«For Dreaming» de Roxanne Potvin – Bible urbaine

MusiqueCritiques d'albums

«For Dreaming» de Roxanne Potvin

«For Dreaming» de Roxanne Potvin

Une simplicité qui frappe

Publié le 6 avril 2016 par Marie-Hélène Proulx

Crédit photo : Roxanne Potvin

L'auteure-compositrice-interprète montréalaise d'adoption entame la chanson thème de son troisième album en chantant: «I left school at 17 to see the country's coast, that meant more to me than fancy books smart people wrote, I wish I were a renegade but most the time I'm just afraid». Ces quelques mots annoncent à merveille qui elle est et ce qu'elle a à offrir: un discours plus bohème que rebelle, mais un langage intimiste qui parvient quand même, sans fioritures, et dans ses allures de spontanéité toute simple, à trouver une cohérence qui va droit au cœur.

Sans toujours faire appel à une langue châtiée, Roxane Potvin sait mettre les mots qu’il faut pour illustrer un univers personnel où tous, finalement, reconnaissent une part de leur errance intérieure: une force qui devrait ouvrir un avenir prometteur à cette âme fébrile. Mais il faut savoir être aux aguets pour se laisser prendre par le charme, parce que, ses trois accords de guitare, accompagnés parfois d’un refrain de piano, n’attirent pas, à eux seuls, autant l’attention. La musique est harmonieuse et ses ballades passent assez rondement, mais, quand même, sur le plan musical, mademoiselle Potvin ne réinvente pas la roue.

Tout au plus, sommes-nous étonnés d’entendre une aussi jeune personne parsemer ses mélodies de sonorité plus country. Mais ses créations soul s’en nourrissent sans tomber dans le pastiche. L’auteure demeure une créatrice à part entière, qui sait avant tout trouver les bonnes notes pour appuyer ses textes. Cette capacité à rehausser le sens par le son se fait particulièrement bien sentir dans l’unique pièce francophone de son album, Ni toi non plus, dont le contenu des vers, autant que les notes, repose sur une impression de déséquilibre.

mm_roxanne-691_web

«Toi qui m’as glissé entre les doigts
pendue à un câble mal fixé
un harnais qui n’a jamais existé
je virevolte, en larmes détachées»

Il s’agit là d’un charmant premier pas hasardé dans la langue de Molière… dont il est malheureusement difficile de saisir toute la poésie lors de l’écoute. Alors que la sonorité des mots se laisse entendre sans aucune hésitation dans la langue natale, certains passages de Ni toi non plus demeurent trop étouffés pour se rendre jusqu’à l’oreille.

Bien sûr, on y parle d’amour perdu, mais on y trouve aussi beaucoup plus sur l’amitié, la quête de sens et un regard ambivalent porté sur sa propre soif de liberté. Potvin sait entraîner l’auditeur à travers les dédales clairs-obscurs d’une vulnérabilité que l’on apprend vite à aimer. Plus qu’une artiste que l’on aime écouter, la jeune Montréalaise devient donc avant tout un personnage, une accompagnatrice fidèle que l’on gagne à connaître, parce que, comme elle sait si bien le dire:

«When life feels like a vacant store front
You’ll be looking in to wave me out»

L'avis


de la rédaction

Nos recommandations :

Vos commentaires

Revenir au début