MusiqueL'épopée musicale de
Crédit photo : Tous droits réservés @ Page Facebook de Metallica
Mention honorable: Lulu (2011) – Lou Reed & Metallica
Il est difficile de classer Lulu à travers la discographie complète de Metallica. Si la musique fait écho au son distinct du groupe, le fait qu’elle accompagne des chansons écrites et chantées par Lou Reed change complètement la donne. En tant qu’album, il est définitivement meilleur que les dernières entrées de cette liste, mais demeure très loin des classiques tels que Master of Puppets ou Metallica.
Votre appréciation de ce disque risque de dépendre de votre appréciation de Lou Reed… et encore. Autant les fans de l’ex-Velvet Underground que ceux de Metallica ont pesté contre Lulu lors de sa sortie. C’est sûr que ce n’est pas une œuvre «facile» en soi, mais elle mérite réellement qu’on s’y attarde.
Il s’agit d’une petite curiosité dans la discographie de ces deux géants de la musique.
11. Reload (1997)
Un certain stigma entoure Load et Reload. Si Metallica présentait déjà un son plus commercial que ses prédécesseurs, pour bien des gens, c’est sur ces deux albums que le groupe a «vendu son âme». Or, ce n’est pas tout à fait vrai. Ils ont plutôt voulu essayer autre chose. Cependant, un seul opus de ce type aurait suffi.
À tort, plusieurs croient que Reload est composé des rejets des sessions de Load. En fait, ce sont plutôt les chansons qu’ils n’avaient pas encore terminées lorsque Load a paru, un an plus tôt.
Il faut que je l’avoue: c’est l’effort le moins «inspiré» du quatuor. Certains titres sortent quand même du lot, entre autres «Low Man’s Lyric», la seule ballade folk de leur discographie, ainsi que l’excellent simple «The Memory Remains», élevé par la présence de la légendaire Marianne Faithfull.
10. St. Anger (2003)
Le documentaire Some Kind of Monster, dans lequel on suit le groupe pendant la création de St. Anger, est beaucoup plus fascinant que l’album lui-même. En effet, on suit le groupe alors qu’il est au bord de l’implosion à la suite du départ du bassiste Jason Newsted, de leur poursuite contre Napster, et du séjour de James Hetfield en cure de désintoxication.
Le disque qui en découle est le plus agressif de leur discographie, mais ce n’est définitivement pas le meilleur. Les paroles ne sont pas très percutantes, le son de la batterie est atroce, la production laisse à désirer, et les chansons sont beaucoup trop longues et répétitives. Certaines en deviennent même désagréables à l’écoute.
Cependant, on sent les musiciens beaucoup plus impliqués que sur Reload, et si le résultat n’est pas au rendez-vous, il y a toutefois un effort visant ici à essayer quelque chose de différent. Chaque morceau, écouté séparément, n’est pas si mauvais, je pense par exemple à la pièce-titre et à «Some Kind of Monster».
Mais écouter les 75 minutes de St. Anger en continu relève du sadomasochisme.
9. Garage Inc. (1998)
Comme beaucoup de groupes, Metallica a commencé sa carrière en faisant des reprises. Sur Garage Inc., ils s’offrent un petit retour à cette époque pour notre plus grand bonheur. On ne parle pas ici d’un classique; c’est vraiment un projet fait par pur plaisir.
Le premier disque présente onze nouvelles reprises, parmi lesquelles «Turn the Page» et «Whiskey in the Jar» refont régulièrement surface lors de leurs concerts. «Loverman», originalement créée par Nick Cave, est cependant la plus intéressante.
Sur le deuxième disque, on retrouve toutes les reprises que Metallica a enregistrées à travers les années, dont l’excellent EP Garage Days Re-Revisited, sorti en 1987, ainsi que certains covers qui sont devenus presque des classiques du groupe, comme «Am I Evil?», «So What» et «Breadfan».
