«Le résultat de mes bêtises» de Jason Bajada – Bible urbaine

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«Le résultat de mes bêtises» de Jason Bajada

«Le résultat de mes bêtises» de Jason Bajada

Plonger tête première dans l'aventure francophone

Publié le 15 octobre 2013 par Romi Quirion

Crédit photo : Audiogram

Après quatre albums en anglais, le Montréalais Jason Bajada se renouvèle avec Le résultat de mes bêtises, un opus composé dans la langue de Molière. Sur ce dernier, l’auteur-compositeur-interprète prend une tangente plus pop sans pour autant délaisser le folk. Une œuvre que l'on apprécie pour la poésie des textes ainsi que pour les superbes arrangements et la qualité des musiciens.

Jason Bajada possède un répertoire folk raffiné dont Puer Dolor (2005), Up Go the Arms (2006), Loveshit (2009) et The Sound Your Life Makes (2011). L’artiste s’est fait remarquer avec son troisième album bouleversant. Le vidéoclip «Down with the Protest», dans lequel Marc Labrèche trimbale le corps inerte de Bajada dans les rues, y a certainement contribué… À cette époque, l’auteur vaguait dans une profonde tristesse à la suite d’un douloureux naufrage amoureux. Loveshit est un album sincère qui nous fait constater la hauteur de son talent et qui nous rappelle Jack Johnson avec son folk-pop. On y retrouvait une splendide version intimiste de la reprise de Wolf Parade «You Are a Runner». Deux ans après, la blessure étant cicatrisée, The Sound Your Life Makes était beaucoup plus rythmé, moins mélancolique, mais l’habile compositeur restait trop ancré dans sa zone de confort sur le plan musical.

Le Montréalais a trempé dès son plus jeune âge dans un monde où français et anglais cohabitent en harmonie: sur son dernier opus, il rend hommage à la langue de son père. Étant au départ intimidé pour composer en français, il écrit sur un coup de tête la chanson «Minolta» et réalise alors que son écriture est fluide dans les deux langues… Sur son plus récent disque, l’auteur-compositeur québécois s’affirme davantage et nous parle avec plus de légèreté d’amour et de filles. Certaines chansons telles que les «Les jolies Françaises» possèdent une charmante poésie: «Tu crées un malaise avec tes opinions. Ouais, tes amis te disent que tu as toujours raison. Je te ferais remarquer que ce sont tous des hommes. Avec une libido», chante-t-il. D’autres fois, les qualificatifs sont superflus: «Le temps est d’une insignifiance saline.» Dans un autre registre, on y trouve «Boire leur venin», qui aborde avec subtilité la souveraineté du Québec.

Le résultat de mes bêtises est polarisé dans son style: la moitié des chansons est plus mélancolique tandis que l’autre est davantage lumineuse. L’univers sonore qui accompagne ses ballades se dirige vers le folk aérien et la pop planante avec des échos de guitares et des synthétiseurs qui sonnent vintage. Les pièces qui ressortent du lot sont «Tes rêves», pour son superbe jeu de batterie ainsi que sa guitare et son clavier énergiques, «Whisky», avec son côté lounge-jazzy, la très accrocheuse «Armée de montgolfières», co-écrite avec Peter Peter, et la sympathique «Minolta», avec sa steel guitare qui intègre bien la touche country. Le saxophone sur «Tes pleurs» ajoute un style rétro intéressant et les violons lyriques sur «Au revoir est un mensonge» apportent une touche «karkwaesque» à la composition.

Sur son album francophone, Jason Bajada s’est entouré d’excellents collaborateurs tels que François Lafontaine, José Major, Joe Grass, Camille Poliquin, Adèle Trottier-Rivard et Marc Bell. L’œuvre se distingue par la force de ses mélodies que l’auteur qualifie de centrales. L’artiste a bien fait de faire honneur à la langue de son père, il attirera certainement un nouvel auditoire et se classera sûrement dans les coups de cœur francophones de l’année!

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