuomo.
1. Pinkerton (1996)
Voici l’album qui peut expliquer la carrière complète de Weezer. Lors de sa sortie, les critiques n’ont pas été tendres envers le second disque du groupe, et les fans l’ont même rejeté. Cet échec a hanté Rivers Cuomo qui a passé le reste de sa carrière à sortir des albums où il tentait de corriger ce que la critique et le public reprochaient à l’album précédent. Il y aurait un essai entier à écrire sur ce qu’aurait pu devenir Weezer si Pinkerton avait connu un succès immédiat.
Pourtant, dans les années subséquentes, Pinkerton est devenu un album culte, et les critiques l’ont élevé au rang de chef-d’œuvre. Lors de sa sortie, les lecteurs du magazine Rolling Stone l’ont classé comme troisième pire disque de 1996, alors qu’en 2002, il a plutôt été classé seizième meilleur album de tous les temps. Rarement l’opinion sur une œuvre a changé aussi drastiquement et aussi rapidement!
Rivers Cuomo maîtrise l’art d’écrire une mélodie accrocheuse, même qu’il y excelle. C’est la raison pour laquelle tous les disques de Weezer, même les pires, restent écoutables. Parfois, comme sur l’album bleu, il est en état de grâce et réussit, grâce à son talent inné, à aboutir d’une œuvre mémorable.
Ce qui rend Pinkerton spécial, c’est que pour une rare fois, le leader se dévoile corps et âme. Ce n’est pas toujours aussi agréable à entendre qu’une «Island in the Sun» ou une «Buddy Holly», mais c’est cru et pur. C’est ce qui a repoussé les fans et les critiques au départ, mais c’est ce qui, avec le recul, fait que cet album est le meilleur du groupe.