8. Load (1996)
Contrairement à la croyance populaire, Load contient plusieurs excellentes chansons. «Until it Sleeps» et «King Nothing» me viennent en tête de liste. Il est toutefois facile de comprendre les reproches adressés par le public et la critique. Car après cinq albums frôlant la perfection, on tombait quand même de haut!
Load et Reload, même s’ils n’en ont pas la forme, souffrent du syndrome de l’album double. Si on pouvait prendre les trois ou quatre meilleures pièces de Reload pour remplacer les plus faibles qui composent Load, ce dernier grimperait de quelques rangs.
Mais si on ne devait au final en garder qu’un seul, ce serait Load sans l’ombre d’une hésitation.
7. Death Magnetic (2008)
Après Load, Reload et St. Anger, l’arrivée d’un nouvel effort de Metallica, à cette époque, créait plus un sentiment d’inquiétude que d’excitation chez la plupart des mélomanes. La sortie du premier simple, «The Day That Never Comes», une ballade épique de huit minutes rappelant «One» ou «Fade to Black», a rassuré les fans.
Avec Death Magnetic, on retourne ici à ce qui fonctionnait dans les années 1980, mais avec une production signée Rick Rubin au goût du jour. À certains égards, cet opus sonne comme le chaînon manquant entre …And Justice for All et Metallica.
Certains ont cependant reproché à Metallica de l’avoir joué safe ici. C’est sans doute vrai. Mais c’est ce que le groupe se devait de faire à cette étape de sa carrière, pour se retrouver et pour continuer sa route.
6. Hardwired… to Self-Destruct (2016)
Si Death Magnetic a su réconforter les amateurs, c’est vraiment avec Hardwired… to Self-Destruct que Metallica a retrouvé toute sa pertinence. Si certains croyaient que le groupe n’existait plus que pour engranger des millions en jouant ses vieux succès en tournée, ils ont dû changer d’avis en entendant les trois minutes explosives de «Hardwired» en ouverture de l’album.
Après avoir retrouvé ses repères avec Death Magnetic, Metallica a sorti son meilleur opus en vingt-cinq ans, alors que personne ne l’attendait plus. «Atlas, Rise!» et «Moth Into Flame» ressortent particulièrement du lot, mais il n’y a pas vraiment de mauvais moment sur cet album double (un choix purement esthétique, car il ne dure que 77 minutes).
5. Metallica (1991)
Metallica est un disque polarisant. Certains le voient comme leur dernier classique, d’autres comme leur premier «mauvais» album. Une chose est sûre, il y a une cassure par rapport aux opus précédents.
Après trois albums construits sur le même moule et produits par le Danois Flemming Rasmussen, un réalisateur musical très respecté dans le monde du heavy metal, Metallica décide ce coup-ci de faire appel à Bob Rock, qui vient tout juste de produire Dr. Feelgood de Mötley Crüe. On sent déjà que le groupe espère atteindre un plus grand public.
Or, ils ne font pas nécessairement que des concessions pour y arriver. La musique reste très pesante. Le changement s’opère surtout au niveau de la composition. Les chansons sont plus concises et plus efficaces. Et, que l’on aime ou non le travail de Rock, il faut admettre que ça sonne comme une tonne de briques: «Enter Sandman», «Nothing Else Matters», «Sad But True», «The Unforgiven», «Wherever I May Roam»… la plupart des groupes métal n’ont aucun succès qui réussissent à se hisser dans les palmarès. Metallica en a cinq sur le même microsillon.
Et c’est peut-être l’album le plus important du genre. Il a su donner à la musique métal une visibilité inégalée. Et pour le groupe lui-même, sans cet album noir, on ne parlerait sans doute pas de Metallica comme l’un des plus grands groupes de l’histoire de la musique rock.
4. Kill ‘Em All (1983)
Pour les puristes du trash metal, il s’agit du meilleur opus du quatuor. Alors que les chansons de sept minutes et plus deviendront la norme sur les trois efforts subséquents, on en retrouve une seule ici: la sublime «The Four Horsemen».
