MusiqueLa petite anecdote de
Crédit photo : Conform
Vacances-Travail à Laval
Partir en tournée, c’est un peu comme aller à la chasse. On traîne plein de stock, on se cache dans un trou et on attend, dans un mélange d’appréhension et de terreur, le moment parfait pour sortir. On rampe un peu, on met le noble animal en joue et, rendu-là, on prend une chance. Impossible de prévoir comment va se dérouler la chasse.
On a beau avoir pratiqué mille fois, les paramètres ne sont jamais les mêmes. Tout ce qu’on peut faire, c’est aiguiser ses réflexes et prévoir l’imprévisible.
Je ne suis jamais allée à la chasse. Cela dit, je fais de la tournée.
Parfois, on est dans une camionnette pendant des heures à rien foutre, mais dès qu’on arrive, on doit être méga opérationnels parce qu’on a une demi-heure de retard et juste 45 minutes pour réaliser le montage et le test de son.
Parfois, on va jouer à Laval en première partie de Bran Van 3000 et on a cinq heures entre le test de son et le spectacle.
Le 16 juillet dernier, c’était le deuxième cas de figure. Ce cas de figure est propice à une journée de type Vacances-Travail.
Voyant le temps qui nous séparait du spectacle, on a choisi d’embrasser le mode de vie lavallois. Après un test de son en nature, on a remarqué une piscine non loin de la scène extérieure du au Festival des bières de Laval – un évènement durant lequel se rassemblent les Lavallois.es au palais aventureux.
Ceux-ci commençaient déjà à vivre les effets conjugués de l’alcool, du soleil et du manque d’eau quand on est arrivés à 11 h 30.
Une fois la besogne de son faite, on a pu vivre notre rêve «couronne-nordesque».
Ayant localisé notre plan d’eau, on a amorcé la quête suivante: se trouver des costumes de bain. N’écoutant que notre courage, on a quitté le lieu du festival à bord de la camionnette de tournée et on a foncé droit vers les confins de l’Île-Jésus pour tenter de trouver un Walmart.
Arrivés à destination, on a pénétré le commerce de grande surface en promettant de se retrouver au point de rassemblement, puis nos chemins se sont séparés. Les plus craintifs ont formé des équipes de deux. Les plus braves ont foncé droit vers l’inconnu inquiétant et odoriférant de plastique.
À travers les allées sans fin, plusieurs ont perdu espoir de retrouver leur chemin. On a tous perdu la notion du temps.
Pour ma part, un dédale m’a fait déboucher dans une allée réfrigérée où poussaient des raisins biologiques. J’ai saisi une barquette, et la poignée de raisins verts juteux et bons m’a redonné des forces.
J’ai trouvé la sortie et j’ai pris grand soin de payer mon dû pour ces raisins salvateurs.
Au point de rassemblement, ils étaient tous là. Mais j’ai constaté avec épouvante que chacun de mes compagnons avait pris au pied de la lettre l’instruction «Trouvez-vous un costume de bain pour la piscine».
J’ai découvert avec consternation que tous s’étaient acheté les apparats précis des maîtres-nageurs, et que chaque item bicolore rouge et blanc portait l’inscription “Lifeguard” en typographie Impact.
Au moins, ils avaient acheté un haut-parleur Bluetooth qui nous permettrait d’agrémenter notre parcours aux rythmes d’Ata Kak.
On est ensuite allés à la SAQ, car je ne bois pas de bière. Puis on est allés gazer.
Et à chaque escale, on prenait bien le temps de se stasher autour du véhicule avec notre Bluetooth, à la manière d’un.e véritable Lavallois.e.
On est finalement arrivés à la piscine publique où on a été accueillis en héros. Évidemment, nos vêtements affichaient les couleurs confortantes de la rescousse.
La foule respectueuse s’ouvrait sur notre passage.
On évoquait la sécurité.
On est revenus à la scène principale, passant à travers un grillage de sécurité et esquivant au passage les haches perdues des lanceurs amateurs.
On était humides, mais heureux.
Le spectacle s’est bien déroulé et j’ai chanté «360 jours» dans un pick-up.