MusiqueL'épopée musicale de
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5. Tron: Legacy (2010)
D’entrée de jeu, nous avons un album complètement différent du reste du catalogue du groupe. Engagé pour composer la trame sonore de la suite de Tron, un classique de science-fiction datant de 1982, Daft Punk a fait appel à un orchestre classique de 85 musiciens.
La musique est plus influencée par les bandes sonores originales composées par John Williams et Hans Zimmer que par les éléments house, techno ou disco qui forgent habituellement le son du groupe. Il y a peu de chansons de plus de trois minutes. C’est vraiment une œuvre qui sert à créer une ambiance pour le film et où les sonorités occupent une plus grande importance que la mélodie.
Comme trame sonore du film, ça fonctionne à la perfection. Cependant, l’écoute en dehors de ce contexte est un peu lourde. Et puisque Tron n’est malheureusement pas un très bon film, il y a peu de chances que l’on réécoute l’album à répétition en accompagnement de ce dernier.
4.Human After All (2005)
Rarement une œuvre a aussi bien porté son nom! Après deux disques accueillis par des critiques dithyrambiques, Homem-Christo et Bangalter prouvent finalement qu’ils sont humains après tout. La différence de qualité entre cet album et les trois autres albums du groupe, en omettant la trame sonore de Tron: Legacy, est frappante.
Après avoir mis deux ans à enregistrer Discovery, le duo a souhaité adopter une approche différente et a produit cet album sur une période de six semaines dans le but avoué d’aboutir d’un son plus spontané et moins poli. Si cette façon de faire peut être payante pour un album rock, elle se prête néanmoins un peu moins à la musique électronique, où l’on veut créer l’illusion de la performance. Ça donne une impression de paresse et non de spontanéité.
Si, au départ, l’intention de Daft Punk était de créer un album à l’opposé de Discovery, au final, Human After All est plutôt inscrit dans la continuité de l’album précédent, mais en moins bien réussi. C’est comme si on y retrouvait des maquettes destinées à Discovery qui n’ont jamais été terminées. «Technologic» est une moins bonne «Harder, Better, Faster, Stronger», «Robot Rock» est une «Aerodynamic» moins réussie… et l’euphorie présente sur l’album d’avant n’est pas au rendez-vous.
Si la répétition a toujours fait partie de la musique de Daft Punk, elle est ici poussée à l’extrême et elle devient irritante au lieu d’être efficace. À leur défense, si vous écoutez l’album en concert Alive 2007, les chansons prennent une autre dimension lorsqu’elles sont mixées avec les succès des premiers albums.
3. Homework (1997)
Pour certains, Homework est le meilleur album du groupe. Et c’est tout à fait défendable, puisque c’est probablement le plus influent. Quand l’album est sorti, il a eu l’effet d’une bombe dans le monde EDM. Cependant, il a moins bien vieilli que les albums subséquents. Ce n’est pas que le son est dépassé, mais il a tellement été copié, que l’effet de nouveauté s’est comme perdu. Et c’est sans doute ce qui explique qu’on n’a plus le même frisson en le réécoutant plus de vingt ans après.
Il ne faut cependant pas s’y méprendre, ça reste un excellent album. En fait, il est bien meilleur que la plupart des opus d’artistes qu’ils ont par la suite influencés.
Daft Punk arrive, dès son premier album, à établir son style sans fioritures où chaque beat, chaque note, chaque mot comptent. Et une fois qu’ils ont trouvé le motif parfait, ils le répètent sans cesse.
Pourquoi se forcer à faire plusieurs parties différentes à une chanson quand on peut reprendre sans cesse le même excellent motif en étant diablement efficace?
Certaines critiques leur ont reproché cette répétition, mais quand Daft Punk réussit son pari, la chanson pourrait durer encore plus longtemps, et personne ne s’en plaindrait. La preuve: «Around The World» et «Da Funk» resteront à jamais au panthéon des grandes chansons électroniques.
2. Random Access Memories (2013)
Il s’agit du retour triomphal du duo avec un premier véritable album en huit ans. Et si le dernier, Human After All, avait déçu autant les fans que les critiques, Random Access Memories a su reconquérir le cœur des fidèles.
C’est sans doute leur album le plus ouvertement commercial, avec au programme plus de chansons bâties sur une formule se rapprochant plus de la formule «couplet-refrain-couplet». La présence des artistes invités, comme Pharell Williams et Julian Casablancas, issus de la pop et du rock, n’y est pas étrangère. C’est d’ailleurs une nouveauté importante de cet album.
Cette fois Bangalter et Homem-Christo ne sont pas seuls, et ils marient leur musique électronique à de vrais instruments.
En plus de Williams et Casablancas, on retrouve le pianiste montréalais Chilly Gonzalez, le guitariste de Chic, Nile Rodgers, le chanteur folk Paul Williams, Panda Bear du groupe Animal Collective… Cette pléiade de collaborateurs diversifiée apporte une richesse absente de leurs autres opus, sans pour autant dénaturer leur son. On continue de taper du pied et de danser tout au long des treize morceaux.
Et pour la première fois, le duo a pu se retrouver à la radio commerciale sans trop détonner. «Get Lucky», en particulier, possède cette rare qualité: c’est une chanson qui, dès la première écoute, nous donne l’impression d’avoir toujours existé.
À moins que ce soit le reste de la planète pop qui a fini par rattraper Daft Punk…
1. Discovery (2001)
Si Homework avait déjà mis la table de façon spectaculaire, c’est sur Discovery que Daft Punk a réellement explosé. Au niveau commercial, bien sûr, mais surtout au niveau artistique. Ce qu’ils avaient commencé sur leur premier album est ici perfectionné et on y retrouve une plus grande sensibilité mélodique, avec des influences disco et synth-pop qui viennent s’ajouter.
Si l’album a bien un défaut, c’est qu’il commence trop fort. Les chansons du quatuor «One More Time», «Aerodynamic», «Digital Love» et «Harder, Better, Faster, Stronger» sont toutes devenues des classiques, si bien que la suite peut décevoir. Mais chaque fois qu’on repart l’album, un nouveau morceau accroche, et on finit par apprécier de plus en plus les perles dispersées à travers celui-ci, dont «Crescendolls», «Something About Us», ou la très bien nommée «Too Long», d’une durée de dix minutes.
Pour quelqu’un qui écoute Daft Punk pour la première fois, c’est le meilleur point d’entrée dans leur discographie, et pour l’initié, c’est l’album auquel il va toujours revenir.
C’est en fait l’opus qui a encapsulé le mieux ce qu’a su créer le duo.