Le reste de l’album contient plusieurs petits bijoux, mais dans un style moins poli que ce que le groupe offrira par la suite, comme «Whiplash» ou «Motorbreath». Et on y retrouve aussi l’un des plus grands classiques du groupe, «Seek & Destroy» joué à chaque concert, ou presque.
Sur une scène métal bourgeonnante, Metallica s’est rapidement hissé au-dessus de la mêlée avec ce premier effort. Le quatuor va établir sa légende sur les albums suivants, mais dès Kill ‘Em All, il est impossible de les ignorer.
3. …And Justice for All (1988)
Le 27 septembre 1986, Metallica est victime d’un accident de la route avec leur autobus de tournée. Cet accident coûtera la vie au bassiste Cliff Burton, l’un des meilleurs de sa profession. …And Justice for All est le premier album sans lui, ce qui explique possiblement pourquoi la basse est presque inaudible sur le mix final.
Ça n’empêche pas l’opus d’être le plus pesant du groupe! C’est également leur plus complexe et sophistiqué. Une seule chanson est sous la barre des six minutes, et pourtant aucune ne s’éternise! On n’enlèverait aucune seconde des dix minutes que dure l’excellente «…And Justice for All», et on peut en dire autant de chacun des morceaux.
«Blackened» et «Harvester of Sorrow» demeurent des incontournables lors des concerts, mais on retrouve surtout sur ce disque un titre que plusieurs considèrent comme le plus grand classique de Metallica: «One».
2. Ride the Lightning (1984)
L’évolution entre Kill ‘Em All et Ride the Lightning est assez incroyable. On peut sans doute l’attribuer à l’arrivée du guitariste Kirk Hammett et, surtout, du bassiste Cliff Burton dans le groupe. Les deux jouaient sur Kill ‘Em All, mais les chansons avaient été écrites avant leur arrivée. Ici, Burton est crédité comme compositeur sur six titres, et Hammett sur quatre d’entre eux.
Si Kill ‘Em All est un excellent album trash metal, Ride the Lightning est tout simplement un excellent opus. C’est le premier disque où l’on retrouve vraiment l’essence de Metallica, à savoir un groupe pesant mais extrêmement mélodique, qui ne peint aucun tableau en noir et blanc, mais en teintes de gris, navigant constamment entre l’ombre et la lumière.
Sur les huit chansons qui le composent, on retrouve au moins quatre grands classiques: «Creeping Death», «For Whom the Bell Tolls», «Fade to Black» et «Ride the Lightning». Et les quatre autres morceaux ne sont pas piqués des vers non plus.
Il est difficile de demander mieux. Pourtant, ils ont réussi à le faire…
1. Master of Puppets (1986)
Voici le plus grand chef-d’œuvre du métal. Point. Je pourrais arrêter cette critique ici, car le reste est superflu. Mais allons-y un peu plus en détail, quand même.
Sur Master of Puppets, le groupe suit le canevas établi sur Ride the Lightning, mais l’améliore en tout point. «Battery» est l’une des meilleures chansons pour ouvrir un album, alors que «Damage Inc.» clôt le tout de manière aussi spectaculaire. Entre les deux, il n’y a aucun temps mort.
Parmi les moments forts, notons la pièce instrumentale «Orion», qui démontre tout le génie du bassiste Cliff Burton. Sa mort tragique, quelques mois plus tard, est sans doute la raison principale qui explique pourquoi Metallica n’a jamais réussi à créer un autre opus aussi parfait que Master of Puppets. Un autre moment inoubliable, c’est la pièce-titre, que tout amateur de musique, métal ou non, reconnaît dès les premières notes.
Reign in Blood de Slayer, sorti la même année, est l’autre œuvre la plus souvent citée comme meilleur album métal de tous les temps. Au niveau de la vélocité et de la brutalité, il surpasse sans doute Master of Puppets, mais ce dernier est beaucoup plus sophistiqué et a su dépasser les cadres de la musique métal et s’imposer davantage comme l’un des meilleurs albums de tous les temps, tous genres confondus.