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Crédit photo : Tous droits réservés @ Zéro Musique
Cette fois-ci, l’humoriste, âgé de 60 ans (non, ça ne rajeunit pas personne!) nous propose un album 100% numérique (au grand dam de certains fans de la vieille école) et ancré dans son époque, mais dont la trame s’inspire fortement du rock progressif des années 1970. Un album du peuple mi-moderne, mi-nostalgique qui plaira donc aux 7 à 77 ans (comme toujours, avec Pérusse). Il ressuscite même le gars qui magasine par téléphone en plein cyberlundi (oui, ça clash pas mal!)
Le créateur des 2 minutes du peuple replonge ainsi tête première dans son passé de musicien et de mélomane des années 70. De multiples clins d’œil à quelques-unes de ses inspirations musicales reviennent sur l’album, tant au niveau des blagues que des pièces musicales. Pensons entre autres à Jethro Tull (dont la flûte sur «Je veux pas juger» s’inspire fortement), King Crimson, Genesis, Frank Zappa ou encore David Gilmour (qui vient même faire un tour).
D’ailleurs, ce tome XI compte parmi les albums du peuple les plus aboutis sur le plan musical. Mention spéciale à la pièce «Les 3 p’tits points» et à son super riff en 11/8 à la King Crimson.
OK, mais… est-ce que c’est drôle?
Bon, François Pérusse est d’abord et avant tout là pour nous faire rire entre deux morceaux! Et à ce niveau, quiconque ayant écouté les tomes 9 et 10 se retrouvera en terrain connu: on y retrouve à nouveau une mitraillette de gags et de jeux de mots en rafale où l’humoriste va dans tous les sens plutôt que d’offrir des capsules complètes comme sur les anciens albums.
Plus que jamais, de nombreuses écoutes s’imposent pour attraper tous les gags, qui sont parfois inégaux. On rit souvent, mais lorsqu’on sort les blagues de leur capsule, et donc de leur contexte, elles peuvent par moments devenir moins efficaces.
Ainsi, certains moments drôles, comme la parodie de La Voix, auraient sans doute gagné à être allongés. Et certaines références datant de quelques années peuvent, quant à elles, et par moments, paraître un peu datées (je ne veux pas juger, mais… on en parle-tu tant que ça en 2020 de Gertrude Bourdon ou de Chris Martin?)
Heureusement, Pérusse a plus d’un tour dans son sac et nous propose de nombreux moments d’anthologie, dont plusieurs sont signés Bob Hartley (devenu un incontournable), notamment en assistant vocal ou comme «conseiller» des Alouettes, du PQ et de Justin Trudeau. D’autres moments absolument hilarants, comme Radio-Acadie (et ses GCHOSSES TCHERISSES DE TCHREVETTEEEEEEEES), les débats à l’Assemblée nationale, la parodie de la chanson incompréhensible du Parti libéral du Canada, ou le sketch sur les acronymes au Québec, nous font passer un agréable moment et parviennent (presque) à nous faire oublier la pandémie.
D’ailleurs, parlant de pandémie (qui, soit dit en passant, n’est pas une maladie transmise par les pandas), Pérusse ne «s’épivarde» pas trop sur le sujet et c’est parfait comme ça! Quelques allusions reviennent sporadiquement, notamment au tout début de l’album avec la vidéoconférence de Zéro Musique ou sur la chanson «Deuxième vague» , que je pourrais rebaptiser «PIZZ» ou bien «PORTE» (il faut écouter pour comprendre)!
Alors, ça vaut la peine?
Si, au final, ce nouveau venu dans la famille du peuple ne rivalise pas avec les premiers opus, il saura assurément contenter les fans. Son créateur nous propose un album du peuple musicalement riche, collé sur son époque (avec notamment des gags sur TikTok, Fortnite ou Stranger Things), mais empreint de nostalgie pour les vieux gens de la génération de Pérusse. On aurait peut-être aimé sentir cette même nostalgie dans les blagues avec un peu plus de clins d’œil à ses personnages mythiques tels que Jean-Charles, Louis-Paul Fafard Allard ou l’animatrice de Sexe Conseil (elle est devenue quoi elle, d’ailleurs?)
Bon, on ne pourra pas le ranger physiquement à côté des autres albums du peuple, un peu à l’image du confinement et de 2020 en général, finalement. Mais il s’agit assurément d’un digne successeur dans l’héritage comique (et déjà titanesque) de François Pérusse!
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de la rédaction