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Crédit photo : Nina Corcoran
Quelques bonnes nouvelles pour débuter. Tout d’abord, tous les membres originaux (et ils sont nombreux) du super groupe sont présents sur l’album: Leslie Feist, Emily Haines et Jimmy Shaw de Metric, Amy Millan et Evan Cranley de Stars, etc. Ainsi, les chansons explosives, qui font partie de la facture sonore de la formation, sont ici de retour dans toute leur gloire. L’autre bonne nouvelle, c’est que Broken Social Scene fera résonner ses pièces sur scène, là où ils brillent toujours avec des performances énergiques et endiablées.
Qu’en est-il de Hug Of Thunder, donc? Le premier tiers de l’album est extrêmement réjouissant. En effet, après une courte entrée en scène atmosphérique («Sol Luna»), le groupe nous envoie directement dans les oreilles la «bombastique» et glorieuse «Halfway Home», premier extrait que le groupe a récemment joué à l’émission de Stephen Colbert. On y retrouve une chaleur réconfortante et inspirante digne des beaux jours. «Protest Song» fait aussi belle figure, et il fait d’ailleurs du bien de réentendre ces harmonies vocales qui alternent entre masculin et féminin. «Skyline» poursuit dans la même veine: le groupe tente d’atteindre de nouveaux cieux et leur ambition est évidente.
Sauf que la formule, il fallait peut-être s’y en attendre, s’épuise par la suite. Ainsi, après avoir entendu les arrangements copieux et les chants en cœur grandioses qui nous frappent de plein fouet, l’élément de stupéfaction s’estompe assez rapidement. Un peu comme une vague qui atteint une bonne hauteur rapidement et qui baisse pour s’échouer tranquillement sur le rivage. Quelques pièces au milieu de l’album telles que «Vanity Pail Kids» et «Victim Lover» n’arrivent pas vraiment à maintenir le momentum. Évidemment, il est très difficile de maintenir une cadence aussi forte que le premier tiers, mais le disque aurait sans doute pu être mieux équilibré dans la séquence des chansons.
Par contre, le groupe est tout même capable au final de revenir en force avec «Gonna Get Better», délicieuse pièce plus sobre où Ariel Engle s’arrête à l’idée que les choses ne peuvent pas nécessairement aller plus mal: «Future is not what it used to be / Things’ll get better ‘cause they can’t get much worst». Broken Social Scene ont toujours été à leur meilleur quand ils se rangent derrière l’optimisme malgré un fatalisme inévitable. Et c’est là que réside le pouvoir de leur musique depuis les tous débuts et la finale épique qu’est «Mouth Guards of the Apocalypse» confirme le tout: malgré toutes les embuches, le groupe fera tout en son pouvoir pour rallier les troupes.
Alors, c’est un retour amplement satisfaisant qui ne casse toutefois rien. Et, qui sait, peut-être que Hug Of Thunder sera plus convaincant que le prochain album d’Arcade Fire?
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de la rédaction