MusiqueLa petite anecdote de
Crédit photo : Julie Artacho
La quête
J’ai 16 ans et je retranscris frénétiquement les paroles de mon groupe préféré. R.E.M. Mon monde est dicté par les mouvements, la poésie et les battements de cils de Michael Stipe, chanteur charismatique et emblématique de ce groupe d’Athens, Géorgie, USA. La star des stars de la pop alternative, la quintessence de la liberté artistique, qui pogne aux quatre coins du monde, bref l’idole la plus cool de la planète.
Le premier disque que j’ai acheté? Green de R.E.M. La seule lettre que j’ai écrite à un fan club? C’est à R.E.M. Le gars que je voulais épouser adolescente? Michael Stipe. Vous dire à quel point ce groupe a marqué ma vie…
J’ai donc 16 ans, et (en écoutant R.E.M. en boucle) je me jure que si un jour je deviens animatrice, je ferai tout pour interviewer mon groupe fétiche. Je me fais cette promesse. Juré craché. Sur la tête de ma mère. Et si je mens, je meurs.
Au cours des dix années qui ont suivi, j’ai essayé, j’ai tout essayé… J’ai écrit et écrit à la compagnie de disque, jusqu’à plus soif. J’ai téléphoné jusqu’à ce qu’ils connaissent mon nom par cœur. J’ai pris un train Montréal-Toronto, prête à tout, pour finalement apprendre, le jour J, qu’ils ne donneraient pas d’entrevues.
Et un jour, je reçois un appel. Qui me dit que je pourrais, peut-être, rencontrer R.E.M. à New York, lors de leur intronisation au Rock and Roll Hall of Fame. Je prends donc mon accréditation pour l’événement, je me rends dans la grosse pomme, je suis prête à tout.
Le jour J, je me rends au Waldorf Astoria, où je côtoie Keith Richards, Eddie Vedder, Patti Smith. Jusqu’à la toute dernière minute, je ne sais pas si je pourrai rencontrer le fruit de ma quête… R.E.M.
Mon téléphone sonne, on me dit de me rendre derrière les rideaux noirs à ma droite. Je m’installe. Je capote. Et finalement, je vois Michael Stipe, mon idole de tous les temps, marcher vers moi.
J’ai eu cinq minutes d’entrevue. Il portait un complet blanc et il avait mauvaise haleine.
Mais à ce moment-là, devant mon idole imparfaite que j’avais pourchassée pendant une décennie, j’ai su que tout était possible. Que tout m’était possible.